La salsa new-yorkaise renaît avec La Excelencia

La salsa new-yorkaise renaît avec La Excelencia

Etoile filante de la salsa dans les années 2010, La Excelencia opère un retour réussi avec un nouvel album intitulé « Machete ».

Un nouveau groupe déferle sur la scène salsa. Son nom : La Excelencia. Tournées internationales, concert au Barbican, article dans le New York Times : tout semble sourire aux New-Yorkais. Revendiquant une salsa authentique issue des quartiers populaires, La Excelencia veut redonner ses lettres de noblesse à un genre tombé en désuétude.

Cette année-là, après un concert mémorable au New Morning, les deux fondateurs livrent à « Mundo Latino » (prédécesseur du « Jazz et la salsa ») leur parcours, leurs aspirations, leur vision d’une Amérique déjà fracturée.

Las ! A l’image des plus grands groupes de rock, les salseros finissent par se séparer, une partie des membres poursuivant l’aventure sous un autre nom. Dix ans plus tard, sous la direction de Julian Silva, l’un des deux fondateurs du groupe, La Excelencia signe un retour surprise avec un quatrième album intitulé Machete et un line-up légèrement différent.

Personne ne s’attendait au retour de La Excelencia

Personne ne s’attendait au retour de La Excelencia. « Pas même les membres du groupe, raconte Julian Silva, désormais installé dans la région de San Francisco. Cela faisait deux ans que je travaillais sur ces morceaux. Ça sonnait bien, mais je ne savais pas quand ou comment j’allais enregistrer, peut-être un jour, peut-être avec un autre groupe. »

« Ça n’est qu’en janvier 2019 que l’album a commencé à prendre forme, raconte le percussionniste. Les premières personnes que j’ai recontactées ont été Willy Rodriguez [piano], Ron Prokopez [trombone] et Gilberto Velásquez [voix]. Je ne savais pas qu’on allait reformer le groupe, affirme-t-il. On ne s’était pas parlé pendant six ans. On avait besoin de ça. Je crois bien que ce qui m’avait le plus peiné, au-delà de la séparation, avait été de perdre mes amis. On avait passé tellement de temps ensemble… »

« Avec ce noyau dur, on a décidé de faire appel à des gars qui avaient tous travaillé avec le groupe à un moment ou un autre afin de retrouver son authenticité, comme Jonathan Powell ou Luis Arona, notre premier bassiste. La veille de la première répète, on s’est retrouvés avec Ron et Willy dans un coffee shop de Washington Heights. C’était la première fois depuis 2012 et c’était comme si le temps ne s’était jamais écoulé. Le jour J, on a commencé par jouer Unidad. On s’est tout de suite compris. C’était incroyable. Comme si on était de retour au Barbican. »

Un son immédiatement identifiable

Je fais remarquer à mon interlocuteur que le son du groupe est clairement identifiable dès les premières notes de l’album. « C’est le meilleur compliment qu’on puisse me faire. J’ai longtemps essayé de sonner comme Barretto ou Palmieri. Mais je n’ai jamais réussi, tout simplement parce que je ne suis pas Barretto ni Palmieri ! Je crois que c’est la première fois que j’ai accepté le fait de sonner différemment. C’est le premier album où j’ai pleinement embrassé le son de La Excelencia. »

Machete possède une couleur musicale qui n’est pas sans rappeler Mi Tumbao Social, l’album phare du groupe, notamment grâce au retour de Gilberto Velásquez. « Gil venait de terminer la comédie musicale I Like It Like That », raconte Julian. Il ne tarit pas d’éloges pour le chanteur : « Il est capable de se produire sur scène pendant deux heures deux fois par jour. Pendant toutes ces années, nous avons progressé dans nos carrières respectives, comme Jonathan qui est leader dans l’orchestre d’Eddie Palmieri. Je crois que c’est le meilleur album que nous ayons réalisé tout simplement grâce à la maturité que chacun a acquise de son côté. »

La Excelencia en 2010

« Ce qui est en train d’arriver au milieu de la musique est une véritable catastrophe »

Le retour de La Excelencia, une belle histoire déjà avortée ? Quand l’album est sorti en mars dernier, le concert de lancement était programmé au SOB’s. « On venait de terminer les enregistrements au studio Congahead, se souvient Julian, et puis l’Europe a commencé à être frappée par la pandémie. Le confinement a tout stoppé. C’était une immense déception. »

Le musicien marque une pause. « Ce qui est en train d’arriver au milieu de la musique est une véritable catastrophe. Les artistes souffrent énormément, car ils vivent de la scène et, malgré ça, ils doivent continuer à faire vivre leurs familles ! Il se passe tellement de choses difficiles en ce moment, la pandémie, la politique de Trump, les manifestations antiracistes… qu’il est compliqué de poursuivre la promotion de l’album. »

Des difficultés loin de décourager Julian Silva. « Je me suis laissé convaincre que notre musique pouvait aider nos fans à traverser cette période. Regarde ce qu’il s’est passé sur les réseaux sociaux : les danseurs se sont emparés d’Aña Pa Mi Tambor et ont partagé leurs chorégraphies sur TikTok. Le but du groupe est de continuer à faire vivre cette musique. Quand ça redémarrera, on sera là. Même si ça n’arrive qu’en 2021. »

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