Ramadan : Les principes du jeûne musulman

Ramadan : Les principes du jeûne musulman

Le mois de Ramadan est d’une grande importance dans la religion musulmane. Sa particularité est qu’il représente un mois de jeûne que le fidèle doit saisir pour évoluer. Lassané SAKANDE, Imam au Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) et à l’AEEMB, et chimiste de profession, nous livre les principes de ce jeûne.

Artistes.BF (Art.BF) : Comment se fait le jeûne musulman et quels en sont les principes ?

Imam : Le jeûne consiste à s’abstenir de manger, de boire, d’avoir des relation sexuelles avec sa femme à partir de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Ça c’est le caractère physique du jeûne. Au-delà de cela, le musulman doit faire en sorte que tous ses sens jeûnent. En Islam, il y a plusieurs degrés de jeûne. Un des Imams, Mohammad Al Gazhali, a identifié trois catégories de jeûne.

Ce qu’il faut comprendre pendant cette période de Jeûne.

Il y a le jeûne du commun des mortels. Il consiste à s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles. Dans ce cas de figure, un jour de jeûne est égal à un jour sans jeûne en matière de comportement. Ceux qui font ainsi n’ont de leur jeûne que la soif et la faim qu’ils ont enduré. Autrement, ils n’ont pas de récompense. Quand on jeûne et qu’on injurie les gens ou qu’on les diffame, qu’on se comporte mal, cela impacte négativement le jeûne.

Il y a ensuite le jeûne de l’Elite. Ici, en plus s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles, les sens et les membres jeûnent. On fait attention à ce qu’on regarde, à ce qui sort de notre bouche, à ce qu’on écoute, à où on met les pieds : on contrôle tout. Ceux qui font cela sont vraiment dans le jeûne.

Au-delà de cela, il y a ceux qui contrôlent leur esprit, leurs pensées ne sont tournées que vers Dieu et le bien. Ils ne pensent pas à des scènes obscènes et à des futilités, leur esprit, leurs sens et leur corps jeûnent. Et c’est ce vers quoi chaque musulman doit travailler à aller. C’est pourquoi on dit que Ramadan est une école. Au sortir de ce temps, on doit sentir un changement dans nos comportements parce que c’est le but recherché. Si des années de jeûne ne portent pas ces fruits, cela veut dire que la manière de jeûner est à revoir.

Art.BF : On remarque aussi que les dattes sont un fruit assez présent au moment du Ramadan. Quel est son importance ?

Imam : Effectivement, les dattes sont une recommandation du prophète Mohamed, qui dit de rompre le jeûne avec la datte, s’il y en a. on préconise que ce soit le premier aliment qu’on consomme à la rupture, en nombre impaire : soit 1 datte, soit 3, soit 5, et ainsi de suite. Mais s’il n’y a pas de dattes, on peut rompre avec de l’eau, de la bouillie ou un fruit, ou tout autre aliment à notre disposition.

Les dattes étaient l’un des principaux aliments des arabes. C’était comme le riz que nous consommons. On pouvait consommer les dattes au déjeuné ou au diner. C’était une habitude. Mais au-delà de cela, la datte a beaucoup d’éléments nutritionnels tels que le glucose, les fibres, les vitamines ; qui renforcent les cellules. Le soir, lorsqu’on est affamé, les cellules sont fatiguées et l’organisme devient faible. Alors, on a besoin d’énergie et les dattes vont contribuer à apporter cette énergie à l’organisme afin qu’il puise absorber les autres aliments.

Les dattes sont un fruit riche en nutriments, pratiques pour reprendre des forces au bout d’une journée de jeûne.

Art.BF : Que dites-vous de l’excès de table après la rupture du jeûne ?

Imam : en Islam, on nous conseille d’être sobre en matière d’alimentation,  d’éviter la surconsommation. Voilà pourquoi un des Hadis du prophète dit que lorsqu’on veut manger, on divise le ventre en trois parties : une partie pour la nourriture, une partie pour l’eau et une partie pour l’air pour pouvoir respirer sans difficulté. Dieu lui-même dit dans le Coran : « Mangez et buvez, mais ne commettez pas d’excès » « traduction arabe)). L’excès en alimentation est interdit en Islam, que ce soit pendant ou hors Ramadan.

Pendant Ramadan, on remarque effectivement que non seulement on mange beaucoup à la rupture, mais on mélange tout, même des aliments qui sont incompatibles : le frais et le chaud par exemple. C’est une mauvaise habitude que les gens ont adopté où au moment de la rupture ils sont gourmands. Ils achètent beaucoup de choses qu’ils ne peuvent pas finir de manger ; au final, ils ne consomment même pas la moitié et le reste c’est du gaspillage alors que le gaspillage est interdit en Islam. Ça crée par ailleurs des problèmes de santé, alors que lorsqu’on jeûne, normalement on doit améliorer notre état de santé.

Lorsqu’on jeûne, on doit prioriser le partage au lieu d’emmagasiner pour soi-même. Ce qu’on mangeait à midi, on doit l’offrir. Le constat est qu’on dépense plus pendant la Ramadan, alors que ça devrait être le contraire. Cela fait qu’à l’approche du Ramadan, la préparation est plus matérielle. Chacun cherche à acheter des provisions pour bourrer son frigo ou son magasin, et on en oublie la préparation psychologique. On mange tellement que la prière devient difficile. C’est une occasion d’interpeller les musulmans pour qu’ils revoient ces comportements qui dénaturent l’esprit du jeûne.

Art.BF : Auriez-vous un message pour les musulmans qui liront cet article ?

Imam : Je leur dirai de grouiller pour qu’au sortir de ce Ramadan, il y ait une amélioration de leur relation avec le créateur, mais aussi avec leurs semblables. Parce que l’Islam, c’est une relation verticale entre Dieu et son serviteur, mais aussi une relation horizontale entre nous humains. Parce que nous atteignons Dieu à travers ses serviteurs, ses créatures. Dieu ne mange ni ne boit, mais quand on donne à manger ou à boire à une de ses créatures, c’est à lui qu’on le fait. Donc au sortir du Ramadan, chacun doit constater une amélioration. Et aussi, les bonnes habitudes qu’on a apprises durant le mois de Ramadan, on doit travailler à les pérenniser après Ramadan ; sans oublier que nous sommes dans un contexte particulier marqué par la crise sécuritaire et toutes ses conséquences que nous connaissons. C’est le moment de prier pour notre pays car sans paix, on ne peut pas parler de développement, on ne peut pas parler de jeûne. Parce qu’en effet, il y a des zones aujourd’hui où les gens ne peuvent même pas se réunir pour prier comme nous le faisons. Il y en a qui n’arrive pas à jeûner parce qu’ils ne disposent pas du minimum pour pourvoir  manger, comme s’ils étaient tout le temps dans le jeûne. Il faut donc prier aussi pour ces derniers, et être sobre dans nos dépenses en pensant à ceux qui sont dans le besoin et leur venir en aide.

W. Kevine Elodie ZABA.

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