Fespaco 2023 : Centenaire de Ousmane SEMBENE, les souvenirs marquants

Fespaco 2023 : Centenaire de Ousmane SEMBENE, les souvenirs marquants

En avant grande première sur ArtistesBF, nous rendons hommage à l’Aîné des anciens. Grosse pipe, Casquette de marin, besace, tee-shirt sont entre autres les signes caractéristiques de cette imminente personnalité à laquelle le FESPACO s’apprête à rendre hommage pendant sa 28è édition.

Né dans les années 1923, SEMBENE Ousmane (puisque c’est de cet aîné qu’il s’agit) aurait, si Dieu lui prêtait longue vie, célébré son centenaire en cette année 2023. Quels souvenirs gardons-nous de l’auteur de « Docker noir » , « Le Mandat » ou « Les bouts de bois de Dieu » ?

Dans cette série d’entretiens, Alimata SALEMBERE, Gaston KABORE, Gustave Sorgho et Georgette PARE nous éclairent par leurs témoignages sur le passé de Ousmane SEMBENE. Mais avant, nos 04 invités croisent leurs regards sur le FESPACO tel qu’il est organisé depuis 1969 et dévoilent leurs contributions à cette 28è édition.

Nous vous proposons, déjà, de suivre le témoignage du comédien Gustave SORGHO.

Gustave SORGHO (GS): Pour ce 28ème FESPACO,  nous attendons de voir les projections des films dans lesquels j’ai joué. Je souhaite bon vent au FESPACO et au Burkina Faso dans ce défi qui est d’organiser le festival pendant cette période assez particulière.

Je suis tout de même désabusé parce que le FESPACO, en tant que festival panafricain du cinéma, n’a pas encore atteint son niveau d’organisation panafricaine. Selon moi, l’organisation panafricaine, c’est la participation de tous les pays Africains.

Les fondateurs du FESPACO se sont basés certainement  sur cette solidarité Africaine, pour faire en sorte que Ouagadougou soit la capitale du FESPACO, avec l’accompagnement de tous les Etats Africains. Et lorsque l’on fait d’un pays l’invité d’honneur, il doit participer au budget. Je pense que ça devrait être cela l’image du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou.

François BASSOLET, Alimata SALAMBERE, Timité BASSOURI, Oumarou GANDA et SEMBENE Ousmane, en  créant le FESPACO, avaient le sentiment que quelque chose de grand se préparait, afin qu’on ait un niveau vraiment respectable du cinéma Africain.



Quoi qu’on dise en Afrique,  notre culture est prépondérante. Quel que soit l’Etat, nous sommes d’une même culture et nous devons faire en sorte qu’elle auréole de par le monde. L’Afrique doit apprendre à rester elle-même afin de ne pas perdre ses valeurs culturelles.

Art.BF : Que peut-on faire, selon vous, afin que le FESPACO devienne l’apanage de tous les pays Africains et non du Burkina Faso seulement ?

GS : Financièrement, techniquement et matériellement,  c’est le Burkina Faso qui supporte toutes les charges liées au FESPACO. Le sens du panafricanisme est donc à revoir. Nous avons fait le cinquantenaire, et j’ose espérer que les 50 autres années à venir seront panafricaines.

Aussi, que chaque pays invité d’honneur puisse apporter sa contribution afin qu’on puisse combler le budget du FESPACO.

J’ai bon espoir que cela se fera avec tous les pays Africains.

Art.BF : Peut-on avoir une idée (même vague) des films dans lesquels vous avez joué ?

GS : Longs métrages et courts métrages confondus, on peut parler de 100,150 voire même 200. Mais vraiment,  je n’aime pas les  quantifier, parce qu’il y a des films dans lesquels j’ai joué sans même signer un contrat.

Comme le disait un grand homme de cinéma Ousmane SEMBENE :  » J’ai écrit des livres, mais ce n’est pas tout le monde qui va les lire. Mais je pense que les images parlent mieux et voyagent encore plus. »

Donc, je ne peux pas quantifier exactement mes films.  Mais je sais que j’ai fait un nombre important de films.  J’ai vécu un nombre important de fois des personnages, et cela représente du bonheur pour moi.

Art.BF : En janvier 2023, Ousmane SEMBENE aurait, si Dieu lui avait prêté longue vie, fêté ses 100 ans. Vous avez toujours été considéré dans le milieu culturel comme étant son  » Neveu ». Parlez-nous de vos premiers contacts avec l’homme.

GS : J’ai rencontré SEMBENE Ousmane dans l’année 1977 ou 1979.  J’avais à peine 19 ans. C’était pendant le FESPACO, lors de la projection d’un film.  Et c’est grâce au Président Sangoulé LAMIZANA, qui était aussi sur les lieux, que j’ai pu approcher SEMBENE. Depuis  ce jour et jusqu’à sa mort, je pense que j’ai été son ombre, son messager; et on m’appelait même le « neveu » de SEMBENE Ousmane.

Je me rappelle de son casting pour son film  » Camp de Thiaroye « ,  qu’il a organisé à l’hôtel indépendance. Il a cherché en vain un personnage qui avait des balafres.  Je me souviens aussi de son film « MOOLAADE », dans lequel il m’a confié le rôle de Ben Laden. Et pour ce rôle, j’ai dû laisser pousser ma barbe pendant au moins 2 ans.

Art.BF : S’il vous était donné de faire le portrait-robot de SEMBENE, comment l’auriez-vous présenté à la jeune génération ?

GS 🙁sourire)  SEMBENE Ousmane, c’est la pipe, le chapeau marin  et son sac (besasse) en bandoulière. Si vous voyez une personne comme ça,  assis et silencieux, c’est SEMBENE.

Art.BF : Pensez-vous que Ousmane SEMBENE ait impacté la jeune génération dont vous avez fait partie en termes de leçons de vie et de valeurs ?



GS : Oui ! Il m’a donné le goût de la lecture,  du cinéma et du travail bien fait. C’était une personne méthodique, qui allait à l’essentiel dans toutes ses pratiques. SEMBENE Ousmane, c’est une conviction.

Il a tellement impacté le Burkina Faso qu’il était beaucoup plus ici qu’au Sénégal. Il y a une salle de conférence à l’ »Hôtel Indépendance » qui porte son nom,  une  rue  » SEMBENE Ousmane »  à Ouaga 2000, et  il figure dans les colonnes de l’Etalon de Yennega à la place des cinéastes. Il se faisait appeler l’Aîné des anciens.

Il a impacté beaucoup de jeunes dans la lecture et le cinéma. Certains sont devenus des écrivains, et  d’autres des cinéastes. SEMBENE Ousmane a laissé une tache indélébile dans la mémoire collective des jeunes.

Art.BF : Quels sont vos souvenirs les plus marquants avec SEMBENE Ousmane ?

GS : Même assis en silence auprès de SEMBENE, on apprend. Il n’a pas besoin de parler beaucoup. Mais vous avez besoin de remarquer et d’être en symbiose avec lui dans ce silence pour comprendre. Quand tu sais être à côté d’un vieillard, tu acquiers beaucoup de connaissances,  de savoir-vivre et de savoir-faire. Je garde vraiment un immense trésor de SEMBENE.

Art.BF : Votre mot de fin

GS : Je prie Dieu et les mânes de nos ancêtres de faire en sorte, que cette année le FESPACO puisse honorer  de la bonne manière SEMBENE Ousmane pour ses 100 ans.

Patrick COULIDIATI

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