La célébration de la journée du 8 mars, journée internationale pour la promotion des droits de la femme se tient cette année autour du thème « Inclusion financière par le numérique pour un développement économique de la femme : défis et perspectives ». Quelle sens donner à cette journée qui de plus en plus prend des allures festives ? Monique Yéli KAM cheffe d’entreprise, Audray KORSAGA et Madame Marie BAZIE nous entretiennent sur l’importance de la journée.
Monique Yéli KAM : Cheffe d’entreprise
« Ces fêtes et ces réjouissances populaires observées pendant le 8 Mars font parties de nos habitudes culturelles ».
Monique Yéli KAM : Quel que soit l’évènement qu’il soit heureux ou douloureux, il faut savoir qu’il y a les habitudes culturelles qui interviennent. Et c’est ce qui se passe au Burkina. En Afrique et particulièrement au Burkina Faso, que ce soit à l’occasion d’un deuil ou d’un évènement heureux, on danse, on mange ! C’est pour cela que le 8 mars comme vous l’avez dit vous observez par ci et par là, des fêtes, des réjouissances populaires. Cela fait partie de nos habitudes culturelles.
En dehors de ça, les femmes du Burkina savent que la journée du 8 mars est une journée de réflexion. La journée du 8 mars nous permet de commémorer les acquis des femmes dans le monde, la lutte des femmes qui a permis aux femmes d’obtenir des avancées sur leur situation. Sinon le 8 mars, nos gouvernants à travers le ministère en charge de la femme organisent des ateliers et des journées de réflexion. Et toutes les femmes y participent. Dans les quartiers, les femmes s’asseyent et réfléchissent sur leurs conditions, elles font une évaluation et capitalisent les acquis. Elles dressent ensuite un bilan des actions menées et font un plan d’action pour les années à venir. Je précise qu’avant de faire la fête, ce sont d’abord les réflexions
Mon dernier mot est de dire que nous marquons un point d’honneur sur toutes les réflexions qui sont menées à l’occasion du 8 mars afin que toutes les femmes saisissent l’occasion pour réaliser des actions en faveur de l’amélioration des conditions de la femme, des familles, des enfants et des jeunes.
Audray KORSAGA : Artiste Musicienne
Le thème du 8 mars au Burkina est « l’inclusion financière par le numérique pour un développement économique de la femme », cela est-il réellement possible au Burkina ?
Audrey KORSAGA : Par rapport au thème, « Inclusion financière par le numérique pour un développement économique de la femme : défis et perspectives », je pense que c’est possible. A titre d’exemple, moi je vois beaucoup de jeunes bloggeuses sur la toile, féministes ou pas, qui font du très bon travail. Je vois également beaucoup de jeunes femmes qui font du commerce en ligne que ce soit de la nourriture ou des articles qu’elles vendent. Je pense que les femmes ont maintenant cette fibre de faire des petits commerces en ligne mais qui rapportent. Je pense donc que c’est tout à fait possible. Et les choses évoluent avec le temps. A la longue, tout le monde aura accès à la fibre.
Mon message à l’endroit des femmes, c’est de continuer le combat. Il ne s’agit pas d’un combat mené contre les hommes, mais un combat pour les femmes pour s’affirmer. On ne doit pas passer tout notre temps à se victimiser. Quoi qu’on dise, on est quand même toujours dans une société patriarcale. Nous suivons toujours les traces des traditions. Nous voulons faire les choses comme dans le passé. Mais tout n’est pas dans la victimisation parce que ces choses ont été instituées pour certaines personnes. Même si on se rend compte que cela ne nous arrange pas, on se bat pour les changer mais pas forcement tenir tête. L’homme et la femme sont complémentaires et c’est sur ce aspect complémentarité que je voulais insister.
J’invite aussi les femmes à se connaitre soi même, c’est important. Parce que, on veut toujours se ranger dans certaines cases. Etre la bonne femme, être celle qui sait bien cuisiner etc. Tout ça c’est important mais il n’y a pas que ça. Il n’y a pas que mettre des enfants au monde ect. Il est important de savoir qu’est ce que tu veux, qu’est ce qui te motive dans la vie et faire les choses en fonction. De toutes les façons, dans toutes choses, il y a des sacrifices à consentir. Celle qui se trouve dans le foyer Donc c’est de savoir simplement où aller et d’arrêter de vivre sa vie en fonction des autres.
Cependant, il y a encore des défis à relever, des pratiques discriminatoires dont sont victimes les femmes burkinabè. Je veux parler de l’excision, le lévirat malgré les textes qui les interdisent. Enfin, le droit d’accès à la terre qui n’est toujours pas reconnu à la femme Pendant que les textes permettent à la femme d’avoir accès à la terre au même titre que l’homme, sur le terrain, c’est autre chose.
Madame Marie Bazié/ Bazié
Madame BAZIE : C’est vrai que le 8 mars, c’est la femme qui est mise à l’honneur, mais il y a beaucoup de choses qui tournent au tour du thème. Par exemple, qu’est ce qu’on peut faire pour les femmes, quels sont les solutions qu’on peut trouver pour améliorer les conditions de la femme….
Je pense avec l’instauration de cette journée qu’il y a une amélioration des conditions de la femme. Pour ce qui me concerne, je fais du commerce et je m’en sors. J’essaye de me battre comme je peux. J’emploie deux à trois personnes. Mon commerce contribue donc à l’épanouissement d’autres femmes. Avant, la femme était à la maison et c’est le monsieur qui faisait tout. Aujourd’hui, la vie est dure et il faut qu’on se mette ensemble pour bâtir.
Pendant la journée du 8 mars, des colloques sont organisés et au cours de ces colloques, les femmes se donnent des idées ou des conseils tels que se battre pour ton épanouissement personnel.
Malheureusement, certaines femmes n’ont pas encore compris la journée du 8 mars. Elles sortent, partent au maquis parce que c’est la journée internationale de la femme. En fait, je les comprends parce que certaines d’entre elles n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. La journée de la femme (le 8 mars) c’est peut-être le seul jour que leur mari les permet d’aller s’amuser. Elles achètent et se cousent les pagnes, partent au maquis pour danser et revenir … Elles s’épanouissent à travers ça. C’est aussi leur manière de voir les choses
Patrick COULIDIATI
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