Le Cygne s’est tu une fois pour toute …

Le Cygne s’est tu une fois pour toute …

Le Cygne, c’est ce grand oiseau blanc qui, pour ceux qui le connaissent, est un animal généralement calme. Et voilà qu’un jour, il se mit subitement à crier fort, si fort au point que toute la communauté s’est demandée ce qui pouvait bien se passer. Mais la réponse ne tardera pas à venir puisqu’après ces cris stridents, notre Cygne s’éteignit en même temps. Il s’est tu à jamais ; il s’est tu une fois pour toute. L’animal est mort !. Que ceux qui savent lire entre les lignes comprennent ….


Au-delà de cette histoire racontée par un prêtre pendant sa prêche, la tentative du coup d’Etat du 16 septembre a été le coup d’Etat le plus idiot que l’histoire politique des peuples ait connu avec ses conséquences incalculables sur le train de vie de la nation burkinabé et sur bien de domaines:
Au plan économique, les pertes sont énormes
Ainsi, après les dégâts matériels occasionnés par des incendies de domiciles, de Le Général DIENDERE, l'auteur du PUTCH manquémotos, des lieux de travail et de certains commerces, la tentative du coup de force a mis à genou l’économie du pays (Environ 50 milliards de francs CFA perdus).
Sur le plan politique, le Burkina qui avançait inexorablement vers des élections libres et qui était juste à quelques jours du démarrage de la campagne politique aura encore à récupérer des jours afin de remettre son système politique sur les rails.
Sur le plan social, les auteurs du coup d’Etat n’ont pas évité le “bain de sang inutile” pour reprendre les propres termes du Général DIENDIERE, des propos qui lui revenaient en refrain pour exprimer son regret au PUTCH. En effet, 14 personnes ont payé de leur vie pendant ces sept jours d’otage dont le Burkina fut l’objet. 14 morts et 114 blessés, c’est bien un tableau triste et sombre qui marquera longtemps les esprits et la psychologie des populations.
La culture profondément ébranlée
Enfin, bien que l’impact ne soit pas direct, c’est la culture burkinabé qui a été aussi secouée. Cette culture qui devrait être le socle de l’unité, de nos repères et le garant de nos valeurs a été hélas, profondément ébranlée malgré l’implication de Sa Majesté le MOGHO NAABA, le chef suprême des Mossé.
La culture a été touchée du fait aussi de certaines infrastructures culturelles saccagées et brûlées. C’est le cas du studio de l’artiste musicien SMOCKEY. Tout ou presque est parti en flammes. Pourtant, c’est l’un des studios qui aidait beaucoup de jeunes artistes ou compositeurs en quête de production et qui n’avaient pas véritablement les moyens de se produire. Cet acte vient sans doute d’administrer incontestablement un coup dur à la production musicale contraignant du coup des employés au chômage.
Aussi, les barbaries du 16 septembre 2015 ont montré ni plus ni moins à tel point la vie humaine est rendue banale. Il y a des actes et des faits dans les cultures africaines qui sont frappés d’interdictions. Ils ne doivent ni être prononcés à la légère ni être commis ; le mot “tuer” par exemple. L’enfant qui n’a autre mot dans la bouche que “je vais te tuer” subit la colère de ses parents tellement ce mot (tuer) est affreux.
Malheureusement et pratiquement depuis 2011, les enfants assistent à des scènes horribles. Ces scènes, ils les voyaient certes à la télé mais jamais, ils ne les avaient vécu de si près. Dans un quartier de WEMTENGA par exemple (proche du scolasticat), un jeune de 18 ans a été tué par trois balles du RSP. Ce jeune courait comme tout le monde pour sa survie. C’est devant sa porte que le jeune homme a été froidement abattu par ses assaillants. Les auteurs du meurtre sont restés quelques secondes à observer leur victime agoniser avant de s’enfuir, nous racontent des témoins du drame. Il y a quelques jours, nous sommes retournés dans la famille et nous y avons trouvé le grand frère de la victime traumatisé par ce qu’il a vu. D’ailleurs, devant nous, il n’avait cessé de répéter à sa mère, elle-même inconsolable ” Maman, c’est toi qui pries toujours… tu pries… tu pries chaque jour et voici maintenant… Dieu ne t’a pas sauvé ”

[Après les ennemis du peuple, nous devons continuer de nous battre et à donner le bon exemple autour de nous.
En effet, il faut à présent qu’on s’interroge sur ce que nous voulons pour le Burkina ; ce pays qui se prépare pour les élections libres dans les prochaines semaines. Après les insurrections des 30 et 31 suivies de celles du 16 septembre 2015, nous nous interrogeons toujours sur l’avenir du Burkina post-électoral. Est-ce pour une quinte de toux, un raclement de gorge ou pour un éternuement, nous devons continuer de régler nos différents dans les rues ?. Il faut bien qu’on s’interroge sérieusement !
Sans céder au laisser-aller dans la gestion du pays, nous pensons que les OSC et les autres organisations de la société civile, doivent être et demeurer des structures de veille qui agissent toujours avec discernement pour l’enracinement de notre démocratie. Donnons enfin le bon exemple autour de nous en privilégiant le dialogue constructif et en faisant de nous, des bâtisseurs et des artisans de paix.
A l’instar donc des cris de ce cygne qui annonçaient sa fin, nous osons croire aussi (c’est notre souhait) que les crépitements des canons qui ont coûté la vie à nos frères soient les derniers que le peuple burkinabé ait entendus. Tout comme ce Cygne, nous espérons que les crépitements des KALASH du 16 septembre 2015 aient été les derniers coups de feu dirigés contre notre peuple et pourquoi pas, les signes annonciateurs de la fin d’un régime politique pourri.
Patrick COULIDIATY
Voici ce qui reste du studio ABAZON

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