Tondé Roger : Artiste Musicien

Tondé Roger : Artiste Musicien

Qu’est-ce que la beauté ? Quand dit-on qu’un homme est beau ou qu’une femme est belle ? Cette question a toujours divisé les opinions et continue de la diviser parce qu’il n’est pas aussi facile de répondre aisément à la question. Chacun y va de sa théorie et de son commentaire ! Le dramaturge et critique littéraire français Etienne Rey disait : « La vraie beauté n’est pas celle qu’on a du plaisir à contempler, mais celle devant laquelle on doit fermer les yeux. » Tondé Roger, un grand artiste musicien burkinabé donne également sa vision sur la question. Pour lui, ” la beauté, c’est l’esprit; la vraie beauté, c’est le cœur”. C’est ce qu’il nous dit à travers une des chansons qu’il a intitulée ” LA BEAUTE”. D’ailleurs, ce n’est pas le seul titre dans lequel il interpelle les uns et les autres à la solidarité et à l’esprit de discernement. Des chansons telles “Robert” “Elle a tout perdu dans l’amour du samedi soir” sont autant de titres dont les thèmes ont longtemps marqué les burkinabé dans les années 74. Tondé Roger, cette célébrité musicale que nous recevons cette semaine se porte mal. Admis à la retraite depuis 2009, il a été victime d’un accident grave qui l’a plongé dans un mois de coma. Artistebf lui a rendu visite à son domicile. Il est actuellement hors de danger et suit des séances de rééducation. Qui est donc Tondé Roger ? Voici son portrait


T.D: Je m’appelle Tondé Roger .J’ai une Formation de base d’Infirmier Diplômé d’Etat (IDE) puis, une formation universitaire en gestion de projet- Formation. Je suis donc apte à l’enseignement. J’enseignais déjà à l’Ecole Nationale de la Santé et même dans certains établissements privés dont la vocation est de former des agents de santé. C’est dans le cadre de cette formation que j’ai été appelé à gérer un projet. Avant d’aller à la retraite j’ai travaillé 18 mois dans les projets. Je suis marié, père de 4 enfants dont 2 filles et 2 garçons

Art: Mr Tondé, nous avons appris que vous êtes en état d’incapacité de travail. Qu’est-ce qui s’est passé ?

T.D: J’étais Coordonnateur d’un programme de nutrition basé à Fada pour le compte de HELEN KELLER Internationale (H.K.I ) depuis juin 2011. Nous travaillons de 8h à 16h avec une pause de 30 mn. J’ai pris ma pause de 30 mn vers 14 h pour chercher à manger. Habituellement, je traverse Charles DE GAULLE parce qu’il y a une restauratrice de l’autre côté de la voie qui prépare bien le “GOONRE ; un met dont je raffole. C’est pendant que je voulais traverser … Et puis … Je ne sais plus ce qui s’est vraiment passé. La suite m’a été racontée à mon réveil à la maison soit 30 jours plus tard. Aux dires des témoins de l’accident, un camion aurait perdu son contrôle et m’a renversé. Croyant que j’étais mort, les occupants du camion ont fui laissant le véhicule et la moto sur moi. Je suis resté coincé sous le véhicule de 14 h à 17h. Heureusement qu’un des policiers venus pour le constat vers 17h a découvert que je respirai. C’est ainsi que j’ai été admis aux urgences à l’Hôpital en salle de réanimation et de récupération. C’était le 14 mars 2011. Outre le traumatisme crânien, j’ai eu plusieurs fractures dont une triple fracture au Péroné

Art: Avez-vous bénéficié d’une prise en charge ou du soutien de vos collègues ?
T.D: Malheureusement non ! J’ai reçu très peu la visite des collègues artistes. C’est la déception totale ! C’est l’ONG dans laquelle je travaillais qui m’a beaucoup soutenu.

Art: Croyez-vous qu’ils ont été informés de votre accident ?

T.D: Ah si … les journaux en ont parlé. A la limite, j’ai reçu quelques coups de fils du genre ” meilleure santé ! ” C’est tout !. Donc, s’ils m’ont appelé, c’est qu’il ont été bel et bien informés. Vous savez, les artistes ne se manifestent ou ne vous soutiennent que quand la mort survient ; ils ne sont pas suffisamment organisés pour se soutenir dans la douleur. Ils s’intéressent plus à l’aspect décès qu’au soutien matériel.

Art: Parlant justement d’insuffisance d’organisation et en tant qu’ancien, est-ce que vous vous sentez responsable en partie de ce manque d’organisation dont vous faites cas. On pourrait peut-être vous reprocher aussi de n’avoir rien fait dans ce sens. Suggérer par exemple la création d’une mutuelle des artistes. Quel est votre avis ?

T.D: Bon ! Je ne voudrais pas accuser qui que ce soit; mais il est possible que cette insuffisance organisationnelle viennent de nous, en tant qu’anciens. Cependant, je note qu’il y a eu des événements qui ont montré que nous étions quand même organisés. Je citerai par exemple les décès de Djata ILEBOU et de Georges OUEDRAOGO. Ce sont deux situations très malheureuses qu’on ne souhaite pas. Mais l’histoire retiendra quand même que les artistes se montrent très solidaires lorsqu’il s’agit de décès. Je suis d’accord qu’il reste beaucoup à parfaire et je crois qu’il appartient maintenant aux plus jeunes artistes d’améliorer l’existant. Il n’est pas souhaitable qu’on attende la mort d’un collègue artiste pour commencer à manifester notre solidarité.
Art: Combien d’albums avez-vous enregistrés ?
T.D: Je n’ai pas produit beaucoup d’albums. En 1974, c’était “Robert” suivi de ” La beauté, c’est le cœur” ; c’était des 45 tours. Quatre ans après, j’ai enregistré ” Elle a tout perdu dans l’amour du samedi soir” . Du fait maintenant de mes fonctions, je ne pouvais pas et, j’ai été bloqué dans ma progression musicale. Mis à la retraite depuis janvier 2009 , je travaillais pour le compte d’une ONG Helen KELLER INTERNATIONAL jusqu’à cet accident .

Art: Alors après une période aussi difficile mais pleine de leçons à tirer et d’inspirations, peut-on attendre de Tondé Roger un nouvel album pour rendre grâce à Dieu ?

T.D: Si Dieu le permet, c’est mon souhait. Je suis même convaincu que Dieu a un message pour moi et si l’aspect musical est dans son programme, il ne tardera pas à le révéler. J’attends son message et je ne le décevrais pas !

Art: Tondé Roger, l’Homme au chapeau ! c’est comme ça que les médias et vos fans vous appelaient affectueusement. D’où vient ce nom ?

T.D: J’ai été nommé l’homme au chapeau par la télévision ivoirienne. Un journaliste de la Télévision Ivoirienne m’a repéré lors d’une réception et m’a invité un jour sur son plateau d’émission. Avant de m’y rendre, je me suis habillé en vrai voltaïque, complet traditionnel au pantalon bouffant et coiffé d’un chapeau de paille. J’ai chanté d’abord ” Robert ” puis, “elle a tout perdu “. De retour au Burkina, je recevais régulièrement des droits d’auteurs de la Télévision ivoirienne et c’est Mr Paul Ismaël OUEDRAOGO, directeur de la Télévision à l’époque qui me les remettait. La toute première fois qu’on lui a remis mes droits, on lui avait dit ” c’est pour l’homme au chapeau” . Etonné, le directeur demanda : ” qui est l’homme au Chapeau ?. Celui-là répondit le commissionnaire en présentant la photo sur laquelle j’étais avec ma tenue traditionnelle et coiffé de mon chapeau de paille. Cette photo avait été prise le jour où je suis passé sur le plateau de la télévision. Depuis lors, ce nom est resté aux lèvres de mon entourage et particulièrement, Innoussa SANKARA, animateur à l’époque à radio Burkina. Je vous raconte d’ailleurs une petite confidence. C’est après mon passage à la RTI que j’ai connu ma femme. Elle m’avait vu pendant l’émission sur la RTI. De passage à Ouaga pour ses études, elle m’a recherché et elle m’a trouvé. Depuis ce jour, nous sommes restés mari et femme.
Comment les enregistrements se faisaient à l’époque ?
C’était en direct à la radio, sur la terrasse ! Tous mes titres ont été enregistrés en plein air parce qu’on n’avait pas de studio d’enregistrement Après l’enregistrement, on amenait les œuvres au Bénin à SATEL-Cotonou au Bénin. J’ai produit trois 45 Tours. ” Elle a tout perdu ” a été produit en Côte d’Ivoire”

Art: Qu’est-ce qui fait la différence entre la musique actuelle et celle d’hier ?
T.D:
La musique burkinabé a connu une évolution formidable. Nous avons des jeunes compétents et un matériel performant. Donc c’est une musique techniquement bien assise. Dans le passé, c’étaient des enregistrements en plein air parce qu’on n’avait pas un seul studio d’enregistrement. Je vous ai déjà dit que j’ai enregistré mon premier disque en plein air.

Art: Et du point de vue du contenu ? Avant, la musique véhiculait quand même des messages. Qu’en est-il aujourd’hui ?
T.D:
Dans le domaine de la musique, on ne peut pas aisément comparer les chansons parce que la chanson vient d’un individu qui s’exprime par rapport à sa vison de la société. Un autre artiste, même ayant la même vision peut l’exprimer autrement. Ce sont donc des situations qui sont très dures à comparer. Pour ce qui est de notre génération, nous avons toujours mis l’accent sur les messages. Vous prenez une chanson comme « Robert », il y a un message pour dire que l’orphelin a sa place dans la société parce qu’il n’est pas orphelin parce qu’il le veut. A notre époque, nous chantions pour éduquer. C’est la musique du moment et je crois qu’il faut faire avec.
Faire la musique n’est pas chose facile. Il y a des situations où on a vraiment envie d’abandonner, de baisser les bras. Il faut être courageux car le succès vient au bout de l’effort. Garder toujours le sourire même après un premier et un deuxième échec. La troisième fois, ce sera peut- être votre étoile.

Juin 2012

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