Fespaco 2019 : Le film « Hakilitan » de Issiaka Konaté en compétition officielle

Fespaco 2019 : Le film « Hakilitan » de Issiaka Konaté en compétition officielle

Issiaka Konaté est un réalisateur burkinabè qui a à son actif des long-métrages et des documentaires. Il est également enseignant à l’Institut supérieur de l’Image et du Son (ISIS). Mr Konaté figure parmi les trois réalisateurs burkinabè dont les long-métrages ont été retenus pour la compétition officielle au FESPACO 2019, avec son film « Hakilitan » en langue dioula ou « Mémoire en fuite ». C’est un film qui dure une heure et 45 minutes environ. Nous l’avons rencontré le 14 février dernier dans l’enceinte du FESPACO et, dans l’entretien qui suit, il nous parle de son film et de ses attentes quant à ce 26ème FESPACO. 

Artistebf : Votre film « Hakilitan » a été retenu pour la compétition officielle au FESPACO 2019, quels sont vos sentiments à l’issue de cette sélection ?

Issiaka Konaté : Quand on est sélectionné c’est un sentiment de joie qui vous anime et aussi de satisfaction. Il y a aussi une responsabilité parce que l’on représente un pays, toute une nation. Mon souhait est que tout se passe bien, que le film soit vu et apprécié par le maximum de gens parce que si nous faisons des films, c’est pour que ça soit vu ; un film qui n’est pas vu, n’existe pas. Ensuite, si le film est couronné de succès, ce sera la cerise sur le gâteau.

Parlez-nous un peu du film « Hakilitan »

« Hakilitan » c’est le genre de film qu’on peut qualifier d’œuvre capricieuse. J’aimerais que ça soit une expérience personnelle pour chaque spectateur. C’est un film qui évoque l’inondation de la cinémathèque africaine à travers l’histoire individuelle d’un professeur amnésique dont les pans de vie remontent par bribes. Ce n’est pas, en tout cas, un film classique.

Quelles ont été les conditions de réalisations du film ?

Ce film est une autoproduction. L’idée de faire ce film m’est venue en 2009 quand la cinémathèque a été inondée. J’ai appelé, à l’époque, Ardiouma Soma qui était le directeur de la cinémathèque pour lui demander si un cinéaste avait déjà commencé à faire un travail sur le sujet, il m’a répondu que non. Je lui ai alors dit que j’arrive. Je suis donc venu avec ma caméra, j’ai commencé à filmer mais c’était dans l’optique de faire un documentaire. Entre temps, le chantier inachevé de l’autre bâtiment du FESPACO a repris et je me suis dit qu’il serait intéressant si ce chantier pouvait faire partie. Petit à petit, l’idée a évolué vers une fiction. A un moment donné, il y a eu un appel à projet court-métrage à la direction du cinéma. J’ai eu un peu d’aide là-bas mais au fur et à mesure que l’on tournait dans le chantier, j’ai senti que ce film serait un long-métrage. On nous a ensuite accompagnés pour la post-production et on a aussi soumissionné au fond présidentiel et c’est avec ça que l’on essaie tant bien que mal de finir le film. C’est l’occasion de féliciter toute l’équipe, comédiens et techniciens qui ont accepté d’accompagner le projet quand bien même on leur doit toujours de l’argent. S’il n’y avait pas cet état d’esprit pour accompagner le film, on n’aurait rien pu faire.

Le film est-il fini ou en voie de finition ?

Le film est presque fini. Nous cherchons toujours un peu d’argent pour l’achever.

Sera-t-il au rendez-vous du 26ème FESPACO ?

On fait tout pour qu’il soit là. On fait des lignes de crédit pour pouvoir le finir en espérant que, si d’ici-là on n’a pas de soutien, le film génère des revenus afin qu’on puisse payer nos crédits.

Un budget estimatif ?

Il est difficile d’estimer le budget puisque ce sont des contributions çà et là. Si on doit budgétiser ce que moi-même je devrais avoir comme salaire, c’est énorme. Le budget de ce film est plus que celui d’un long-métrage classique. Si on prend le fonds présidentiel, c’était 325 millions pour un long-métrage pourtant avec ce film, nous sommes au-delà de ça.

Peut avoir quelques noms de comédiens qui ont joué dans ce film ?

Le comédien principal c’est François Moïse Bamba. Sa partenaire c’est Carolle N. Ouédraogo qui jouait pour la première fois. Il y a des grandes figures comme Aï Keïta, Jacob Sou, le plasticien Ky Siriki, Fatou Traoré, Michaël Zombré, etc. Il y a aussi beaucoup de nouveaux visages.

Comment appréciez-vous la représentation du Burkina Faso à ce FESPACO ?

Je trouve qu’avec trois long-métrages, le Burkina Faso est assez bien représenté ainsi qu’en court-métrage.
Comme on n’a pas vu tous les films, on espère que ce sera une belle promesse.

Le FESPACO célèbre cette année son 50ème anniversaire. Comment entendez-vous vivre cet anniversaire ?

Cet anniversaire a un caractère spécial parce que nous allons vivre ça une fois dans notre vie. Cette édition sera également un nouveau avec le FESPACO tel qu’on l’a connu. Il y a une rupture qui va s’opérer parce qu’il faut tenir compte de l’évolution technologique qui amène un changement, une rupture dans notre vie quotidienne et le FESPACO n’est pas en reste. En même temps, il y a toute une nouvelle vision qui doit se profiler et la jeunesse aura une part importante dans ça parce ces outils-là sont leur quotidien.

Des attentes particulières ?

Pour ce cinquantenaire, je souhaiterais que le rôle du Burkina Faso comme capitale du cinéma affirmé soit réaffirmé et devienne indiscutable pas seulement dans les discours mais aussi dans les œuvres que nous présentons. C’est dans ce sens que je voudrais que mon film « Hakilitan » soit compris parce que c’est un film qui vient en rupture. Quand je dis que c’est une œuvre capricieuse et fragile, c’est pour dire que c’est une démarche inédite dans notre cinématographie. J’ai envie que les critiques, les hommes du métier, fassent un travail autour de ce film qui soit à la hauteur de l’ambition du film qui va donner une rupture par rapport à notre création. Je souhaiterais que les gens soient patients et se rendent disponibles pour voir ce film. Ils verront qu’il y a une ligne de démarcation qui se fait dans notre création. J’aimerais bien que les jeunes s’emparent de ce sillage pour mieux le pousser, le porter plus haut que moi je l’ai fait.

Propos recueillis par Ashley KABORE

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