Aminata DIALLO / GLEZ, comédienne, Réalisatrice

Aminata DIALLO / GLEZ, comédienne, Réalisatrice

Le succès, dit-on est au bout de l’effort et de la persévérance”. Cette assertion, nous croyions, sied bien dans le contexte de l’ascension fulgurante de Madame GLEZ née Aminata DIALLO dans l’industrie cinématographique burkinabé. En effet, de son statut de comédienne, Kady Jolie (le nom du personnage d’un film qui lui est désormais restée à la peau) est aujourd’hui, par passion pour le cinéma, réalisatrice et Directrice de Jovial’Production. A son actif, deux séries télé dont : 3 femmes, un village et supers flics. ( voir son parcours de combattante ici )
Cette semaine, nous avons rencontré la réalisatrice dans un contexte peu ordinaire, (décès de Djata ) pour recueillir ses impressions sur la mort de cette star burkinabé.

Artistebf (Art) : Un deuil frappe la culture burkinabé depuis hier 21 octobre 2010 avec la disparition de l’artiste musicienne Djata. Avant de nous traduire vos émotions, dite nous et pour nos internautes qui était Djata, la dame que nous pleurons aujourd’hui ?

Aminata DIALLO ( A.D.) : En fait, je crois que Djata représente plusieurs symboles. Ce que je peux retenir d’elle, c’est sa persévérance : savoir qu’on peut partir de rien et être un jour au panthéon de l’histoire. C’est un aspect très important qui doit interpeller chacun de nous. Djata était une dame qui ne pleurait pas sur son sort. Elle était pleine d’espoir, confiante en elle-même malgré ce qu’on savait déjà d’elle : orpheline dès le bas âge, enfance donc difficile. Généralement, c’est au moment où on s’attend le moins, où on peut dire : ” Ah ! Dieu merci ; parce que ça commence à aller maintenant” . C’est en ce moment que malheureusement, la mort fauche. Mais si tel a été ainsi son destin, je crois qu’il faut rendre grâce à Dieu ; aider ses enfants à grandir et souhaiter qu’ils aient surtout longue vie afin qu’ils puissent perpétuer aussi longtemps que possible la mémoire de leur mère.

Alors, Djata est restée pendant quelques jours à l’hôpital sans qu’on ne puisse envisager une évacuation quelconque parce qu’on croyait au « tout va bien du médecin ». Certains pensent que si vous étiez mieux structurés, vous aurez donné plus de chance à l’artiste que vous pleurez aujourd’hui notamment en ce qui concerne l’aspect évacuation. Qu’en pensez-vous ?
A.D. : Oui ! C’est clair que ça nous ramène à la précarité de ce que nous faisons. On ne peut plus dire que notre métier est méconnu. Malheureusement, c’est le cas ; parce qu’on nous reprochera toujours de n’être pas suffisamment organisés. C’est possible, comme disent les uns et les autres, qu’une évacuation ait donné plus de chance à notre sœur. Seulement, toute prudence observée, je ne saurai dire si quelque chose n’avait pas été déjà envisagée dans ce sens. Personnellement, je n’ai pas pu me rendre à l’hôpital parce que j’étais absente du pays. Ce qui est arrivé à Djata peut arriver à chacun de nous; donc, je suis consciente qu’il fallait y mettre du prix pour a sauver. Mais même en étant organisé, je ne vois pas comment évacuer Djata; avec quels moyens ?; les artistes seuls ne peuvent pas !. Lire les discours pendant les veillées, c’est bien; c’est même gentil mais cela ne fait pas avancé les choses. Par contre, il aurait été plus intéressant de nous aider à vivre de notre art. C’est vrai que nous sommes dans un pays où tout est prioritaire, mais qu’on n’oublie pas qu’à travers la culture, nous sommes comme des ambassadeurs de l’image de notre pays à l’extérieur.
Mais il faut que les gens cessent de dire que nous sommes un milieu où on ne s’entend pas !, ou que c’est ceci ou cela ! C’est du n’importe quoi ! on s’entend bien ! Ce qu’il faut, c’est de nous aider à mieux nous structurer. Certes, nous avons la volonté, mais il faut que l’Etat nous aide plus à nous structurer, mettre à notre disposition, un minimum de moyens pour qu’on puisse travailler dans de meilleures conditions.
Au moment où tout le monde s’accorde à dire que le cinéma régresse du fait de la rareté des financements, Kady Jolie elle, “ratisse large” les partenaires autour d’elle. Quel type de langage utilisez-vous ?
amina2.jpgA.D. : Non ! je ne pense pas que je n”ai pas une approche particulière ou différente des autres. En fait, nous ne faisons pas tous la même chose. Les uns font du cinéma et les autres la télévision. Nous , c’est la télévision que nous faisons. La différence c’est quoi ? C’est surtout au niveau des coûts de réalisation. Je note aussi qu’à Ouaga, tout se fait à la tête du client; ce qui est dommage !Mais attention, ne vous leurrez pas !; ce n’est pas parce qu’on a réalisé un film que tout est rose pour nous. On trime comme tout le monde, nous travaillons énormément avec nos banques. Souvent, je ne vous le dis pas, nous sommes au rouge. S’il y a succès, je crois qu’il est peut être dû à une question d’organisation ou relationnelle. Pour ce qui me concerne par exemple, j’ai une équipe de production extraordinaire parce que d’abord basée sur l’amitié. Enfin, comme je le disais tantôt, c’est de voir dans quelle mesure allouer un fonds à la culture. On en a besoin. Je ne parle pas du fonds du ministère qui, comme tout le monde le sait est insuffisant. Je parle surtout d’un fonds, je ne sais par quel miracle le trouver, en tout cas, un fonds qui permettra aux réalisateurs, avec des critères bien définis, de pouvoir travailler.

“SUPER FLIC”, 2ème saison est pour bientôt. De quoi sera-t-il question dans cette deuxième partie?
A.D : C’est exactement la 2ème saison de “SUPER FLIC” que nous sommes en train de tourner. Vous retrouverez pratiquement les mêmes comédiens. Seulement, nous avons voulu cette fois élargir l’horizon en nous ouvrant un peu plus à la sous région. La première saison, c’était le Burkina et la Côte d’Ivoire ; cette fois, nous avons intégré le Mali et le Niger. C’est cette manière de travailler qui m’intéresse ! . Il faut chercher à explorer autre chose que ce qui se fait habituellement; aller à la rencontre de l’autre et découvrir ce que cet autre peut m’apporter. A la fin du tournage, je voudrai sentir un brassage culturel avec des décors spécifiques à chaque pays où chacun pourrait se reconnaître voire se sentir propriétaire de l’œuvre. Voilà, si vous voulez, ma façon de percevoir et d’anticiper l’intégration.

Artistebf, octobre 2010

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