Les parcelles non-loties, des bombes à retardement

Aujourd’hui les non-lotis sont perçus comme des attractions au vu des personnes qui par manque de moyens préfèrent acheter ces parcelles et espérer un lotissement. Quelle est la motivation que les gens ont à prendre des parcelles non loties ?

Avec Issaka KAFANDO  agent de santé résidant depuis plus de 22 ans dans une parcelles non-lotie à Saaba nous fait découvrir certaines réalités.

Mr KAFANDO : Tout d’abord il est difficile d’obtenir un prêt pour payer un terrain. En plus du prêt, si tu n’as pas le capital nécessaire pour construire, ça devient compliqué. Alors, qu’avec un non-loti, tu peux faire des économies et plus tard payer un terrain loti. Il est préférable personnellement de payer un non-loti que de rentrer en location; car c’est un cycle vicieux et pour faire des économies, ça risquerait de se compliquer. Débuter avec une parcelle non-lotie te permet de bien t’organiser pour avoir une vie meilleure.

Artbf : Combien peut coûter un non-loti ?

Mr KAFANDO : En 1997 lorsque personnellement j’étais là, les non loties ne se vendaient pas en tant que tels. Plusieurs familles offraient gratuitement des portions de parcelles. La mienne, on me l’a donnée au prix de 50.000f.

Si tu as la chance, tu pouvais rendre un service à un père de famille et en signe de gratitude ce dernier pouvait t’offrir un terrain. Voici comment les choses se passaient. Mais aujourd’hui je peux vous dire que les choses changent. Certains non-lotis coûtent aussi chers qu’une parcelle lotie. Raison pour laquelle je conseille aux jeunes de payer leur non-loti pendant que c’est toujours moins cher.

Artbf : Quelles sont les conditions pour avoir un terrain non loti ?

Mr KAFANDO : Il n’y a aucune condition, il suffit juste de rencontrer une personne, une famille et tu demandes. S’ils acceptent, ils te diront les conditions et le tour est joué. Donc il n’y a aucune condition. Tout dépend juste de la famille qui veut vendre son terrain.

Artbf : Quelle est la vie dans un non-loti ?

Mr KAFANDO : Très sincèrement, la vie dans un non-loti est moins compliquée que dans un loti. Premièrement il y a la solidarité parce que nous vivons comme dans une famille. Un jour alors que j’étais sorti,  ma maison a pris feu. Avant que je ne vienne, j’ai trouvé que les voisins avaient éteint le feu. Nous vivons main dans la main. Ceux qui vivent sur ces parcelles valorisent les énergies renouvelables telles que l’énergie solaire.

Artbf : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Nous rencontrons des difficultés autant que ceux qui sont dans des terrains lotis. Chez nous (ceux qui vivent dans les non-lotis), il manque d’espace pour faire place à la circulation, ce qui fait qu’une ambulance ne peut pas entrer en cas de problème et les voitures ont du mal à circuler. Nous avons également des difficultés pour faire circuler les eaux de ruissellement.

Artbf : Ce qui revient  à dire que vivre dans un non loti ,c’est vivre dans la peur ?

Mr KAFANDO : Personnellement je dis que nous sommes sur une bombe à retardement. Le jour où les autorités viendront lotir et que plusieurs personnes n’auront pas de terrain, il y aura une très grande révolte. Imaginez un instant qu’un ancien d’ici alors qu’il a lui-même donné des terrains à plusieurs personnes se retrouve bredouille après un lotissement ? Raison pour laquelle nous ne voulons plus qu’ils viennent lotir.

Artbf : Votre mot de fin.

Mr KAFANDO : Merci beaucoup à Artiste.BF pour l’opportunité de pouvoir m’exprimer. J’encourage tous ceux qui n’ont pas assez de moyens et qui hésitent encore à payer leur terrain non-lotis. Si tu as la chance les autorités pourraient lotir et là, tu serais gagnant. Mais si le lotissement tarde, tu aurais économisé énormément pour payer un terrain loti.

 Dallas SAWADOGO

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