A la faveur de la commémoration de la 167è Journée Internationale de la Femme, Hortence OUEDRAOGO nous dévoile en ce 8 mars 2024, la championne enfouie en elle. Au delà de son message oral aux femmes, la danseuse professionnelle a aussi voulu nous le dire à travers un petit spectacle de danse qui n’est autre que son combat. (lire la vidéo) :
« Etre danseuse n’est pas synonyme de légèreté »
« La danse est un combat » (Dixit Hortence OUEDRAOGO).
Comment ont été vos débuts dans la danse contemporaine ?
(Soupir). Tout début est compliqué. Lorsque j’ai commencé, nous avons suivi un programme bien organisé qui nous a permis de nous familiariser avec les cours. Les premières semaines sont consacrées à la connaissance de son propre corps. Il est facile de dire que je m’appelle « Tant, mais en réalité, on ne se connaît pas vraiment. Je dois avouer qu’au bout d’une semaine de cours, j’ai pensé que je n’y arriverais pas. J’ai même envisagé d’abandonner en me demandant qui m’avait envoyé dans ce “bourbier”. Mais grâce à l’amour que j’avais pour cet art j’ai pu continuer. En tout cas, les débuts n’ont pas été faciles.
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Quelles sont les matières enseignées en danse ?
Il y en a plusieurs. En plus de la danse, nous avons étudié le théâtre, la musique, le jardinage, la lumière, la scénographie, la communication.
Quelle était votre bête noire, la matière la plus de difficile ?
J’aimais toutes les matières et je n’ai pas rencontré trop de difficultés. Cependant, l’éclairage a été un peu compliqué car il y avait des câbles, des fils et des termes techniques difficiles à maîtriser. Mais je pense que lorsque l’on aime quelque chose, la barrière des difficultés tombe. Certaines personnes disent que la scène est trop compliquée, mais il y en a qui sont à l’aise sur scène.
Pourquoi la plupart des danseurs ont-ils un code vestimentaire pas très décent ? ( trop de colliers, de bracelets à tous les poignets et au cou, pantalons déchirés ). Est-ce le métier qui l’exige ?
Non !. A moins que ce soit pour une création. Les accessoires que l’on porte lors d’une prestation doivent raconter quelque chose. C’est pourquoi, la plupart des danseurs ont un style vestimentaire similaire.
Encore une fois, c’est une mauvaise image qu’on associe aux danseurs ou aux autres artistes. Je pense que c’est la mode qui est en train de nuire un peu à notre image. Il y a des vêtements que je peux ou non porter selon des contextes. Des pantalons déchirés ne conviennent pas dans certaines situations. Par exemple, si je viens chez vous un matin avec un jean déchiré, cela ne serait pas approprié.
Quelle est la durée de formation en danse ?
Mon cursus a duré trois ans et j’ai terminé en décembre dernier. J’ai commencé en 2021 et j’ai fini en 2023. J’ai obtenu un certificat. Avec ce certificat, on devient danseur professionnel car on a acquis les compétences et les connaissances nécessaires dans le domaine de la danse. On peut ensuite transmettre une partie de notre savoir en donnant des cours. Cependant, il y a d’autres étapes à franchir pour devenir professeur de danse, car tout le monde ne peut pas enseigner cette discipline. L’avantage avec ce certificat, on a la possibilité d’intégrer de grandes compagnies de danse pour des tournées.
Les difficultés dans ce métier ?
En tant que femme dans le milieu de la danse, certaines langues nous collent déjà l’étiquette de femme ou de fille légère. Pourtant, la danse est un métier comme tout autre. Je connais des filles qui dansent, je peux m’asseoir les regarder sans les juger parce que chacune mène sa vie qui est d’ailleurs un combat personnel. Je crois qu’il est temps de montrer à l’opinion qu’être danseuse n’est pas synonyme de légèreté. C’est un combat que chaque femme artiste doit mener pour inverser la tendance.
Quel message avez vous à l’endroit des femmes à l’occasion de la Journée internationale de la femme ?
Mon message à toutes les femmes à l’occasion de la Journée internationale de la femme 2024, est d’abord de les encourager pour ce qu’elles font déjà pour se libérer des pesanteurs socio-culturelles. Nous vivons dans une société où la femme est traitée de différentes manières. Au lieu de nous morfondre dans nos maisons, à pleurnicher, il est temps de se réveiller. C’est à nous de prouver que nous sommes aussi capables aux côtés des hommes de changer positivement le monde.
J’encourage toutes les femmes à ne pas céder au découragement. Je les exhorte à entreprendre, à faire ce qu’elles aiment, surtout dans le métier qu’elles savent faire le mieux. Peu importe le choix que vous feriez, faites le surtout avec amour, sincérité et rigueur. En effet, si vous faites preuve de rigueur, vous atteindrez vos objectifs.
Mot de fin
Je tiens à remercier tous mes mentors, en particulier M. Salia SANOU qui nous a donné l’opportunité de nous développer en créant le CDC La Termitière. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Je tiens également à remercier toutes les belles âmes que j’ai rencontrées et qui n’ont ménagé aucun effort pour que je puisse me sentir bien dans mon choix; car c’est grâce à elles que j’ai pu avoir confiance en moi et pouvoir convaincre mes parents que la danse n’est pas de la dépravation, mais un métier.
Message chorégraphique
‘’Je suis femme, je suis africaine, nous venons tous de la terre mère, nous portons la vie et nous devons nous battre pour ce que nous cherchons.’’
ArtistesBF
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