Les animaux domestiques peuvent-ils attraper le coronavirus et le transmettre ?

De faibles traces de virus ont été trouvées sur un chien dont la maîtresse était atteinte du Covid-19 à Hongkong, mais les autorités considèrent, pour l’heure, qu’il n’est qu’un porteur passif.

Depuis l’annonce, le 28 février, que le chien d’une patiente atteinte du Covid-19 à Hongkong s’est révélé porteur de « faibles traces » du coronavirus, les interrogations fusent sur l’éventuelle transmission entre les humains et leurs animaux domestiques. Mais, pour le moment, aucun élément ne permet de penser que chiens, chats et autres animaux de compagnie puissent être atteints du Covid-19 et transmettre la maladie à leur tour.

Le petit chien de salon, de race poméranienne, qui est au centre de l’attention de la communauté vétérinaire de Hongkong et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), avait été placé en quarantaine le 25 février, dès la confirmation que sa maîtresse, une femme de 60 ans, était malade. Les prélèvements effectués dans la gueule et le museau ainsi que dans les selles et dans la zone anale du chien avaient permis de détecter, dans les seuls échantillons buccaux et nasaux, une « faible présence » du virus SARS-CoV-2. Cinq jours plus tard, le 2 mars, le virus n’était plus traçable que dans le museau, et toujours en petite quantité.

Un animal « faiblement contaminé »

Les équipes scientifiques de deux universités de Hongkong, en coordination avec l’OIE sise à Paris, ont alors conclu que le chien était « faiblement contaminé ». Le 3 mars, un test sanguin a également été effectué sur l’animal pour observer la présence ou non d’anticorps au virus, ce qui prouverait que le chien aurait été contaminé mais ne serait pas qu’un porteur passif. Les tests, négatifs pour le moment, ne sont toutefois pas concluants, car il faut plusieurs jours pour que le système produise ces anticorps.

Le petit chien ne présente aucun signe clinique de maladie

Selon la vétérinaire Jane Gray, directrice adjointe de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Hongkong, le fait que les résultats de ces tests, « extrêmement sensibles », soient « faibles » permet de penser que l’animal n’est qu’un « end carrier », c’est-à-dire un maillon en bout de chaîne de transmission. Elle souligne également qu’avec de tels résultats, il n’est pas possible de savoir si le virus était intact ou si seuls des fragments non contaminants étaient présents dans les parois nasales de l’animal. Le petit chien ne présente d’ailleurs aucun signe clinique de maladie.

Pour Sophie Le Poder, professeure de virologie à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, la présence de traces de virus dans son museau, y compris après quelques jours d’isolement, peut s’expliquer par « l’environnement de la cavité nasale, dont la température moyenne et l’humidité sont favorables à la persistance du virus ». La vétérinaire note par ailleurs que « dans le cas d’une infection active, on aurait plutôt une augmentation, après quelques jours, des traces d’ARN du virus, ce qui n’est pas le cas ici ».

Des coronavirus alpha chez l’animal et bêta chez l’homme

Pour l’enseignante-chercheuse, « le chien est comme une surface qui a été contaminée. Il n’y a donc aucune raison qu’il retransmette le virus ». L’OIE partage cette confiance : « Il n’existe aucune preuve que les chiens jouent un rôle dans la propagation de cette maladie humaine ou qu’ils deviennent malades. »

De fait, chaque espèce animale a ses propres infections à coronavirus. « Les chiens et les chats accueillent de nombreux coronavirus, de type alpha, alors que ceux qui attaquent l’homme sont de type bêta (comme ceux du SRAS, du MERS ou le SARS-CoV-2). Jusqu’à présent on ne connaît pas de cas où un virus bêta aurait rendu malade un animal », indique Jane Gray. La vétérinaire rappelle que chez l’animal, les infections induites par des coronavirus se traduisent davantage par des troubles digestifs que par des problèmes respiratoires. « Il y a beaucoup de causes pour faire tousser ou éternuer les chiens et les chats. Mais les coronavirus n’ont pas ce genre d’effet sur les animaux », ajoute Tom Mangan, président de l’association des vétérinaires de Hongkong (HKVA).

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