Ini Nathalie SOME, Présidente du CSC : elle s’en est bien tirée !

Ini Nathalie SOME, Présidente du CSC : elle s’en est bien tirée !

Officiellement installée le 12 septembre 2014, Ini Nathalie SOME est l’un des Présidents du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) qui a soufflé le froid et le chaud, pour avoir dirigé l’institution sous un régime constitutionnel normal et un régime de transition à forte dominante révolutionnaire. Même sans être dans le secret des dieux, sa lettre de mission sous la transition ne pouvait être la même que sous le régime de Blaise COMPAORE. Mais contre vents et marrées, DAME SOME s’en est bien tirée malgré les nouveaux défis qui s’imposaient à elle.


Son parcours bien que jeune à la tête de l’institution est cependant riche d’expériences. Stoïque et imperturbable même pendant les moments les plus durs, l’histoire retiendra qu’elle a tenu bon comme le roseau dans la fable de la fontaine, ” le chêne et le roseau “ Le vent redouble ses efforts (…) je plie et ne rompt pas”. Loin donc de rompre l’échine sous le poids de diverses pressions, elle s’est au contraire illustrée comme une parfaite organisatrice de la couverture médiatique des élections couplées présidentielle et législative. Un véritable coup de maître qui a valu au CSC des félicitations. C’était donc en Grande communicatrice bien avisée lorsqu’elle disait lors de son installation le 12 septembre 2014 : ” Nous allons travailler à consolider les acquis et chercher à nous inscrire dans la dynamique de l’innovation “ .



Le combat donc continue pour Nathalie SOME et son équipe; tout le mérite leur revient. C’est une étape repère dans la vie de cette institution qu’il convient absolument de marquer d’une pierre banche.
En attendant d’autres félicitations, la Présidente du CSC appelle de tous ses vœux l’avènement d’une presse qui se professionnalise chaque jour et qui prend conscience de sa responsabilité et de son rôle éminemment important dans la construction d’une nation forte. Lisez plutôt :
Artistebf (Art.) : Vous êtes la première Présidente à servir entre un régime constitutionnel et un régime d’exception (transition). Quelle expérience tirez-vous ?
Nathalie SOME (N.S.): Le nouveau collège a pris fonction le 12 septembre 2014 soit un mois et demi avant l’insurrection ; ce qui est insuffisant pour tirer une quelconque expérience à partager. Cependant, je peux vous dire que sous la transition, nous avons travaillé d’arrache-pied et cela a été une expérience très exaltante.



Art. : Quel bilan moral faites-vous de cette première année à la tête du CSC ?
N.S. : La première année de notre mandat a été très difficile, il faut le reconnaitre, mais exaltant à la fois parce que le CSC était lui-même dans une phase de transition. En rappel, le CSC a été constitutionalisé en 2012 et en 2013, il y a eu la loi organique qui organise son fonctionnement, sa composition, son organisation et ses attributions avec des innovations, notamment la permanence des conseillers. Cette dernière donne commandait, dans un premier temps, que l’on trouve un local pour loger les conseillers. Cela peut vous paraître étonnant mais le siège du CSC que vous voyez majestueux manque de bureau. Après l’installation des conseillers, il a fallu aussi prendre des décisions sur le plan administratif pour organiser leur permanence. Nous avons également pris d’autres textes pour organiser au quotidien le travail des conseillers.
Le deuxième acte pour nous était d’accompagner la transition. Après l’insurrection, nous avons constaté que le peuple burkinabè avait de fortes attentes légitimes qu’il tentait d’exprimer à travers les médias. Malheureusement la manière d’exprimer ces attentes dans les médias ne respectait pas souvent les règles en matière de communication et même les règles de bienséance. Il nous a paru donc nécessaire de recadrer ce discours pour qu’on ait une communication respectueuse des règles, de l’autorité et empreinte de courtoisie. Je crois que les autorités de la transition avaient réellement besoin d’un tel climat. Nous sommes allés plus loin en organisant une campagne d’éducation aux médias avec des conférences à travers les 45 provinces du Burkina, avec la diffusion de microprogrammes pour parler de médias et cohésion sociale. Notre objectif était d’expliquer aux populations ce que sont les médias et comment les utiliser. Nous pensons avoir été entendus et compris car après ces efforts, nous avons remarqué que la communication a changé de registre. Nous avons senti que les burkinabè sont devenus des citoyens qui savent ce qu’ils veulent et comment ils doivent désormais porter leurs interpellations dans les médias.



Le troisième tableau enfin, c’est l’organisation de la couverture médiatique des élections couplées présidentielle et législative. Comme je vous le disais, nous étions un collège tout nouveau sans grande expérience en la matière. Mais nous nous sommes battus comme il se devait pour permettre une bonne couverture médiatique et cela nous a valu des félicitations. Je pense que c’est ce qui a permis également d’aboutir à des élections apaisées et acceptées de tous. En tout les cas, c’était une campagne très civilisée et empreinte de courtoisie.

Art. C’était une première de voir les organisations professionnelles des médias faire un Sit-in devant le CSC. Comment avez-vous vécu ces moments de protestations contre l’une de vos décisions ?
N.S. : Je suis heureuse que vous reveniez sur cette parenthèse qui, dans une certaine mesure, a été une bonne parenthèse pour nous. Les manifestations n’ont pas du tout été négatives pour nous parce qu’elles nous ont permis de tirer des leçons. Je vous l’ai dit tantôt, nous étions tous dans un contexte de fortes interpellations qui passaient par les émissions interactives le plus souvent. Malheureusement, ce n’est pas seulement ceux qui connaissent mieux la portée des médias qui les utilisent. Cela nous a amené à faire une campagne d’éducation aux médias. Nous avions l’impression que les gens prenaient trop de libertés avec le droit alors qu’il n’y a pas de liberté absolue. La liberté n’a son sens que lorsqu’on en connaît les limites. Il fallait donc que ceux qui utilisent les médias sachent quelles en sont les limites puisqu’ils s’expriment à l’endroit des millions de burkinabè qui ont un fond culturel ou un background différent, qui reçoivent l’information et qui la décryptent avec tout ce qu’ils ont comme éducation et niveau d’instruction. Il faut savoir formuler l’information. Naturellement, avec notre décision, c’est comme si nous retirions quelque chose aux médias et aux populations et lorsque vous touchez à des libertés, soyez sûrs que les gens vont réagir. Mais plus tard, les mêmes personnes qui étaient très virulentes à notre endroit sont les mêmes qui nous ont félicités pour notre clairvoyance.



Art. : S’il vous était donné de modifier certains textes du CSC pour un meilleur fonctionnement, sur quel aspect allez-vous vous appesantir ?
N.S. : Je vois que vous revenez sur l’aspect des émissions interactives mais laissez-moi vous dire que ce que nous avons traversé est lié à un contexte et non un dysfonctionnement quelconque à corriger. C’est vrai que les burkinabè avaient de fortes attentes; ils croyaient qu’on pouvait changer les choses du jour au lendemain; on ne change pas facilement une mentalité du jour au lendemain. L’insurrection a secrété un burkinabè de type nouveau. Il y a ceux qui pensent qu’ils sont dans leur beau rôle de revendiquer sans cesse et qu’en face d’eux, ils doivent avoir des gens capables de trouver des solutions immédiates à leurs problèmes. Donc il y a d’une part des burkinabè qui sont sur le registre de la revendication et d’autre part des burkinabè qui doivent s’échiner tous les jours à trouver des solutions aux revendications. Nous pensons que ce n’est pas la bonne compréhension parce que ce pays nous appartient, nous devons le construire, vivre ensemble et poser les règles ensemble. Il n’y a pas des gens pour revendiquer et d’autres habiletés à trouver des solutions. Nous devons tous être des solutions pour le Burkina. Certains ne l’entendent pas de cette manière et c’est ce que j’ai noté comme regret durant la période de la transition.

Art. : Quels sont vos vœux pour ce nouvel an ?
N.S. : Je voudrais remercier l’ensemble des communicateurs, les médias dans leur ensemble pour le soutien qu’ils ont apportés au CSC. C’était une année difficile, il y a eu des incompréhensions mais nous sommes restés malgré tout soudés sur l’essentiel. Je félicite l’ensemble des médias pour le travail énorme abattu pendant la campagne des élections couplées présidentielle et législatives.
J’appelle de tous mes vœux l’avènement d’une presse qui se professionnalise chaque jour et qui prend conscience de sa responsabilité et de son rôle éminemment important dans la construction d’une nation forte. Je souhaite également des vœux de bonne et heureuse année, beaucoup de santé à tous les burkinabè et surtout aux journalistes car sans la santé on ne peut pas être sur les chantiers du développement, de la lutte contre la pauvreté, l’ignorance, le chômage. Je souhaite succès et prospérité à votre journal.



Art. : Et que souhaitez-vous que nous vous adressions comme vœux ?
N.S. : (Rires) Comme vous le savez, aujourd’hui on ne peut pas se développer sans les médias, je souhaite véritablement qu’on comprenne la place et le rôle de la communication, la place et le rôle des médias dans l’édification d’une société véritablement démocratique. Démocratique au sens où il y a une diversité d’opinions et de courants de pensée. Démocratique au sens où nous sommes tous différents et que nous devons conjuguer nos différences; car ce sont nos différences dit-on, qui édifient. Alors vous savez maintenant quels vœux me souhaiter.
Art. : Puisse Dieu qui connait mieux que nous vos vœux les plus chers, les exhausser et vous accompagner dans leur réalisation.
N.S. : Amen !
Artistesbf

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