Depuis le début du mois de mars, les vagues de chaleur s’intensifient, frappant durement les populations, mais plus particulièrement les travailleurs manuels exposés au soleil. Pourtant, les fidèles musulmans et catholiques sont en carême. Alors comment réussir son carême et ses obligations professionnelles en ce temps de canicule ? Quelques citoyens que nous avons approchés nous répondent.
Il était 10 heures 30mn lorsque nous arrivions dans un chantier en construction. Le soleil tapait déjà de plein fouet et la chaleur étouffante semblait peser sur les ouvriers qui étaient en plein travail. Malgré la courtoisie dont nous avons fait montre, la frustration se lisait sur certains visages. Que dire entre la chaleur, la faim et la soif ? “ on n’a rien à vous dire. Vous même vous savez que ça na va pas”, nous a lancé l’un d’eux. “ si tu veux savoir, vient expérimenter une journée”, a répliqué un autre. Après ces propos et le silence des autres, nous nous sommes retirés pour une autre destination. Là, maintenant, nous sommes à l’intérieur de la gare de l’Est. Au, côté gauche des tricycles ou encore des motos à trois roues sont garés sous le soleil plombant et des gens les chargeaient de cartons et ou de sacs. Approchés, ils nous dirigent vers le chef chargeur du nom de Abdou. Monsieur Abdou nous a accueilli avec une rage qui ne dit pas son nom. “ vous êtes venu nous provoquer n’est-ce pas ? Repartez avec votre politique là” a-t-il lancé, les yeux exorbités. Le chemin se poursuit. Nous sommes maintenant au quartier Wemtenga, dans l’un des chantiers. On est bien accueilli par le chef qui nous donne la permission de causer avec ses travailleurs s’ils le veulent. Monsieur Joseph OUÉDRAOGO est un maçon. Pour lui, bien qu’il fasse très chaud actuellement il ne manque pas son jeûne.

“ c’est chaud mais on est obligé de tenir. C’est notre travail même qui demande ça. Il y a des heures qu’on arrête se reposer un peu avant de poursuivre, mais on ne peut pas dire qu’il fait chaud et rompre avant l’heure, on supporte jusqu’au soir”, a-t-il indiqué. A sa suite c’est monsieur Madi YOUMA qui s’est prêté a nous.

“ je suis ferrailleur. Pour notre travail il y a des moments on travaille sous l’ombre, il y a des fois on est obligé de monter si c’est pour la toiture par exemple. Avec le jeûne mais aussi le soleil on planifie le matin nous montons faire ce doit être fait au soleil. A midi on se repose et le soir on reprend. Avec ce planning, ça ne nous dérange pas trop. On rompt à la même heure que les autres. On ne peut pas laisser le travail à cause du jeûne, on ne peut pas laisser le jeûne non plus pour le travail”, nous a t-il confié.
Lucienne Kaboré
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