Eudoxie Lionelle GNOULA, Comédienne

Eudoxie Lionelle GNOULA, Comédienne

C’est une figure peu connue au grand écran mais très recherchée des professionnels des planches. Eudoxie Lionelle GNOULA, c’est d’elle qu’il s’agit. Son amour pour le théâtre date depuis 2000 avec la complicité de son professeur de français. Aujourd’hui, elle s’impose avec professionnalisme au rang des meilleures actrices de son temps et du Burkina. Fondatrice du centre culturel PANTAABO, notre vedette est mariée depuis le 26 novembre 2015 et est mère de Lionel KIENDREBEOGO, un nourrisson de trois mois. Voici le portrait de l’artiste.

Eudoxie GNOULA (E.G) : Je suis Gnoula Eudoxie Lionelle, je suis comédienne, directrice de la compagnie désir collectif, fondatrice du centre culturel PANTAABO. Je suis mariée et mère d’un enfant. J’ai commencé le théâtre en 2000 avec mon professeur de français qui s’appelle SOME Gaétan Félix qui faisait les nuits culturelles du lycée.
C’est “L’OS DE MORT LAME” qui a marqué mon début et qui m’a donné une certaine maturité.

Artistesbf (ArtBF) : Avez-vous eu à jouer à l’extérieur?
E.G: Avec Jean Pierre GUINGANE on a voyagé dans les festivals, les francophonies, à MANTES la jolie, au festival des rencontres à Grenoble et après j’ai créé ma propre compagnie nommée Désir Collectif à travers laquelle je crée des spectacles dont “ZITBA”, “Nak Nak” qui est un monologue avec les textes de Sidiki.
Nous avons également joué à Afrique Cologne en Allemagne, au théâtre national de Belgique avec Isabelle KOUSER et bien d’autres.

ArtBF : Qu’est-ce que la comédie vous a véritablement apporté aujourd’hui?
E.G: La comédie m’a beaucoup apporté la maturité, une autre vision du monde. Grâce à la comédie, j’ai créé aujourd’hui un centre culturel à Saaba. C’est une manière à nous de penser déjà à la transmission du savoir. Généralement, c’est à un âge bien avancé que certains pensent à la transmission. En apprenant, nous donnons et nous progressons aussi. Avec l’espérance de vie qui est si courte et quand on pense surtout que tout pourrait arriver d’un moment à l’autre, il vaut mieux commencer à transmettre maintenant.
Eudoxie dans la pièce
ArtBF : Qu’est-ce qui vous réconforte le plus dans ce métier ?
E.G: C’est la liberté d’expression, le fait que je peux écrire ce que je veux, ce que je pense et ce que je peux partager avec le monde entier. Ce qui me plaît est aussi cette possibilité de voyager partout dans le monde.

ArtBF : Qu’est-ce qui vous frustre dans ce métier?
E.G: Ce qui me frustre, c’est le fait que dans certains projets, on ne pense pas à récompenser les gens qui méritent. On passe toujours par des affinités pour donner des rôles à certaines personnes. Je croyais que la nouvelle génération (la nôtre) avait cerné ce mal et qu’elle avait commencé à privilégier le professionnalisme; malheureusement, il n’en est rien. C’est dommage et c’est même frustrant parce qu’en continuant à emprunter cette courte échelle, c’est le professionnalisme qui prendra un coup.

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ArtBF : Quelle est votre appréciation sur les castings qui se font au Burkina?
E.G: Du côté cinéma, je ne crois pas que 80% des comédiens sont recrutés par casting. Je ne crois pas que tous les comédiens que vous voyez à l’écran méritaient vraiment leur rôle. Les vrais acteurs se reconnaissent tout de suite à l’écran. Certains par contre, rien que par leur jeu dégagent de l’amateurisme ! Au théâtre, c’est le même problème; les affinités sont toujours là ! C’est la copine d’un ami, c’est le copain de mon copain, c’est la fille, la nièce ou le cousin d’un tel ou d’une telle et ça ne finit jamais. Voilà ce qui me frustre dans ce métier.

Il faudrait que nous soyons bien organisés et que l’on donne du mérite à ceux qui le méritent vraiment. Parfois, certains prix (crack tours ou autres) attribués par le ministère de la culture nous font rire. Lorsque le ministère décerne par exemple le prix du mois à un artiste, je m’interroge beaucoup parce que je me demande comment on peut décerner le prix du mois à un artiste parmi des milliers d’artistes qu’on ne voit même pas. (rires). C’est assez ridicule et je ne sais pas comment le ministère en arrive à là. eudoxie1.jpg
Les Lompolo étaient censés récompenser les aînés. Mais nous avons vu nominer des aînés et des jeunes pour recevoir des prix. J’étais nominée une année avec Odile Sankara qui joue d’ailleurs rarement au Burkina. J’étais complètement déçue parce que je me demandais comment pouvait-on me nominer avec une aînée comme Odile SANKARA. Pire, c’est à elle seule qu’on a donné le prix (rires). Et moi je devenais quoi ? Il y a un problème !
Le second problème, c’est qu’en procédant de la sorte, c’est une manière de diminuer la personne en me logeant à la même enseigne qu’une aînée. Nominer une aînée avec une plus jeune, c’est diminuer l’aînée; c’est comme lui dire que je suis son égale. Si j’avais été à la place d’Odile, je n’allais pas considérer un tel prix.

En 2014, j’ai été également nominée avec Minata Djéné alors que je n’avais même pas joué l’année en question au Burkina; j’étais en Europe. Là encore, c’est Minata DJENE qui a reçu le prix et l’enveloppe à mon détriment. Moi, je n’ai rien reçu ! Dites-moi à quoi ça sert vraiment de me nominer et me refuser le prix ? Ce qui est incompréhensible, c’est qu’on a l’impression qu’il n’y a pas de comité de suivi.

ArtBF : Au regard de ce qui précède, que proposez-vous pour améliorer le métier ?
E.G: Il faut que nous commencions d’abord à avoir notre statut. On nous demande aussi d’avoir notre numéro IFU alors que nous ne sommes pas des commerçants encore moins un statut. Parfois on nous coupe 25% du cachet pour cette raison.
Il faudrait qu’on quitte ce cadre parce que du moment où les gens ne nous aiment pas, si nous nous créons des conflits en plus, ce sera difficile de continuer et de défendre ce métier.

ArtBF : Quel message avez-vous à l’endroit de ceux qui pensent que les comédiens ne veulent pas se marier?
E.G: C’est une fausse histoire. C’est parce que les gens voient beaucoup les artistes qu’ils remarquent sinon nous menons la même vie que les enseignants, les commerçants… Si quelqu’un décide de ne pas se marier, c’est juste que la personne décide de ne pas se marier, ce n’est pas parce que c’est un artiste ou pas.

ArtBF : Que voulez-vous qu’on vous souhaite pour cette année?
E.G: Cette année, j’ai construit un centre culturel nommé “Pantaabo” (Fusion d’énergie) à Saaba. Il est associé à deux autres compagnies dont celle de Sidiki YOUGBARE Kalakala et “Graine de passion” de Ange Sabine Bambara. L’ouverture officielle a été faite le 08 novembre 2016. Je souhaite avoir beaucoup de bénédictions pour ce centre parce que c’est un rêve.
Patrick COULIDIATY

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