Marguerite DOUANIO :  "On note maintenant plus de liberté de ton"

Marguerite DOUANIO :  "On note maintenant plus de liberté de ton"

Marguérite DOUANIO est journaliste de Formation. Mais depuis 2015, elle est aussi initiatrice du  » Dan Fani Fashion Week », un évènement culturel qui met à l’honneur la femme à travers le tissu tissé africain. A l’occasion de la célébration de la journée internationale pour la promotion des droits de la femme, nous avons rencontré la promotrice qui rêve d’un « Burkina Women Force One » (BWF-1). Mais avant, elle nous parle de son évènement qui est depuis quatre années en stand by. Qu’est qui ne tourne pas rond ? voici ses explications !

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Marguérite DOUANIO : Nous avons fait un break involontaire dû aux circonstances du moment. Depuis 2019 (puisque le Dan Fani Fasion Week, c’est tous les deux ans), on a été confronté à quelques petites difficultés d’ordre pécunier. La deuxième raison tient à la situation sécuritaire du pays. Comme vous le savez, le dan FANI FASHION WEEK se déroule d’ordinaire sur des endroits assez insolites. Et pendant donc que nous réfléchissions à trouver un meilleur cadre pour tenir l’évènement, nous nous sommes de nouveau obligés de revoir la date à cause du coronavirus. Mais nous pensons pouvoir s’il plait à Dieu tenir l’évènement en 2021.

ArtistesBF : Voulez- vous dire que la question financière est désormais maîtrisée ?

 

Marguérite DOUANIO (M.D) : Aujourd’hui, il y a un engouement certain autour du FASO DAN FANI. Tout le monde est pratiquement acquis pour la cause du textile artisanal, du pagne tissé burkinabè. Etant donné que le dan FANI FASHION WEEK est ouvert à tous les promoteurs et promotrices du textile artisanal de la sous-région, nous ne doutons pas de la tenue effective de l’évènement. Personne n’est insensible au « Consommons local » ! Nous sommes dans l’ère du temps et nous espérons que de bonnes volontés seront sensibles à notre démarche et qu’ils voudront bien nous accompagner. Je rappelle que le Dan Fani Fashion Week offre à ses partenaires et à ses sponsors des tribunes et des vitrines de promotion. Pour la question de la pandémie, tous les spécialistes et les voix s’élèvent aujourd’hui pour dire qu’il faut vivre avec la pandémie. Donc, on fera avec ; en observant toutes les consignes sanitaires.

Parlons de la Journée de la femme prévue pour le 8 mars, qu’est-ce qu’il y a dedans ?

Monique Yeli KAM, femme entrepreneure, Cheffe d’entreprise
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M.D : Mais je ne sais pas trop ce qu’il y a dedans ! (Sourire). A ce que je sache, c’est une journée assez importante. Elle devrait être une journée de réflexion. Mais certaines femmes mettent à contribution cette journée pour prendre de nouveaux engagements pour la promotion des droits de la femme parce que la femme est toujours lésée dans plusieurs domaines. C’est une journée de réflexion. Mais il y en a qui mettent à profit cette journée pour se divertir ou pour se célébrer elles-mêmes à travers plusieurs activités. En réalité, il faut se garder de critiquer ou d’en vouloir à celles qui font la fête à cette journée là. Beaucoup d’entre elles en ont réellement besoin …. Mais je ne dis pas de prendre les maquis en otage et  même si c’était le cas,  il y a bien des raisons qui font qu’elles prennent les maquis en otage. Mais je ne leur jette pas la pierre. A chacun son combat !

Depuis des années, cette journée est célébrée au Burkina. Avez-vous l’impression que la femme engrange des acquis ou des avancées significatives ?

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M.D : Des avancées, oui ! Au Burkina, nous avons un ministère plein dédié à la promotion de la femme. C’est un exemple édifiant et C’est important à mon avis ! Certes que toutes les actions ne sont pas suffisamment perceptibles, mais les lignes bougent quad même … On note maintenant plus de liberté de ton. La femme a le choix aujourd’hui parce qu’on lui tend la main dans plusieurs domaines. Il y a des moments où les femmes n’attendent plus qu’on leur dise de faire, elles occupent d’elles-mêmes le terrain,  elles osent …

Si les femmes sont suffisamment libérées comme vous le dites, elles ne sont pas pour autant solidaires. Sinon, comment expliquez-vous que lors des élections présidentielles dernières, que la candidate Yéli Monique Kam pendant qu’elle se battait pour la cause de la femme n’a pas été à la hauteur de ses attentes ?

M.D : Le fait pour elle d’avoir osé, de se jeter comme ça dans l’arène politique est à saluer. Le discours prendra avec le temps. C’est vrai que cette année, elle a franchi le cap et elle a récolté ce qu’elle a récolté ! Mais son discours a quand même touché les gens. C’est vrai que les femmes devraient se mobiliser pour notre sœur Yéli KAM. Mais autant les hommes ne s’attendaient pas à ça autant les femmes ne s’attendaient pas non plus à cela. Peut-être que les hommes ne sont pas prêts à voter pour une femme présidente autant les femmes ne sont pas peut-être aussi prêtes à avoir une femme comme présidente. Pour quelle raison ? Je ne sais pas trop !

Croyez-vous qu’un jour les femmes pourront former une coalition de femmes de type « Burkina Women Force One »  (BWF-1) pour changer la donne dans la représentativité féminine aux instances de décisions ?

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M.D : Pourquoi pas ? Oui je rêve d’avoir une femme Premier ministre ou une femme ministre de la défense. (rires). Ça peut venir ! j’en suis convaincue. Vous savez, ça fait peur aux hommes ! (rires). Mais ça va venir !

Que comptez-vous faire pendant cette journée du 8 mars ?

M.D :Je vais travailler. J’ai toujours travaillé chaque 8 mars parce que nous sommes dans un domaine où nous travaillons pour faire voir le 8 mars aux téléspectateurs. Je serai le 8 mars au bureau du matin au soir. Je présenterai d’ailleurs le journal de 20h le 8 mars.

Merci à toutes les femmes du Burkina et du monde entier. Nous sommes l’autre moitié du ciel. Le monde ne peut pas se passer de nous et les femmes non plus ne peuvent se passer des hommes. C’est ensemble que nous allons construire le monde. Blagues à part, il faut que nous, femmes soyons solidaires, ça manque beaucoup. Et le fait de ne pas se soutenir, ça donne encore des arguments aux hommes pour ne pas nous faire confiance !

Patrick COULIDIATI

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