Mariam ZOROME née Diallo, Le combat d’une femme contre l’exclusion

Mariam ZOROME née Diallo, Le combat d’une femme contre l’exclusion

Mariam ZOROME née Diallo est commissaire divisionnaire de police de profession. Engagée dans ce corps contre le gré des parents, elle a contribué à relever un défi; celui de montrer à l’opinion publique que le métier de police n’est pas seulement réservé qu’aux hommes. L’entêtement de notre invitée de la semaine à servir dans la police n’est ni par esprit belliqueux ni par d’orgueil mais dans le but de changer l’image des commissariats longtemps ternie par les usagers pour faire de ces lieux, des services plus humains et des lieux d’accueil. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la drogue célébrée le 26 juin de chaque année, nous vous proposons de découvrir ce qu’il convient d’appeler le combat d’une femme contre l’exclusion.


Je suis MARIAM ZOROME épouse DIALLO. Je suis commissaire divisionnaire de police, sociolinguiste de formation, je suis spécialiste en genre et sécurité. J’ai été conseiller technique au niveau du ministère de l’Administration Territoriale, ensuite chargée de mission et gouverneur de la région du centre-nord. J’ai travaillé au niveau de la police de proximité comme chargée de formation et de communication. J’ai aussi travaillé au commissariat central de la ville de Ouagadougou où je m’occupais des mœurs et j’ai exercé à l’arrondissement de Baskuy en qualité de commissaire.
Mariam ZOROME a occupé de nombreuses responsabilités au niveau de la police Nationale dont celui de commissaire d’arrondissement, un poste qui lui a été très bénéfique. Voici ce qu’elle retient des importants actes posés au niveau de la police :
Mariam ZOROME : J’ai dirigé un arrondissement et cela a été une très belle expérience pour moi. J’ai fait la police administrative, judiciaire et même le social. Après cela, j’ai fait la section mœurs où je m’occupais de la protection des femmes et des enfants vulnérables. Je priorisais les filles afin qu’elles aient la chance de se former, se prendre en charge, avoir une profession et contribuer au développement de ce pays. J’ai initié un projet sur l’intégration du genre au niveau de la police nationale. Il était basé sur la formation et la sensibilisation afin qu’on puisse changer la perception, le comportement, la technique d’enquête et la technique d’accueil des policiers. Ce projet visait à changer l’image des commissariats pour faire du service de police un lieu d’accueil et d’espoir.
Malheureusement, ce projet a été de courte durée puisque l’initiatrice a été appelée pour servir la région du centre nord en qualité de gouverneur. Mais toutefois, elle garde un souvenir marquant :
Mariam ZOROME : Le fait de porter la tenue a contribué à changer ma personnalité. Les gens considéraient ce métier comme un métier réservé aux hommes et quand j’ai décidé d’aller dans ce corps, mes parents m’ont demandé ce que j’allais y chercher. J’ai vu cela comme un défi et il fallait le relever. Ce qui m’a marqué est que j’ai eu l’opportunité de pouvoir accompagner les gens, aider les enfants, les femmes dans des situations de détresse. C’est vraiment une satisfaction morale. Cela est resté au point que les gens m’appelaient de passage “COMMISSAIRE GENRE”, “GOUVERNEUR GENRE”…
Malgré ses fonctions de gouverneur, elle n’a pas baissé les bras car de concert avec ses amis d’enfance et d’université, elles ont créé une Association.
Mariam ZOROME : « Il s’agit d’une association de famille où les membres sont des femmes qui ont eu la chance d’aller à l’école et nous pensons qu’il faut faire quelque chose pour nos filles, nos sœurs. C’est l’Association Pour l’Epanouissement et l’Eveil de la Femme et de l’Enfant (APEEFE). Nous travaillons beaucoup sur l’éducation et aussi sur le VIH. Nous n’avons pas de financement mais notre association fonctionne sur la base de nos cotisations internes.
Qui vous accompagne dans votre programme d’insertion?
M.Z : Ce sont des amis qui nous accompagnent. Nous travaillons avec les services de l’éducation, nous négocions avec les directeurs pour inscrire l’enfant. Les fournitures sont données par l’action sociale et nous payons nous même la cotisation des parents d’élèves.
Nous avons juste envie d’aider les enfants et nous travaillons toutes, ce qui fait qu’il n’y a personne pour gérer le financement.
Pour mieux encore mener nos actions, nous souhaitons réaliser un complexe scolaire, allant des crèches jusqu’au secondaire. Actuellement, le problème de “servantes” (bonnes) se pose et les femmes souffrent beaucoup pour les enfants. Avec la construction de crèches, cela va beaucoup soulager les parents.
Puisque vous vous intéressez à la jeunesse, que comptez-vous faire le 26 Juin pour marquer la journée mondiale de lutte contre la drogue?
M.Z : Dans le cadre de la Journée Internationale contre l’abus et le trafic de drogues le 26 Juin 2016, il est prévu des activités au niveau du Secrétariat Permanent du Comité National de Lutte Contre la Drogue qui est l’organe exécutif du comité national. Cette année, l’activité phare sera axée sur l’incinération des drogues saisies. Aussi, avons-nous prévu des activités de sensibilisations grand public en partenariat avec les associations. Le thème retenu pour cette année est “Problématique de la drogue en milieu scolaire; quelle stratégie de prévention ? “
Après la journée, nous comptons faire un travail de fond avec les acteurs de l’éducation pour préparer un environnement sain sans drogue avant la rentrée scolaire prochaine.
Etant donné aussi que la culture est le centre de tout développement social, nous sommes également à ce niveau interpellés. A cet effet, nous comptons échanger avec les chefs coutumiers et les religieux pour qu’ils parlent aux enfants pendant les messes ou dans les lieux de cultes.
Quel message voudrez-vous adresser aux parents ?
M.Z : Le message que j’ai à l’adresse des parents et à toutes les populations, c’est leur dire que la drogue est là. Ce n’est pas de l’utopie, c’est une réalité et nos enfants sont exposés, ils sont en danger et il faut individuellement et collectivement agir pour protéger nos enfants et notre avenir

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