Les pagnes du 8 mars : Les Tisseuses et les revendeurs se défendent …

Les pagnes du 8 mars : Les Tisseuses et les revendeurs se défendent …

La proposition du gouvernement pour le port du pagne “dan fani” le 8 mars prochain continue d’alimenter les débats. A la suite des consommateurs, nous vous proposons cette semaine le point de vue des acteurs du textile que sont entre autres, les tisseuses et les revendeurs de pagnes. Tout en saluant la mesure, ces derniers déplorent l’absence de certains dispositifs à même de leur permettre de satisfaire les commandes.


Les Tisseuses et les revendeurs, à travers d’exemples et de cas concrets se défendent. Voici ce qu’ils disent :

massoum.jpgMme MASSOUM, tisseuse: “ce qui me fait mal …”
La proposition du gouvernement relative au port du “DAN FANI ” le 8 mars prochain est bien; j’allais même dire très bien. D’abord, la mesure va amener les burkinabé à s’intéresser sans contrainte à la production nationale. Cependant, je ne condamne pas pour autant ceux qui ont importé les pagnes de l’extérieur car ils avaient l’habitude de le faire et c’est une question aussi d’opportunité d’affaires. Mais ce qui me fait très mal, c’est que le gouvernement ne s’occupe pas assez des femmes. Il n y a pas de groupements féminins au Burkina Faso comme le font par exemple le Niger ou le Sénégal. Quand les gens disent qu’on ne peut pas couvrir le besoin des consommateurs, ce n’est pas exact. Si les autorités avaient pris la décision plus tôt, les treize régions allaient bien s’organiser et ça allait bien marcher. Aussi, pour que la mesure porte véritablement ses fruits, je propose que le gouvernement revoie le problème de fil et qu’il ouvre l’usine de textile FASO FANI de Koudougou.

Mme SOME née DABIRE Gisèle de l’Association ATK : Mon appel au some.jpggouvernement
Les gens disent que le” faso dan fani” est cher mais le problème ne se situe pas à notre niveau; c’est la matière première qui coute cher. Sinon, on prévoyait même vendre moins cher le pagne cette année. Dire aussi qu’on ne pouvait pas satisfaire la demande, je crois que c’est un faux problème; c’est une manière détournée pour faire rentrer les pagnes importés. Je lance un appel au gouvernement pour qu’ils nous aident avec les fils, car c’est le problème le plus crucial.

bonkoungou.jpgMadame BONKOUNGOU, tisseuse : “Il nous manque des fonds de roulement”
Il nous manque des fonds de roulement pour assurer les commandes de pagnes à tout le monde. On n’a pas assez de fonds pour se procurer de la matière première et gérer en même temps ceux qui nous aident à tisser. Ce que nous demandons au gouvernement pour les années à venir, c’est de mettre le fil à notre disposition et faire en sorte que le prix soit abordable.

Madame ZONGO, Commerçante : J’enregistre une perte de 100 000 frs sur mme_zongo.jpgchaque balle. Moi je pense qu’on ne doit pas exiger que tout le monde porte le Faso dan fani.
Le dan fani coute cher; c’est pourquoi il faut avoir les deux qualités (Faso dan fani et pagne importé) pour permettre à nous commerçants de nous en sortir. Si le gouvernement décide de supprimer l’importation des pagnes, c’est compliqué, car ça ne nous arrange pas. Mais, ce qui nous rend la vie difficile, c’est que le gouvernement a autorisé des personnes à importer d’autres pagnes, donc chacun donne son prix et ça ne nous arrange pas. Aujourd’hui, nous venons d’apprendre par exemple qu’il y a une troisième personne qui a été autorisée à importer encore des pagnes; ça complique tout ! Pour ce qui me concerne par exemple, j’ai pris la balle de pagnes importés à 600 000 frs cfa à raison de 6 000 frs l’unité. Je compte revendre à 6 500 frs cfa ou 6 250frs . Avec la situation actuelle, je ne peux que revendre à 5 500 avec une perte de 100 000 frs sur chaque balle. Pour les prochaines années, c’est mieux de donner le marché à une seule personne qui va faire comme on veut.

Abdoul Salam KABRE : Vendeurs d’habits : ça aide les cultivateurs de coton
bere_hamidou.jpgJe pense que c’est une bonne idée que le gouvernement ait proposé le dan fani pour le 8 mars. Avec cette mesure, si tout le monde achète ça, l’argent va rester avec nous. En plus, ça aide les cultivateurs de coton parce qu’avant, les commerçants commandaient le pagne au Niger ou en chine. En plus il ne faut pas que l’on donne le marché à une seule personne. On doit faire en sorte que dans chaque région, on désigne une femme qui va s’occuper des autres.
Si dans les villages, ceux qui cultivent même le coton ne s’en sortent pas, ce n’est pas une bonne chose.

Awa KIRA KOYA, vendeuse de pagnes : le gouvernement n’a qu’à rouvrir l’usine rokya.jpgtextile faso fani
L’initiative est bonne mais c’est encore mieux de laisser les femmes faire leur choix. Ce que je demande au gouvernement, c’est d’ouvrir notre usine Faso fani ou Faso textile. C’est ce qui peut nous arranger et arranger aussi nos sœurs. Depuis l’annonce du port du Faso dan fani pour le 8 mars, personne ne pouvait avoir le fil; c’est un problème. Le gouvernement n’a même pas subventionné le fil. Si notre usine faso fani s’ouvrait, on pourrait imprimer d’autres pagnes et faire en sorte que certaines personnes de la sous- région viennent à leur tour s’en approvisionner chez nous aussi .

Germain SEDEGO, vendeur de pagnes : Il faut réveiller l’usine faso fani
vendeur.jpgSi le gouvernement réveille l’usine de textile Faso fani, non seulement il va créer de l’emploi mais, on pourra aussi avoir des pagnes de qualité. On nous a encouragé à produire le Faso dan fani et nous nous sommes investis dedans. Aujourd’hui, on voit d’autres personnes qui font entrer des pagnes d’autres pays ; qu’allons-nous faire maintenant avec nos stocks ?

Idé MAVA, Styliste: Il faut créer une deuxième usine textile privée pour concurrencer FILSAH.
ide_mava.jpgLa proposition du gouvernement est très noble. Il faut maintenant produire la matière première pour pouvoir satisfaire les consommateurs. La présence des pagnes importés ne devraient pas constituer un obstacle parce qu’il aurait fallu que les producteurs au regard de la circonstance, casser les prix du dan fani pour créer une saine concurrence avec les pagnes importés.
Notre faiblesse au Burkina, c’est le fait de n’avoir qu’une seule usine privée de textile. Il s’agit de la Filature du Sahel (FILSAH) qui fixe les prix à sa tête et qui pourra même un jour décider de fermer ses portes quand elle le voudra. Donc, ma première proposition au gouvernement, c’est de créer une deuxième usine textile privée pour concurrencer FILSAH.
Ensuite, je suggère que le gouvernement remette l’usine faso fani sur pied et qu’il ait un regard sur le travail qui est fait. La lutte contre le chômage, la réduction de la pauvreté et la construction de l’économie passent entre autres aussi par là.
Au regard de tout ce qui se dit et se fait, il importe que le gouvernement rencontre tous les acteurs de la filière textile ( tisseuses, revendeurs, responsables de filsah, les groupements de femmes) pour prendre la bonne mesure et trouver un consensus autour de ce projet .
En attendant, la journée du 8 mars, elle, s’égraine de jour en jour, d’heure en heure et chacun se bat comme il peut non seulement pour répondre à l’appel du gouvernement mais pour montrer également au monde entier, cet autre pan de notre culture qu’est le pagne “dan fani”.
Artistebf

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