Léontine ZOUNDI : Comédienne

Léontine ZOUNDI : Comédienne

Nous vous proposons de découvrir cette semaine, une ancienne élève d’un couvent. Très mordue de la comédie, notre invitée avait de bonnes astuces pour jouer des scènes de théâtre. Actrice de premières heures dans la série télé de la RTB ( “Vis à vis ” d’Abdoulaye DAO), elle a fait ses premiers pas avec l’Atelier Théâtre Burkinabè (ATB) avant de décrocher des rôles dans plusieurs films et créations théâtrales. Dame aux grandes initiatives, “Terminator” (comme se plaisent à l’appeler ses anciens élèves) travaille dans plusieurs associations notamment “Talents de femmes”.


Dans cet entretien qu’elle nous a accordé, Léontine ZOUNDI puisque c’est d’elle qu’il s’agit nous fait d’étonnantes propositions pour la culture burkinabé. Mais avant, elle nous conte sa rencontre avec le théâtre.

Léontine Zoundi (L.Z.) : J’ai commencé la comédie depuis 1985; j’allais dire que c’est depuis même que j’étais au couvent où je me déguisais pour jouer certaines scènes. Après le couvent, j’ai intégré la troupe de l’ATB de Prosper KOMPAORE ; j’y suis restée pendant une dizaine d’année. De l’ATB, j’ai participé à plusieurs spots de sensibilisation au compte de l’UNICEF sur la Réhydratation par voie orale.. J’ai également exercé la carrière d’enseignante pendant 10 ans avant de m’installer aujourd’hui à mon compte en qualité de déléguée Médicale .

Art. : De professeur à déléguée médicale en passant par la comédie, pourquoi un tel nomadisme; est-ce pour une question d’argent ?
L.Z. : Non, ce n’est pas pour un problème d’argent que j’ai quitté le corps enseignant; ce sont les arts et la communication qui m’intéressaient. Pour vous dire la vérité, je voulais être journaliste bilingue (anglais- français).Comme ça, j’allais accompagner le Président dans ses missions à l’étranger et c’est ça, qui me passionnait. Malheureusement, je n’ai pas pu faire ce métier parce qu’au moment où j’arrivais à l’Université, l’Ecole de Journalisme (l’INAFEC) se fermait déjà au Burkina. Maintenant. Pourquoi suis-je passée de l’enseignement au métier de déléguée médicale, je peux dire que c’est pour des problèmes de santé. A la grossesse de ma dernière fille, j’ai eu une hypertension artérielle. C’était devenu donc incompatible avec mon métier de professeur de français. Sinon, j’aimais bien mon métier et mes anciens élèves peuvent le témoigner parce qu’il semble même qu’ils m’avaient surnommée “TERMINATOR”.

Art. : Comment vous sentez vous dans ce travail?
L.Z. : Sans aucun problème et ce que j’apprécie dans ce métier, c’est que j’ai affaire à de gens de santé très conscients. C’est très différent du monde des artistes parce que le monde de la santé porte ses épaules des vies qu’ils sauvent. Dans le monde des artistes, nous cherchons à faire rire les gens or à la santé, les médecins cherchent à donner la santé aux gens, la vie. Ainsi donc, j’ai appris à les respecter.

Art. : Léontine ZOUNDI est à la tête de plusieurs associations, est-elle finalement rentable?
L.Z. : Ça dépend de ce que vous entendez par être rentable, parce que lorsqu’on est dans des structures associatives, on a des activités qu’on mène. Aussi, les associations n’ont pas les mêmes activités et elles ne les font pas au même moment. Donc, ce n’est pas compliqué d’être dans plusieurs associations à la fois.

Art. : Mais on a l’impression que c’est une course vers les financements. Quel est votre avis?
L.Z. : Non ce n’est pas une course aux financements. Chaque association croyait apporter quelque chose au monde de la culture. Donc, quand votre collègue se lève et dit que “je veux créer mon association pour “ceci ou pour cela”, tu ne peux pas l’empêcher. A la limite, tu l’accompagnes comme tu peux. Donc, ce n’est pas une course aux financements. D’ailleurs, nous ne savons même pas où se trouvent les financements dont vous faites allusion.

Art. : Quel rôle avez-vous joué dans la série “quand les éléphants se battent”

L.Z. : J’ai joué le rôle de Madame BONOU, une dame qui s’avère être une femme riche et puissante..

leontine.jpgArt. : Il semble que le personnage que vous avez incarné faisait allusion à une certaine première dame du Burkina, est-ce vrai?
L.Z. : Ah là ! il faudrait poser la question à Abdoulaye DAO, le réalisateur du film ou à l’auteur du scénario Guy YAMEOGO pour en savoir davantage. (Rires)
La seule chose dont je me rappelle, c’est le dîner auquel les acteurs du film avaient été conviés. En effet, avec le premier prix TV vidéo remporté par ce film au FESPACO 2005, toute l’équipe avait été invitée chez la première ; mais j’avoue que je n’ai pas eu le courage d’y aller.

Art. : Pourquoi?
L.Z. : Je ne suis pas partie pour la raison que vous n’ignorez pas aussi. (rires)

Art. : Quel est l’expérience qui vous a marqué dans le cinéma?
L.Z. : Ce n’est pas exactement la question à laquelle je m’attendais parce ce n’est dans le monde du cinéma que j’ai eu des frissons. C’est plutôt dans le monde du théâtre. C’est par ce canal que nous avons choisi pour sensibiliser la population. Grâce au théâtre, j’ai beaucoup voyagé. J’ai eu la chance de faire partie de grands projets dans le théâtre. Donc, c’est dans le théâtre qu’il y a eu des situations qui m’ont beaucoup marqué. Ma dernière aventure théâtrale était au Théâtre des Amandiers. J’ai eu comme metteur en scène, Jean Louis MARTYNELLI, qui nous a fait travailler sur un vieux texte. Le spectacle que nous avons préparé s’intitulait ” MEDE” Grâce à ce spectacle, j’ai connu les îles de la Réunion. Le fait d’avoir voyagé m’a ouvert les yeux et l’esprit, car les voyages c’est une autre école. Mais je ne peux pas vous dire que le cinéma m’a apporté autant que le théâtre. Seulement, l’avantage avec le cinéma, c’est qu’en un rien de temps, tout le monde te voit, tout le monde te connait.

Art. : Est-ce que le cinéma Burkinabé souffre? De son financement, du professionnalisme de ses Comédiens et du cachet de comédien?

L.Z. : Le cinéma Burkinabé souffre de tout. Le cinéma Burkinabé, ouff !!! (soupir) Le cinéma Burkinabé fait pitié. Je vais vous dire quelque chose. Nous les Burkinabé sommes toujours forts; nous aimons le travail bien fait; le Burkinabé a un minimum d’intégrité. Le Burkinabé commence toujours bien les choses mais pour mal les finir. Au temps des tournages de nos séries, est- ce -que le Nigéria voyait en ce temps notre poussière ? Mais aujourd’hui, le Nigéria nous a dépassés. Donc, nous souffrons quand bien même on nous crie dans les oreilles que la culture fait partie des priorités de la SCADD. Mais demandez aux réalisateurs comment ils souffrent pour avoir leur financement et réaliser leurs films. Donc, qui ment à qui ? Moi je sais que les artistes en général ne cherchent qu’à travailler et à faire de bonnes choses.

Art. : Que proposez-vous pour améliorer la situation?
L.Z. : Pour améliorer ce milieu, il faut que l’autorité prenne sa part de responsabilité. Il faut qu’on Créer un marché intérieur et cultiver dans la tête de nos enfants le gout de la culture. Consommons ce que nous produisons sur le plan culturel. En Europe par exemple, les élèves organisent des sorties dans les musées et vont aux spectacles accompagnés de leurs encadreurs. Au Burkina, de la maternelle à la terminale, il existe ce qu’on appelle la cotisation des parents d’élèves; qu’est-ce qu’on fait de cette cotisation ? Généralement, c’est en fin d’année qu’on donne deux cahiers ou deux bics aux meilleurs élèves et point final. Au lieu de cela, Je suggère que nous prenions ces cotisations pour organiser des spectacles et des films dans nos salles. Puis, invitons ces établissements dans des salles de spectacle, de cinéma, ou de musique. Le temps que ces enfants grandissent, ils comprendront l’importance de la culture et à leur tour, ils vont donner du gout à leurs enfants. C’est si compliqué que ça ? Je crois qu’il faut aller à la base si on veut obtenir des choses à long terme.
Artistebf

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