Warren SARE, Photographe de profession

Warren SARE, Photographe de profession

Je me nomme WAREN SARE, je suis photographe. C’est à 13 ans que je me suis familiarisé à la photographie alors que j’étais encore dans mon village à BEGUEDO. Le souvenir le plus difficile à oublier c’est lorsqu’on m’a envoyé faire des prises de vues dans un marché local. Ce jour-là, j’ai eu beaucoup de clients et même le chef de BOUSSOUMA avait accepté se faire photographier. Mais… mon appareil photo n’était pas chargé; Mon patron avait oublié de charger la pellicule …

 C’est à 13 ans que je me suis familiarisé à la photographie alors que j’étais encore dans mon village à BEGUEDO. En fait, je ne faisais pas seulement que ça car à cet âge, j’étais déjà indépendant et je vendais aussi (en sous-traitance) des pagnes et des plats pour gagner ma vie. Le souvenir le plus difficile à oublier c’est lorsqu’on m’a envoyé faire des prises de vues dans un marché local. Ce jour-là, j’ai eu beaucoup de clients et même le chef de BOUSSOUMA avait accepté se faire photographier. Imaginez ma joie parce qu’une telle opportunité n’arrive pas à tous les coups. Je suis donc retourné à Tenkodogo tout joyeux tenant fermement un foulard dans lequel étaient soigneusement nouées les recettes du jour. Arrivé au studio, lorsque j’ai déballé le foulard, mon patron fut saisi d’étonnement au regard de l’importante somme qui y était. Puis, il se ressaisit très vite et me regarda longuement. Je lui demande ce qui le troublait :

qu’est-ce qu’il y a patron ?
Il me répondit en secouant la tête :

“ton appareil photo n’avait pas de pellicule; j’ai oublié de le charger avant ton départ !”. Quel désagrément ! Après cette mésaventure, je me suis rendu à Ouagadougou puis en Côte d’Ivoire à la recherche d’un appareil photo et approfondir mes connaissances en photographie.
Finalement, j’ai obtenu mon premier appareil photo grâce à la générosité de Lucien REBUFFEL, Président du PMU de France à son temps que j’ai eu la chance de rencontrer à Ouagadougou.

Artistebf (Art). : Quelles sont les techniques élémentaires pour devenir un bon photographe?
Waren SARE (W.S.) : Je ne saurais vous donner des techniques spécifiques pour devenir un bon photographe; je dirais tout simplement qu’il faut d’abord aimer la photographie.
Art. : On vous appel le photographe de Chantal COMPAORE, racontez-nous l’histoire?
W.S. : J’ai rencontré la femme de l’ex-Chef de l’Etat lors d’une cérémonie où je l’ai prise des photos et je me suis rendu le jour suivant à la présidence pour les lui remettre. Mais à toutes les fois, c’est à la porte qu’on les récupérait; je n’avais jamais eu le privilège de la rencontrer directement. Un jour et par coïncidence, elle m’a rencontré à la porte pendant que je m’apprêtais comme d’habitude à remettre ses photos. C’est là que la présentation a été faite et depuis ce jour, je suis devenu le petit photographe de la Première Dame.

Art. : Que représente la photo pour vous?
W.S. : La photographie est une façon de communiquer avec les gens; elle permet de partager son expérience avec un plus grand nombre de personnes. Aussi, c’est un métier qui permet d’être plus humain parce que je suis constamment en contact avec les gens pendant les bons ou des mauvais moments. A mon avis, la photographie est vivante. C’est grâce à la photo que j’ai créé le Centre Photographique de Ouagadougou (CPO). Le photographe pour moi, c’est celui qui porte un projet, qui est inspiré par une histoire qu’il veut raconter à travers la photo.

Art. : Quelle est votre centre d’intérêt ?
W.S. : En dehors des photos de produits alimentaires, je fais aussi de la photographie documentaire. J’ai entrepris un projet depuis entre 2007 qui consiste à aller dans toutes les régions du Burkina chaque 11 décembre pour faire des portraits des différents personnages de ces régions et faire un petit film qui sera projeté dans des écoles pour que les enfants de ces régions aient une connaissance approfondie des repères de leur région. En 2008, a eu lieu ma première exposition à Fada (région de l’Est). Mais pour des raisons de moyens, j’ai d’abord marqué une pause; c’est pourquoi, je n’étais pas au rendez-vous des fêtes du 11 décembre de Dori et de Dédougou.

Art. : Quelles sont les difficultés que vous rencontrées dans ce métier?
W.S. : Ce sont les mêmes difficultés que rencontrent les autres artistes; c’est entre autre, le manque d’accompagnement. La photographie prise dans le contexte burkinabé, n’est pas reconnue comme un métier; c’est la grande difficulté. Elle est considérée comme un métier passe-temps de gens qui n’ont rien à faire; alors qu’elle constitue un corps de métier à part entière.

Art. :Aujourd’hui, avec la technologie et l’avènement du numérique, le photographe arrive-t-il à s’en sortir?
W.S. : Le numérique ne dérange pas la photographie classique; mais il rend les photographes paresseux. Avant le numérique, c’était les formats photos de types ” 6×6″, le “24×36” et bien d’autres. Quand on faisait les prises de vue, tant qu’elles n’étaient pas développées, on ne pouvait être sûr de la qualité de l’image. Avec à l’esprit la crainte de l’échec, le photographe était obligé de se concentrer dans le travail au risque de réaliser des pertes. Aujourd’hui avec le numérique, tout est différent; le résultat est instantané et même que l’on peut l’effacer immédiatement quand on juge qu’il n’est pas satisfaisant.

Art. : Parlez-nous de votre Centre Photographique (CPO)
W.S. : Le Centre Photographique de Ouagadougoua été créé en 2010 . C’est suite à un constat que je l’ai créé parce qu’il n’existait pas encore de centre d’apprentissage photo au Burkina. Il n’y avait pas un espace pour permettre aux amateurs photographes de se professionnaliser. Au Burkina, tout ce que nos photographes connaissent, c’est funérailles, baptêmes, mariages et anniversaires. Il faut que le photographe aille au-delà de ça.
Dans ce centre, nous collaborons avec le Goethe Institut et l’Institut Français où nous faisons régulièrement des partages d’expériences avec des photographes. J’essaie d’apporter ma contribution à l’éclosion de la photographie au Burkina et mon souhait est que d’autres emboitent le pas. En dehors de l’accompagnement qui me fait défaut, je n’ai que trois ennemis: la pauvreté, la maladie et la paresse.

Art. : Quelles sont vos perspectives ?
W.S. : J’ai entrepris également un second projet sur les anciens combattants. A travers ce projet j’essaie de reconstituer l’histoire de ces derniers à travers les vieux documents qu’ils ont ramenés des guerres d’Indochine et autre. J’essaie de le faire pour la génération future.
Pour terminer, je veux que tous ceux qui me liront, sachent qu’il existe au Burkina des gens qui aiment leur travail et qui veulent partager leur savoir aux autres générations. Que ceux qui croient donc à ce métier n’hésitent pas à nous accompagner.

Je dis merci à Artistes.BF pour ce qu’il fait pour accompagner les différents corps de métier au Burkina. Merci pour cette grande marque de considération que vous apportez aux artistes à travers ce site web.

Darlys YANTE

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