Alimata OUATTARA / DAH

Alimata OUATTARA / DAH

Je suis Madame Alimata OUATTARA née DAH, juriste de formation, option Droit des Affaires. Je suis Inspecteur du Travail et des Lois Sociales. Actuellement, je suis dans le domaine de l’informatique. Heureusement que ma formation en droit me permet d’assumer cette fonction, parce que l’Informatique des Libertés c’est beaucoup le droit et un peu d’informatique.

Artistebf : De manière sommaire, quelle sont les missions assignées à la Commission de l’Informatique et des Libertés ( C.I.L) ?
Alimata DAH (A.D.) : Nous avons comme mission principale de protéger les droits des personnes en matière de traitement de leurs données personnelles. A ce titre, nous devons informer les personnes et les différentes structures qui sont impliquées dans le traitement des données, des droits et des obligations en matière de lois informatiques. Comme information, il faut d’abord faire connaître la loi et c’est ce que nous avons fait depuis que nous avions commencé à fonctionner en décembre 2007, l’année où nous avions prêté serment. Donc, dés janvier 2008 nous avons travaillé à faire connaître la loi par les canaux qui sont les plus porteurs au Burkina tels les séminaires d’information et de formation. Nous avons ensuite ajouté d’autres canaux qui sont plus porteurs et plus adaptés à travers la traduction de la loi en langues nationales et des sketchs, pour démontrer à l’ensemble de la population que c’est un droit qui concerne tout le monde (intellectuel ou pas). Donc nous avons fait des sketchs qui s’adaptent à toutes les réalités burkinabés pour sensibiliser les personnes sur leurs nouveaux droits et également sur leurs obligations en matière d’information et des libertés.


Artistebf : Le 09 juin à L’HOTEL AZALAÏ, vous avez procédé au lancement de votre 1er CD en langues nationales. Avez-vous le sentiment aujourd’hui que votre message est passé?

A.D. : Nous avons expérimenté ce CD à NYANGOLOGO, où nous étions à une conférence publique pour faire connaître davantage la loi parce que nous estimons que dès que la loi rentre en vigueur, elle doit être connue et applicable à tout citoyen. C’est à cette occasion que nous avons expérimenté le CD dans sa version Dioula et Mooré (pour ce qui est de cette localité ) . Par ce canal, nous sommes arrivé à toucher un public qui, du reste n’était pas nouveau dans le domaine parce qu’ayant été lui-même victime ou auteur d’arnaque et d’ingérence dans la vie privé d’un tiers. La conférence, initialement prévue pour une durée d’une heure, a finalement pris toute la matinée. Par ce canal, nous avons pu mesurer l’engouement des populations et il n’y a pas de doute que le message soit passé.

Artistebf : Parmi les 4 disciplines suivantes (cinéma, Mode, théâtre, Musique) laquelle préférez –vous le plus ?
A.D. : Tout cela fait parti de notre vie ! Tant qu’on vit et qu’on est en bonne santé, on ne peut pas se passer de ces disciplines. Un être humain a quand même besoin de distraction. Il faut se distraire de temps en temps, cela permet de se décompresser, de se refaire les idées. Pour tout dire, j’adhère à toutes ces disciplines.


Artistebf : Quelle appréciation faites-vous de la mode burkinabè?

A.D. : Les stylistes burkinabè utilisent de plus en plus les matériaux qui sont produits sur place. Vous voyez que le faso Danfani est plus utilisé dans le vestimentaire. La manière dont le Faso Dan fani est travaillé fait qu’on n’ a rien à envier aux tissus importés. Je trouve que les artistes burkinabè ont beaucoup évolué en matière de mode. Aujourd’hui, il n’ y a pas un modèle que tu vas voir dans un catalogue et que nos stylistes ne pourront pas reproduire.

Artistebf : L’internet est aujourd’hui un outil précieux et incontournable pour promouvoir les artistes et leurs œuvres. Quels sont les bonnes pratiques à observer dans le cadre justement de l’utilisation de l’internet par les artistes ?
A.D. : Déjà, quand on utilise internet, il faut chercher à savoir si le site que vous utilisez est protégé ou pas. Au besoin, il est préférable de demander l’assistance d’un informaticien qui va vous montrer comment utiliser l’internet de façon sécurisée.

C’est vrai qu’il existe différents espaces communautaires, réseaux sociaux, YOUTUBE, MYSPACE par lesquels, les artistes peuvent facilement se faire connaitre. Mais pour se protéger, comme je vous dis, il est toujours mieux de se référer à une structure avant de mettre ses œuvres ou ses données sur internet. C’est le premier conseil que je puisse donner. C’est difficile pour un artiste qui veut se faire connaître, de faire en même temps la rétention de son œuvre.

Le Théâtre, le Cinéma, la Mode et la Musique font partie de notre quotidien. Moi, j’adhère à toutes ces disciplines ! ”
Ensuite, il faudra veiller à ne pas divulguer ou fournir des informations trop personnelles sur les espaces ou autres forums internet. Par exemple, quand vous communiquez entre artiste, il faut que cela reste absolument dans le cadre professionnel. Même dans ce cas de figure, la prudence est toujours recommandée parce qu’il faut éviter d’envoyer vos œuvres artistiques sans les avoir au préalable protégées ou enregistrées au niveau du BBDA et de l’OAPI. Il faut prendre toutes ces précautions sinon, leurs œuvres ou des données personnelles peuvent être piratées. Par exemple, si vous mettez vos photos ou des choses qui vous sont très personnelles sur l’internet, il faudra vous attendre à ce que cela soit réutilisé par d’autres personnes que vous ne connaissez pas. Ce sont là des précautions minimales à prendre.

Artistebf : Alors c’est dans le même sens que pour les mails, parce qu’il n’est pas rare que votre mail soit piraté par un tiers, on utilise votre mail pour envoyez des éléments comme si c’était vous-même qui l’avez fait. Comment s’y prendre? Au niveau de votre structure quelle est la solution?
A.D. : Là, c’est une équation aux multiples inconnus! Comme vous le savez, nous utilisons généralement les moteurs de recherches comme YAHOO, GOOGLE pour héberger nos courriers électroniques. Il n’est pas rare que vous recevez des mails de prières par exemple qu’on vous dit d’envoyer à un certain nombre de personnes pour recevoir une bénédiction ou dans le cas de refus, c’est un malheur qui vous tombe dessus. Or, c’est un des procédés par lequel les pirates peuvent passer pour capter les adresses électroniques des utilisateurs. A ce sujet d’ailleurs, on conseille de mettre des mots de passe difficiles à déchiffrer plutôt que de se servir de nos dates de naissance ou de mariage. Ce sont là des mesures minimales à prendre.


Artistebf : On va terminer par un appel, parce que les gens vont vous lire sur le net, certainement que votre interview va tomber dans les mains d’une personne très sensible dans le domaine, ou une structure sœur à la CIL et voudrait une quelconque collaboration, alors quelle genre de collaboration souhaiteriez-vous?

A.D. : La première collaboration que nous recherchons, c’est de trouver un relais pour faire connaître la CIL et la loi informatique et des libertés. Ensuite, nous aider à sensibiliser les personnes, les artistes et même auprès des structures qui sont dans le traitement des données et qui ne sont pas encore convaincues de l’intérêt sur la loi portant protection des données à caractère personnel,
Enfin nous aider à découvrir les cas de violation ou d’intrusion grave dans la vie privée d’instruction grave à la vie privée d’un tiers. C’est vrai qu’au Burkina, nous n’avons pas encore ce reflexe de dénoncer. Mais je crois que si on a un droit, il faut tout mettre en œuvre pour le protéger et ne pas avoir peur de porter plainte dès lors que ce droit est piétiné.

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