Ibrahima Sissoko : « L'urgence est de maintenir une continuité pédagogique en Afrique »

Ibrahima Sissoko : « L'urgence est de maintenir une continuité pédagogique en Afrique »

ENTRETIEN. Conçue pour permettre l’accès aux cours en ligne, la plateforme Calschool a été mise en œuvre en Côte d’Ivoire pendant le confinement. Décryptage.

La crise du Covid-19 n’a pas seulement révélé la fragilité sanitaire des pays africains. Elle a révélé combien il était urgent de refonder les méthodes pédagogiques et de réfléchir à de nouveaux outils pour assurer la continuité de l’accès à l’enseignement et aussi limiter les inégalités inhérentes aux situations économiques et sociales des familles. En Côte d’Ivoire, une expérience intéressante a été menée à travers une plateforme nommée Calschool. Avec le confinement imposé par le Covid-19, elle a déployé toute une panoplie de solutions pédagogiques et technologiques pour faire accéder gratuitement à des cours en ligne des élèves de la maternelle au collège. Son co-initiateur, Ibrahima Sissoko, s’est confié au Point Afrique pour nous expliquer cette mise en œuvre imposée par cette circonstance exceptionnelle du Covid-19.

Le Point Afrique : En pleine crise du Covid-19, en quoi Calschool est-elle une plateforme à haute valeur ajoutée dans le monde de l’éducation en Afrique ?

Ibrahima Sissoko : La crise sanitaire du Covid-19 a affecté l’ensemble du réseau scolaire africain avec, notamment, la fermeture d’établissements durant plusieurs semaines. Certes, les équipes éducatives et le personnel se sont engagés fortement pour permettre une continuité des enseignements et assurer un accompagnement des élèves et de leurs familles, mais, dans certains pays de la sous-région ouest-africaine, notamment en Côte d’Ivoire et au Mali, entre autres, les outils à disposition sont limités. C’est pour répondre à cette insuffisance que nous avons lancé notre plateforme.

Elle permet de mettre à la disposition des enseignants, des élèves, des parents d’élèves et du personnel administratif un outil numérique pour la gestion de la vie scolaire quotidienne, en tenant compte des besoins et des attentes au niveau local. Le maintien de la relation parent-enseignant-élève se fait via SMS et non par e-mails. Quant à l’accès aux ressources numériques, il se fait via notre plateforme, car nous disposons d’un module d’e-learning lancé en début de crise à destination de tous les apprenants (écoles primaires, collèges et lycées).

Nous avons inclus dans nos process de développement des méthodes de gestion de projet agile permettant le déploiement de système itératif et adaptatif. Notre plateforme a évolué constamment grâce aux remontées régulières que nous ont faites les utilisateurs (parents, directeurs d’école, inspecteurs d’enseignement, enseignants et élèves). Dans cette situation où l’École n’est plus dans l’école mais à la maison, pour contourner les contraintes matérielles, tout est hébergé sur le cloud et disponible 24 heures sur 24 sur tout appareil.

Comment vous est venue l’idée et comment l’avez-vous concrétisée ?

Calschool a été créée par Gervais Brou, fondateur de la société Map Cepia. Je l’ai rejoint dans l’aventure en 2017. Notre plateforme est née du besoin de centraliser l’information pour la direction générale de l’Éducation nationale, de digitaliser le fonctionnement de ses établissements à travers un outil qui tienne compte de leur pratique au niveau local. C’est lors d’une session de recrutement pour une filiale que je devais implanter que nous nous sommes rencontrés. Je recherchais des développeurs que nous appelons « full stack » dans notre jargon. Il a postulé et j’ai découvert un homme passionné et dur au travail qui ne demandait qu’une chose : que l’on croie en lui et en ses projets. J’ai été impressionné par ce qu’il avait réussi à mettre en place, seul, grâce à une équipe soudée derrière lui vers des ambitions communes. Cela m’a encouragé à vouloir l’accompagner et lui apporter mon concours financier et stratégique tout en maintenant le lien privilégié et la concertation avec notre partenaire, la direction générale de l’Éducation nationale, ainsi que huit inspecteurs de l’éducation primaire et périscolaire.

La suite sur www.lepoint.fr

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