Une comédie sur SANKARA : Entretien croisé avec les producteurs, Hilaire Thiombiano et Laurent Deboise

Une comédie sur SANKARA :  Entretien croisé avec les producteurs, Hilaire Thiombiano et Laurent Deboise

Après « Un Président au Maquis », qui fit rire les Ouagalais en 2017, l’équipe d’Afrique Films récidive en présentant une comédie-action pleine de folie: Sankara et MoiAprès sa sortie dans les salles Canal Olympia,  la comédie-événement est au  Ciné Neerwaya du 8 au 14 février (18h30 – 20h30 – 22h30). Entretien croisé avec Hilaire Thiombiano et Laurent Deboise, les deux producteurs complices.

Sankara et Moi, c’est un film d’actualité?

Laurent Deboise: Oui, bien sûr, parce que le procès de son assassinat va très certainement débuter en 2021, peut-être même en début d’année selon les avocats de la famille, et aussi parce que Thomas Sankara, 33 ans après sa mort, demeure d’une manière générale très présent dans l’esprit et le cœur des Burkinabè. D’où la phrase d’accroche, sur l’affiche du film: « Il revient nous hanter. » Mais attention: « Sankara et Moi » n’est pas un film sérieux, encore moins un documentaire! C’est une comédie avec beaucoup d’action, pour se détendre pendant les fêtes de fin d’année!

Une comédie sur Sankara? Vraiment?

Hilaire Thiombiano: D’abord, il faut souligner que notre Thomas national adorait faire de l’humour. Si vous suivez ses grands discours, vous réaliserez qu’il termine généralement par une blague qui emporte l’adhésion de son auditoire. Regardez par exemple son intervention au sommet d’Addis-Abeba sur la suppression de la dette: quand il envisage un défilé de mode pour faire la promotion du Faso DanFani, le tissu burkinabè, la salle explose de rire! Et si vous observez son visage, vous verrez qu’il avait très souvent un sourire au coin des lèvres et des yeux. Je suis persuadé que Sankara n’aurait pas été choqué par notre comédie Sankara et Moi, mais qu’au contraire il aurait ri de bon cœur avec nous!

En Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso en particulier, on aime rire…

Hilaire Thiombiano: Exactement. Chez nous, on peut parler de sujets délicats – et certes les idées de Sankara ne font pas nécessairement l’unanimité – par le biais de l’humour. Nous avons même une spécificité culturelle pour cela: la « parenté à plaisanterie ». Elle nous permet de régler nos comptes en rigolant… Et avec l’actualité du moment, l’insécurité, le coronavirus, les tensions de l’élection présidentielle, nous avons vraiment besoin de nous détendre.

De toute façon, est-ce vraiment une comédie sur Sankara?

Laurent Deboise: Non, à y bien penser, non: c’est une comédie sur notre rapport à Sankara, nous, citoyens de base, mais pas sur Sankara lui-même. Une comédie sur la nostalgie d’une expérience alternative étouffée dans l’œuf, une comédie sentimentale, au fond, plus que politique. D’ailleurs, le comédien principal, Désiré Yaméogo, ne ressemble pas particulièrement à Sankara. Et pour cause: quand il voit son reflet dans un miroir, avec le béret sankariste sur la tête, ce n’est pas Sankara qu’il voit, mais lui-même avec les attributs de Sankara. Ce n’est pas du tout la même chose. Et quand il chantonne dans le film « Thomas, Thomas, qu’ai-je fait de toi? », il parle de lui-même, du « Thomas » (car c’est le prénom du personnage incarné par Désiré) qu’il était dans sa jeunesse, avec les idéaux de l’époque, contradictoires avec sa fonction actuelle de cadre dans une société aurifère étrangère.

Pour autant, vous avez été fidèles à certains détails « historiques »?

Hilaire Thiombiano: Oui, quand le personnage incarné par Désiré voit son reflet accoutré comme Sankara, le costumier a soigné les détails vestimentaires: il a refait à l’identique le mythique béret rouge à étoile dorée, le treillis (qui était plus marron que vert). Et vous noterez la crosse blanche du célèbre pistolet à crosse d’ivoire que portait le président révolutionnaire jusque sur la tribune des Nations Unies… Parce que la nostalgie est aussi faite de détails très concrets, et parce que Sankara et devenu l’équivalent d’une rock star, avec des fans partout dans le monde qui portent des tee-shirts à son effigie. Nous ne voulions pas qu’une erreur dans les détails de sa tenue puisse les choquer.

Vous avez l’impression d’avoir produit un film politique?

Laurent Deboise: En fait, non, pas du tout. Car nous sommes marqués par Sankara surtout comme modèle humain, peu comme dirigeant politique. Il y a un moment où, peut-être parce que l’Histoire avec un grand « H » le veut ainsi, un leader sort du champ politique pour devenir un modèle humain. C’est le cas par exemple de Nelson Mandela: on ne se demande pas s’il est de gauche ou de droite, on retient l’homme qui pardonne. Pour Sankara, il y a de cela: on retient finalement peu son marxisme, on retient l’exigence, la volonté, l’intégrité… Il nous dit d’oser, d’être fier de ce que nous sommes et faisons. Et pour produire un film, pour se motiver, ces paroles font du bien!

Après « Un Président au Maquis » et « Sankara et Moi », un troisième projet en route?

Hilaire Thiombiano: Oui, nous allons continuer sur notre lancée, avec encore une comédie-action qui cherche à faire « réflech-rire », qui interroge sur une thématique d’actualité…
Laurent Deboise: Le film tourné en 2021 s’appellera Dans la peau de ma femme. Il portera sur la redéfinition des rapports homme/femme en Afrique de l’Ouest. Un mari obligé de se déguiser en femme pour comprendre la vie de son épouse… Un sujet que Sankara le féministe n’aurait sûrement pas renié!

Contact presse: Hilaire Thiombiano tél/whatsapp + 226 70 81 74 85

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