Burkina : 96 heures après le coup d’Etat, le suspens habite les esprits ...

Cinq (05) jours après le coup d’Etat, plusieurs interrogations restent en suspens. Certes que le Président du MPSR a campé le combat, une lutte sans merci contre les ennemis de notre peuple qui requiert toutes les forces vives de la nation. Mais qu’à cela ne tienne, quelles seront véritablement  les chances pour le nouveau régime d’avoir véritablement l’adhésion du peuple et séduire la communauté internationale ? Voici entre autres les questions auxquelles nous avons tenté de trouver des réponses auprès de certains acteurs culturels dont le regard critique,  s’il n’est pas prémonitoire est à coup sûr loin d’être une démagogie ou de toute considération partisane. La synthèse des réactions. vidéo :

 

A la question de savoir s’ils avaient senti des signes avant-coureurs des évènements en cours dans notre pays ?

Boubacar ZIDA/PDG de Savane Média

Boubacar ZIDA alias SidNaaba, PDG  de Savane Média répond qu’il n’est pas un divin. « Je ne suis pas un divin donc je ne peux pas dire que j’ai vu venir ce coup d’Etat. Mais je dirai que souvent à travers certaines analyses on peut prévoir de tels actes. L’ex-président avait été élu démocratiquement certes ; mais il y a eu des problèmes pour lesquels le peuple ne trouvait pas son compte. Il s’agit notamment des problèmes de sécurité, de l’accroissement de la  pauvreté. Toute chose selon le fondateur de la Télévision SAVANE TV qui a favorisé ce coup d’Etat « Parce que les gens cherchaient vraiment une issue heureuse », a souligné Boubacar ZIDA



 

Serge BAMBARA Alias Smockey/Porte-parole du Balai Citoyen

Pour le porte parole du Mouvement Balai Citoyen,  des signes annonciateurs courraient déjà. « L’actualité nationale était parsemée énormément de faits préjudiciables à la population, au peuple Burkinabè. De nombreux soubresauts avaient déjà  alimenté des mobilisations dans la capitale et ailleurs. Donc, effectivement on craignait que cela n’arrive à un moment donné  ou à un autre », a confirmé Serge BAMBARA Alias Smockey.

« Dire que je n’ai pas vu venir ces évènements, c’est faire preuve de malhonnêteté », soutient Martin ZONGO,  le directeur du Carrefour International du Théâtre de Ouagadougou (CITO). « La situation intérieure a connu un état de détérioration progressive », précise-t-il

Au regard de la situation qui prévalait au Burkina depuis la prise du pouvoir du MPP, nos invités à une exception près, sont unanimes à reconnaître que le régime de Rock Marc Christian KABORE a été un échec ; sinon un triple échec constate Boubacar ZIDA alias SIDNAABA. « Le gouvernement de Rock est un triple échec si je peux me permettre de le dire ainsi. On attendait vraiment beaucoup de son gouvernement ». Et le PDG de la Télévision SAVANE TV de constater que Rock KABORE a été le premier civil depuis  1966, à diriger le pays. « On sortait là d’un gouffre militaire. Malencontreusement, notre espoir a été éphémère car depuis 2016 jusqu’ à la fin de son mandat, on n’a vraiment pas vu le salut qu’on espérait surtout sur le plan de la sécurité », précise le fondateur de SAVANE TV.

Même son de cloche du côté du porte parole du Balai citoyen qui regrette même une certaine ingratitude du régime Kaboré qui est arrivé au pouvoir grâce à l’insurrection populaire de 2014. « Il fallait évidemment que ceux-là (les autorités du MPP) comprennent très vite les aspirations du peuple et se mettre vite à la tâche aux services des masses populaires ; ça n’a pas été le cas malheureusement », constate Smokey.



 

Martin ZONGO/ Directeur du CITO

Mais l’exception faisant la règle, le directeur du Carrefour International du Théâtre de Ouagadougou (CITO) ne blâme pas pour autant le régime déchu. « Nous pouvons dire qu’il a eu la malchance de devoir gérer le pouvoir à un moment où notre pays a été pris à des difficultés », a nuancer Martin ZONGO. Le président Rock Marc Christian Kaboré selon le Directeur du CITO n’est pas intrinsèquement une mauvaise personne.

Prendre le pouvoir par les armes est une chose mais pouvoir susciter l’adhésion populaire et celle de la communauté internationale en est une autre. La question est là ! Quelles sont donc les chances pour ce régime d’exception d’y arriver à cette fin?

Pour Smokey, il s’agit ni plus ni moins d’une question de sincérité. « Si cette junte est sincère dans son engagement, si leurs décisions tend à préserver l’intérêt général et non les intérêts individuels ou claniques, on le verra dans les jours et mois à venir; c’est ce que nous attendons d’eux », a souhaité Serge BAMABARA. Mais le porte-parole d’avertir  que « Si ce n’est pas le cas, comme vous le savez, les mêmes causes produiront les mêmes effets ».

Boubacar ZIDA n’aurait pas grand-chose à offrir aux nouvelles autorités du pays. Toutefois, il leur offre un balai et un sabre. « Le balai   doit servi à balayer le cœur des burkinabé afin qu’on puisse aller à une réconciliation sincère. Le sabre, pour combattre nos ennemis jusqu’à reconquérir les parties de notre territoire occupées par les djihadistes », a-t-il laissé entendre.

Pour Martin ZONGO, «  il y a même des souhaits inavoués pour que des situations du Mali, de la Guinée et du Burkina se réalisent ailleurs. Je ne citerai pas de pays. Mais encore une fois, c’est au pied du mur qu’on va reconnaître le vrai maçon », nous confie-t-il avant de conclure en ces termes : « Je voudrai demander à chacun d’éviter de jeter de l’huile sur le feu ! ».

Colette ILBOUDO/ Joseph Stéphanie OUATTARA

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