RASSAD : Réseaux d’Achat pour la Sécurité Alimentaire de la Diaspora

RASSAD : Réseaux d’Achat pour la Sécurité Alimentaire de la Diaspora

Elles sont deux associations à mutualiser leurs ressources dans le cadre de la sécurité alimentaire au Burkina Faso. Elles, ce sont l’ONG TAMAT et Initiative Communautaire Changer la Vie (ICCV)/Nazemsé . Dirigées respectivement par l’italien Pierrot SUSINI et Simon NACOULMA, TAMAT et ICCV avec le projet Réseaux d’Achat pour la Sécurité Alimentaire de la Diaspora burkinabè d’Italie (RASAD) travaillent à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle aux populations vulnérables. Dans cet élan de solidarité et dans le but de rapprocher les producteurs aux consommateurs,  il sera procédé ce 17 février  2018 au siège d’ICCV au quartier Cissin, au lancement d’une des activités du projet, une cérémonie bien entendu qui entre dans le cadre de la sécurité alimentaire. Pour en savoir davantage sur ce projet, nous avons rencontré les  responsables  des deux structures membres du RASAD.

Pierrot SUSINI et Simon NACOULMA nous en parlent …

Pierrot SUSINI  ( P.S.) : Le projet, c’est RASAD.  C’est une deuxième phase d’un projet qu’on avait commencé depuis 2015 sur la sécurité alimentaire. Le but principal était de rapprocher des producteurs agricoles notamment, ceux des cultures maraîchères et les consommateurs. C’est une approche innovatrice parce que la sécurité alimentaire est basée surtout sur la production. Pour commencer, nous avons mis en place une banque de céréales où nous allons  vendre les produits alimentaires et faire aussi des transformations alimentaires.  Nous avons mis les jardinières et les restauratrices ensemble afin qu’elles travaillent en synergie pour valoriser l’art culinaire  burkinabé. Pour cela, nous envisageons utiliser  presque 100% des produits locaux pour répondre au slogan “consommer burkinabé” et rapprocher les clients à l’habitude alimentaire des burkinabé.

Pierrot SUSINI : Directeur de l’ONG TAMAT

Dans combien de pays est implantée l’ONG?

P.S. : Nous sommes présents au Burkina Faso, au Mali, en Tunisie, dans la méditerranée, en Amérique latine notamment  Amsturinam, en Bolivie, au Pérou, dans les pays des balcanes de l’Europe orientale, en Bosnie de Herzégovine en Albanie et en Serbie.

Dans quel contexte se tient cette activité ?

Simon NACOULMA (S.N.) : L’activité se tient d’abord sous l’angle de la sécurité alimentaire, du partenariat entre le Burkina et l’Italie mais aussi sous l’angle d’un projet de trois ans RASAD (Réseau pour la Sécurité Alimentaire avec l’Appui de la Diaspora Burkinabé). Nous avons 20 000 Burkinabé en Italie qui captent non seulement les fonds de l’Italie mais bénéficient de l’expertises italienne en termes de formation et d’ouverture culturelle.

S.N.: TAMAT et ICCV ont identifié des axes d’intervention pour voir comment d’une manière ou d’une autre apporter notre pierre à la construction nationale et au développement de l’agriculture au Burkina. Ainsi, nous avons trouvé deux agronomes de grande facture qui assurent le côté formation des paysans dans 05 communes autour de Ouagadougou. Il s’agit de Koubri, Komsilga, Louksi, Komki Ipala et Ouaga même. La formation étant assurée, nous accompagnons ces paysans sous l’angle de l’agro-écologie. Deuxièmement, nous leur accordons des microcrédits qui permettent aux paysans de payer les intrants et du nécessaire pour produire.  Nous apportons aussi l’espace d’écoulement à travers la jardinière,  le restaurant et la banque de céréales qui permettent aux paysans  d’écouler leurs produits. Ces deux aspects permettent d’assurer la transformation et la vente en sensibilisant la population sur ce que c’est que “bien manger”.

Comment l’activité sera-t-elle menée concrètement sur le terrain?

S.N.: Sur le terrain, nous avons déjà installé des groupements paysans sur les cinq communes. Il y a aussi les acquis du projet passé qui sont à renforcer. Le centre multifonctionnel de Cissin, le groupement paysan de Koubri qui a à ses côtés une maison de la femme

A la récolte, nous achetons une bonne partie pour la jardinière ou pour le centre multifonctionnel. Mais le premier bénéficiaire c’est le paysan parce qu’il produit et il mange. Il permet aussi d’employer dans les champs d’autres intervenants, donc  on crée de l’emploi et à la fin, des enfants peuvent aller à l’école, les femmes qui ont le microcrédit peuvent prendre soin de leur personne. Il y a une femme qui nous a dit que depuis qu’elle fait la transformation, son mari ne la bat plus et pour moi c’est le plus grand résultat du projet de 2015, le fait d’avoir pu réinstaurer une dignité dans une famille. C’est comme si ce microcrédit  a donné à cette femme sa féminité. Enfin, elle n’est plus battue. C’est parfois des petits résultats qui montrent que si ce projet n’était pas là, il fallait le faire parce que nous aidons plusieurs personnes dans ce sens.

A quoi serviront les produits récoltés?

S.N.: Ils serviront premièrement aux producteurs parce que nous sommes dans le cadre de la sécurité alimentaire. C’est l’agriculture familiale qui est encouragée ici et du coup, c’est toute la famille qui gagne et ensuite, il y a les autres consommateurs. Notre idée, c’est de rompre la chaîne des intermédiaires. De coutume, le paysan produit, de grands commerçants vont à Ouaga, rachètent en gros, viennent stocker et font le spéculation. Les deux personnes clés de la chaîne perdent. Le producteur n’a rien et le consommateur doit débourser énormément pour pouvoir consommer. Notre objectif, c’est de faire le lien entre le consommateur et le producteur de sorte qu’ils puissent discuter, trouvent un terrain d’entente et finalement tout le monde gagne.

Simon NACOULMA : Coordonnateur de ICCV/Nazemsé

Quels seront les critères de redistribution ?

S.N.: C’est compliqué de connaitre le plus pauvre. Nous sommes une association qui a 16 ans d’existence et qui accompagnent les orphelins, les veuves, les jeunes en difficulté. Pour cela, nous disposons des registres de familles défavorisées et nous avons aussi des fiches d’enquêtes sociales qui nous orientent vers les personnes vulnérables, c’est-à-dire, vers les personnes qui sont véritablement dans le besoin.

Quel est votre dernier mot?

P.S. :  Je voudrais revenir sur les rapports que nous avons avec l’institution parce que c’est très important. Nous avons invité le maire adjoint de Koubri en Italie pour un échange avec nos institutions et nous l’avons amené dans notre université pour faire une conférence sur la politique de décentralisation des autonomies locales au Burkina Faso. C’est bizarre;  mais c’est exactement cela la vraie coopération. Tout le monde peut apprendre de quelqu’un à travers le partage d’expérience. Les réalités burkinabés et italiennes sont certes très différentes mais il y a toujours des points communs sur lesquels, l’expérience burkinabè pourrait être utile aux communautés italiennes. C’est cela aussi le rôle de l’ONG et nous en sommes bien réconfortés.

S.N.: Nous voulons montrer aussi que la diaspora burkinabé en Italie  est un potentiel à valoriser et qu’il est grand temps de mettre en place un mécanisme de retour de ces personnes sous l’angle de la dignité. Nous souhaitons que la reconnaissance que nous avons de l’Etat et des autres partenaires s’approfondisse et que notre démarche rencontre  l’adhésion de tous. Nous souhaitons rencontrer des scientifiques, des femmes, des jeunes, voir avec  des ambassades pour qu’ensemble, nous fassions de la sécurité alimentaire une vraie réalité au grand bonheur des familles et des paysans du Burkina.

Fatim BARRO

Nathalie W. SEBGO (stagiaire)

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