Le Chrétien en tant que " Sel et Lumière" sur les réseaux sociaux

Le Chrétien en tant que " Sel et Lumière" sur les réseaux sociaux

Le boom numérique apparu en Afrique de l’Ouest les dix dernières années n’ont pas seulement opéré que des changements qualitatifs  dans les villes et dans les campagnes en matière de communication.  Si avec l’avènement des réseaux sociaux, le monde est désormais moins fermé par rapport aux années des indépendances,  l’utilisation de ces outils numériques n’est pas tout de même sans problème. L’Abbé Justin ZANGRE, aumônier des groupes sociaux et par ailleurs, curé de la paroisse Universitaire Saint-Albert-Le-Grand de la Rotonde,  à travers son opuscule intitulé  » Réseaux sociaux et responsabilité chrétienne » , tire sur la sonnette d’alarme. Il attire l’attention du chrétien sur les dérives de ces réseaux sociaux auxquels l’utilisateur s’adonne souvent sans modération. L’exposition et l’estime de soi, le social et le culte de la personnalité sur les réseaux sociaux sont autant de comportements  selon l’auteur de l’œuvre qui  empêcheraient le chrétien de  vivre pleinement sa foi.

Dans  l’entretien qu’il nous a accordé, le curé de la paroisse Universitaire Saint-Albert-Le-Grand de la Rotonde,  invite le chrétien à plus de responsabilité sur les réseaux sociaux et mieux, à être le « Sel et la lumière » sur les réseaux sociaux.

D’entrée de jeu, l’Abbé Justin ZANGRE nous fait l’état des lieux des Réseaux sociaux au Burkina.

Lire aussi :  « Réseaux sociaux et responsabilité du Chrétienne »

Abbé ZANGRE : Il faut dire aujourd’hui que les réseaux sociaux au Burkina sont présents dans les villes comme dans les villages. A travers les  supports tels les téléphones, les smartphones, les ordinateurs, les gens vont  facilement sur les réseaux sociaux et chacun y dépose ce qu’il veut en fonction de ses centres d’intérêt, de ses convictions et de ses vues.  Les réseaux sociaux au Burkina Faso sont donc bien connus. Mais ils ne sont pas toujours bien exploités. C’est la raison donc  qui nous pousse aujourd’hui à mener cette réflexion sur les « Réseaux sociaux et la responsabilité du chrétien » et pas seulement.

Etant donné donc que les réseaux sociaux sont des espaces où les êtres humains se retrouvent, où chacun peut rejoindre l’autre, où les distances ne sont plus des barrières, il est bien de rappeler ce que l’Église attend du chrétien quant à l’utilisation des réseaux sociaux. En effet, en même temps qu’ils sont une grâce, on se rend compte qu’ils peuvent aussi être une disgrâce pour les personnes qui les utilisent et ce,  à tous les niveaux (famille, pays, continent et même planétaire). Donc, c’est pour amener les gens  à une utilisation consciente et responsable des réseaux sociaux que cet opuscule a été écrit.



ArtBF : Pouvez-vous nous rappeler brièvement le contenu de votre livre ?

L’Abbé Justin ZANGRE, aumônier des groupes sociaux et par ailleurs curé de la paroisse Universitaire Saint-Albert-Le-Grand de la Rotonde

Abbé ZANGRE : En le parcourant, vous découvrirez la vision de l’Église catholique à travers l’enseignement des papes, à travers son magistère sur les réseaux sociaux, les bienfaits mêmes des réseaux sociaux aussi bien pour les relations interpersonnelles, qu’intercontinentales et interplanétaires.

Enfin, nous y évoquons les dérives qu’on peut aussi constater sur les réseaux sociaux et auxquelles il faut faire beaucoup attention. Etant donné que c’est un couteau à double tranchant, il faut donc l’utiliser dans le bon tranchant pour que ça ne cause pas des catastrophes pour notre vie.

ArtBF : Pourquoi avoir  restreint votre étude aux chrétiens seulement alors qu’aujourd’hui, les utilisateurs des réseaux sociaux vont au-delà de cette restriction ?

Abbé ZANGRE : En tant que chrétien et surtout en tant que pasteur, j’ai voulu d’abord  m’adresser aux chrétiens pour rester cohérent envers moi-même. Si les chrétiens donnent l’exemple, cet acte fera sans nul doute tache d’huile. Si ce n’est pas le cas, en tant que groupe qui se doit être « sel et lumière »,  leur comportement aussi va entacher les autres. Ce n’est donc pas une restriction en tant que telle parce que si vous parcourez le document, on s’apercevra qu’il y a une ouverture qui concerne tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté.

Imaginez que pour des raisons de marketing, je l’intitulais  » Réseaux sociaux et responsabilité de l’utilisateur « comme vous le souhaitiez. Un lecteur découvre en le parcourant que son contenu est seulement adressé aux chrétiens; quelle pourrait être la réaction de ce lecteur ? C’est un titre qui sera perçu comme une tromperie sur la marchandise.

Alors donc, Je profite encourager d’autres personnes à écrire quelque chose de ce genre sur d’autres valeurs religieuses pour compléter ainsi l’œuvre et lui donner un élargissement.



ArtBF : Qu’elle pouvait être selon vous l’importance des réseaux sociaux pour l’Église?

Abbé ZANGRE : Les réseaux sociaux sont très importants pour l’Eglise parce qu’ils sont des espaces de communication. Et l’Eglise ne peut pas toujours se contenter des moyens traditionnels qu’elle utilisait pour sa communication. Il faut que l’Eglise investisse les réseaux sociaux pour distiller le message de l’Évangile. C’est une manière de donner aux réseaux sociaux, le Christ et le Christ, aux Réseaux sociaux. Que le Christ par son message d’amour, de paix,  de réconciliation, de respect de la dignité humaine de promotion et à travers toutes les valeurs qui construisent durablement l’humanité, puisse être entendu sur les réseaux sociaux.  Voilà pourquoi l’Église ne peut pas se mettre en marge de l’utilisation de ce moyen précieux de communication.

ArtBF : Et comment appréciez-vous le comportement de toutes ces personnes qui se font des selfies ou qui se montrent bien habillés ou coiffées sur les réseaux sociaux ?

Abbé ZANGRE : Alors, on se demande dans quel but toutes ces personnes auxquelles vous faites allusion le font et publient sur les réseaux sociaux? Est-ce pour se faire voir ? pour se faire plaisir ? ou pour montrer qu’elles existent tout simplement…Si  l’acte est posé dans le sens de cultiver une certaine personnalité, ce serait à la limite ridicule. Sur les réseaux sociaux, on est sûr d’aujourd’hui; mais nous ignorons ce que demain sera fait. La vie de l’être humain est toute une évolution. Il y a beaucoup de gens qui se sont fait rattrapés par des faits du passé. C’est donc interpeler le chrétien en tant que disciple de Jésus à  réfléchir avant de poser tout acte sur les réseaux sociaux. On pourrait par exemple se demander avant de poster quoi que ce soit sur les réseaux sociaux, « Est-ce Jésus et son évangile qu’il faut mettre en avant ou c’est moi-même ? ».  Alors si le chrétien occulte Jésus pour se mettre en avant, c’est ce qu’on appelle l’orgueil. Or l’orgueil ne construit pas une personne encore moins, une nation. Il faut beaucoup d’humilité et dans certaines situations,  de l’effacement et du silence.



ArtBF : En guise de conclusion, que doit retenir le chrétien utilisateur des réseaux sociaux?

Abbé ZANGRE : Le rôle du chrétien est d’être  » Sel et Lumière » sur les réseaux sociaux, être des êtres exemplaires par rapport à ce qu’ils voient, postent ou qu’ils transmettent.

A l’endroit des autres utilisateurs des réseaux sociaux dans le contexte sécuritaire, chaque utilisateur doit être responsable parce que cette situation est la nôtre. Chacun doit apporter sa pierre en se posant un certain nombre de questionnements sur ce que ses publications peuvent apporter de bien à son pays ou à l’humanité toute entière. Eviter de partager ce qui pourrait même diviser deux personnes ou qui pourrait avoir une coloration négative sur le vivre-ensemble.

Je termine en disant que le livre est bien sûr intitulé  » Réseaux sociaux et responsabilité chrétienne », mais on pourrait aussi le lire « Réseaux sociaux et responsabilité citoyenne ».  On y trouvera toujours des valeurs qui vont édifier notre être.

L’œuvre de 71 pages qui est parue aux éditions  » Les presses africaines » mesure environ 160 mm x 115 mm, une brochure donc de poche disponible à la librairie  » Jeunesse d’Afrique », à la radio et TV  « AVE Maria » et au niveau des paroisses au prix de 2000 frs CFA .

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