Tourisme au Burkina : "Il faut que l’Etat s’investisse dans la promotion de la destination"

Tourisme au Burkina : "Il faut que l’Etat s’investisse dans la promotion de la destination"

Salif Léonce DIARRA est Gérant de  « Elite Voyage », une agence vieille d’une vingtaine d’années. Président de l’Association des Agences de voyage  du tourisme du Burkina et Vice président de la Fédération des Syndicats des Agences de voyages de l’Afrique de l’Est et du Centre, Salif Léonce DIARRA est un homme averti des questions de tourisme et un témoin privilégié de la double crise que les agences  de voyage vivent ces dernières années au Burkina Faso. Salif Léonce DIARRA nous en parle non sans regret mais surtout dans l’espoir que le ministère en charge de la culture et du Tourisme prendra les bonnes décisions pour permettre aux agences de voyage de son pays de vivre plus dignement. Mais avant, il nous explique le rôle d’une agence de voyage.

Salif Léonce DIARRA (S.L.D)  : Une agence de voyage, est un super marché du voyage. Notre rôle est d’alléger les problèmes des voyageurs, de défendre les intérêts de nos clients en leur proposant des billets d’avion moins chers, des circuits touristiques, d’assurances voyage, des locations de chambres et de voitures.



ArtBF : Comment se porte « Elite voyage » depuis la double crise sécuritaire et sanitaire ?

Salif Léonce DIARRA ( S.L.D. ) : Depuis bientôt  05 à 07 ans, nous vivons des situations difficiles. Le tourisme s’est pratiquement stoppé depuis le début des attaques terroristes. Nous sommes à la limite black-listés par certains pays. Sans langue de bois, la Covid-19 a fini par mettre les agences de voyages à genou. Heureusement que depuis quelques mois les choses commencent à reprendre en termes de voyage. Mais sur le plan du tourisme, c’est la catastrophe.

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Fabienne OUATTARA OMED VOYAGES

ArtBF : Comment avez –vous donc survécu à la crise sanitaire ?

S.L.D.  : Survécu ? C’est trop dire ! Contrairement au Burkina, le Sénégal s’est totalement investi  en soutenant financièrement le secteur du tourisme qui avait été très touché par la Covid-19. Pour être précis, le gouvernement sénégalais a donné 100 millions pour les agences de voyage, 300 à 400 millions pour les hôteliers en termes de prêts avec des taux assez moindres. Mais au Burkina et jusqu’à heure où je vous parle, RIEN n’est fait. Et quand je dis RIEN… c’est vraiment RIEN. Il y a eu certes des promesses mais jusque-là, c’est extrêmement compliqué. Nous allons prendre langue avec notre nouveau Ministre Valérie KABORE en espérant que cette fois sera la bonne.

ArtBF : Que suggérez-vous pour une meilleure relance du tourisme ?

S.L.D.  : Il faut que l’Etat nous vienne en aide ne serait-ce qu’à travers des subventions ou par des prêts assez conséquents pour que nous puissions relancer notre activité. Il faut que l’Etat s’investisse dans la promotion de la destination. Tous les voyageurs vers la France sont souvent frappés par des enseignes lumineuses ou des visuels publicitaires sur la destination du Kenya  ou sur le Sénégal. Mais dans le cas précis de notre pays, vous ne rencontrerez nulle part des affiches ou des visuels faisant la promotion de la destination touristique du Burkina; Nulle part  vous ne le verrez ! Quelque part, il y a une absence de promotion du tourisme burkinabè tant à l’intérieur qu’à l’international.

Photo de famille de l’équipe de Elite voyage. Comme vous pouvez le constatez, tous les employés sont en uniforme de pagne tissé africain ( FASO DAN FANI). Le port de l’uniforme en pagne tissé africain est devenu  une règle, une tradition à Elite voyage et non un fait ponctuel pour faire plaisir au photographe. Bravo donc à cette  agence qui fait vivre les créateurs et les tisseuses burkinabè.

C’est pourquoi, il faut promouvoir la destination touristique  du Burkina. C’est vrai que cela demandera de l’argent. Là n’est pas la question ; mais c’est de savoir l’utiliser et le mettre au bon endroit.

Je lance un cri de cœur à l’endroit de nos autorités. A chaque discours, ils disent que le tourisme fait vivre un pays. Ces discours, nous les avons trop entendus. Effectivement, le tourisme, la culture  tout comme le sport sont des vecteurs qui font connaître un pays. Mais après ces discours, qu’est-ce qui est concrètement fait ?

Propos recueillis par Patrick COULIDIATI

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