Journée Internationale de la femme : lever les pesanteurs socio-culturelles…

Journée Internationale de la femme : lever les pesanteurs socio-culturelles…

Au Burkina Faso, la 159è journée internationale de la femme sera célébrée ce 8 mars 2016 sous le thème “Entrepreneuriat agricole des femmes : obstacles, défis et perspectives “.On est tenté de dire que c’est un thème qui tombe à point dans un pays où les taux d’alphabétisation et de scolarisation restent encore faibles.


Avec un taux brut de scolarisation d’environ 60,1% d’enfants et un taux d’alphabétisation de 32,5% en 2005, le Burkina Faso n’a pas jusque-là atteint le taux de scolarisation primaire universel de (100%) tant attendu en 2015. (selon une source : DEP-MEBA, aide mémoire, 8è mission conjointe)
Dans un tel contexte et au regard du thème de cette année “Entrepreneuriat agricole des femmes : obstacles, défis et perspectives “, les défis sont encore énormes à relever. Mais l’espoir est tout de même permis car le tableau de la lutte des femmes burkinabé pour l’égalité des chances sur tous les chantiers n’est pas sombre; il est même encourageant.

Quelques dates repères ayant marqué la lutte et les acquis des femmes en matière d’égalité de droit
C’est en 1983 avec l’avènement de la révolution que la femme a véritablement pris conscience de son rôle en tant “qu’être égal à l’homme”. Ceci s’est matérialisé par l’adhésion des femmes dans les comités de défense de la révolution où elles ont occupé les postes de déléguées adjointes au côté d’un délégué CDR homme. Pour une première dans l’histoire du notre pays, la femme au côté de l’homme a porté la KALASNIKOV, bénéficié au même titre que l’homme d’une formation militaire et d’un encadrement dans un métier dit réservé aux hommes comme la musique.
C’est dans la période révolutionnaire également que les femmes se sont constituées en groupement d’intérêt économique (tisseuses, vendeuses de fil de cotonnade ou de faso dan fani, teinturières et couturières)

De 1987 à nos jours, le combat des femmes s’est poursuivi à travers les différentes journées internationales de la femme mais aussi dans les différentes rencontres nationales et internationales. Ainsi, de grands sillons ont été tracés :

En 2007, le gouvernement de la 4ème République comptait 5 femmes ministres sur 34, 17 députées femmes sur 111 et au moins 3 ambassadrices sur 25. Certes, c’est un score insignifiant mais il témoigne des acquis engrangés par la lutte des femmes dont 80% d’entre elles étaient réduites au ménage.

En 2009, c’est l’année encore des femmes. En effet, sous leur pression, le quota genre a été adopté. Il s’agit entre autre de :

l’adoption en avril 2009 de la loi sur le quota des femmes aux élections municipales et législatives dans le but de promouvoir l’égalité des droits entre tous les citoyens et une réelle autonomisation des femmes ;

l’adoption de la politique nationale genre en juillet 2009 dont l’objectif est d’améliorer l’accès des femmes aux instances décisionnelles et d’accroître leur rôle dans l’enracinement de la démocratie ;

l’institutionnalisation du Forum national des femmes tous les deux ans.
Si pendant la période de la transition nous comptons 4 femmes au gouvernement Zida, celui de Tiéba en a fait mieux avec 7 femmes en son sein.
C’est conscient du rôle incontournable de la femme dans le processus de développement de tout pays que le gouvernement burkinabé a proposé le port du “dan fani” (tissu local), une décision qui vient en réponse à une des revendications des femmes et une manière également pour le gouvernement de soutenir l’activité économique des producteurs nationaux dont principalement des tisseuses du pagne “dan fani”.
A l’occasion justement de cette journée internationale, la Ministre de la femme, ministre_promofemme.jpgde la solidarité nationale et de la famille, Laure ZONGO a réitérer l’appel du gouvernement au port du faso dan fani :
“Nous invitons tous les Burkinabé à porter le faso dan fani pour accompagner l’économie burkinabé et soutenir nos braves femmes dans leur savoir-faire et qui se battent pour valoriser le dan fani qui est notre identité culturelle. “
Mais les femmes burkinabé doivent continuer le combat car, nonobstant les textes pris en faveur de l’égalité de droits, elles souffrent encore d’injustices et de discriminations dans la sphère sociale et politique. Pour que entrepreneuriat féminin soit une réalité et que cette journée de la femme ait tout son sens, le gouvernement à travers le ministère en charge de la promotion de la femme doit encore travailler à relever le niveau de l’éducation et à libérer la femme de certaines pesanteurs socioculturelles qui pèsent encore sur elle et qui font obstacle à son développement.
Patrick COULIDIATY

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