Théâtre : ” Les Zéros Morts “

Théâtre : ” Les Zéros Morts “

Le CITO a de nouveau convié son public à son traditionnel rendez-vous. “Les Zéros Morts”, c’est le titre de ce premier spectacle de l’année qui a réuni comédiens allemands et burkinabé sur un même plateau. Fruit d’un nouveau partenariat avec les théâtres de Altenbourg et Géra , “LES ZEROS MORTS” est un spectacle écrit par Paul ZOUNGRANA, membre du comité artistique du CITO dans une mise en scène de Bernhard STENGELE. La pièce met en lumière la souffrance des clandestins et autres réfugiés mais aussi, la limite de la politique de l’Union Européenne en matière d’émigration. La grande première s’est déroulée le 7 janvier 2015 à Ouagadougou au siège du CITO.

Pièce exceptionnelle en cette période exceptionnelle marquée particulièrement dans notre pays par l’insurrection populaire, “LES ZÉROS MORTS” se veut un évènement d’actualité. En effet, la pièce pose un problème récurrent, celui de l’émigration clandestine. Ils sont nombreux les jeunes africains à prendre des hauts risques pour migrer vers l’occident. Et l’auteur de la pièce de s’interroger sur le sens des politiques des pays occidentaux en matière d’émigration et l’indifférence des pays africains face à ce problème qui jusque-là, reste sans solution notable.
La pièce s’ouvre en plein air par un dialogue entre un occidental, tenancier de maquis et un personnage militaire qui, dans le rôle de l’ancien Président burkinabé Thomas SANKARA, parle du Burkina Faso, stigmatise l’impérialisme, le capitalisme et les politiques d’injustices à l’endroit des pays sous- développés.
La pièce ” LES ZEROS MORTS” dénonce justement les politiques en matière d’émigration de l’Union Européenne qui, malgré les textes élaborés en faveur des droits humains et particulièrement des réfugiés sont en porte- à faux avec la réalité. Le constat est effectivement triste dans les camps où clandestins et autres réfugiés sont maltraités sans humanisme ni voie de recours.

La Comédienne MECHTILD SCROBANITA parle de son rôle
com01.jpgA l’extérieur, j’ai joué le rôle d’un grand leader politique en la personne de Thomas SANKARA. Mais à l’intérieur, je ne jouais plus le même personnage. Je jouais d’autres rôles : d’abord dans le rôle d’un clandestin puis celui d’un administrateur qui doit fournir des rapports réguliers à sa hiérarchie sur la situation des réfugiés ou des clandestins.

Bernhard STENGELE, metteur en scène
metteur_en_scene.jpgJ’ai donné l’idée et j’ai assuré la mise en scène de la pièce en collaboration avec le CITO et le Théâtre d’Allemagne. On aime dire que les hommes naissent égaux en droit et ont les mêmes valeurs mais l’expérience des africains noirs montre que la réalité est toute autre. Le CITO m’a approché pour voir si on pouvait travailler sur ce thème. C’est ainsi que j’ai travaillé avec Paul ZOUNGRANA et nous nous sommes inspiré de l’accident de LAMPEDUSE pour mieux nous approcher de la réalité. Nous sommes actuellement en plein capitalisme et Thomas SANKARA a été un exemple pour montrer qu’une autre voix du développement est possible. Le message, c’est d’amener l’Union Européenne à changer de politique. Il n’est pas normal qu’elle s’enferme pour garder à elle seule des richesses que le continent africain a aussi contribué à créer.

paulzong.jpgPaul ZOUNGRANA qui a effectué le voyage jusqu’à LAMPEDUSA pour s’imprégner des réalités des clandestins dans les camps de réfugiés raconte :
Le clandestin n’a plus d’alternative chez lui et du coup, nos pays sont interpellés pour trouver des opportunités d’emploi pour les jeunes. La situation interpelle également les pays d’accueil à trouver des aides pour ces clandestins parce que ce ne sont pas des animaux qu’ils accueillent. Le pire, nous avons vu que beaucoup de nos frères souffrent parce qu’il n’y a pas d’égalité. C’est ce qui nous a amenés à réfléchir sur le sujet.
Comment êtes-vous arrivé à rentrer en contact avec ces clandestins ?
Nous avons entrepris des démarches administratives. Mais j’avoue que les camps sont très surveillés. Quand les réfugiés nous voient, ils se sentent plus proches de nous que des blancs et facilement, ils se prêtent à nos questions. A LAMPEDUSA où nous avons effectué le voyage, nous avons pu rencontrer les populations et les pêcheurs qui prennent quotidiennement soin de ces clandestins. A LAMPEDUSA, beaucoup de réfugiés sont malades et on ne nous laisse pas les voir. Ils subissent beaucoup de sévices corporels et c’est tout cela qu’on a voulu traduire à travers cette pièce.
“Les ZEROS MORTS” est à l’affiche du CITO jusqu’au 31 janvier 2015, une belle pièce qui vous invite à plus d’engagement afin que plus rien aujourd’hui ne soit comme avant.

Patrick COULIDIATY

Leave a comment

Send a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *