La 24e édition du Fespaco gagne progressivement sa vitesse de croisière. A mi -parcours de ce festival, beaucoup s’interrogent déjà sur la fin du festival. Les festivaliers et les cinéphiles, bien que n’ayant pas tous les films, commencent à se faire quelques idées sur le successeur d’Alain GOMIS. Les plus stressés seraient surtout les réalisateurs dont les œuvres sont dans la course pour l’Etalon d’Or de YENNENGA. Les jours restants ne se comptent donc plus sur des calendriers mais plutôt sur les doigts; un véritable cauchemar aggravé ces derniers jours par le retour officiel du film “Timbuktu”.
Si certains sont déjà sonnés par le retour de ce film dans la compétition, d’autres par contre gardent haut le moral. Sékou TRAORE, le réalisateur du film “L’œil du Cyclone ” fait parti certainement de ceux-là. Il n’est pas inquiété; c’est du moins ce qu’il a nous laissé entendre lors d’un entretien qu’il nous accordé.
Sékou TRAORE, réalisateur du Burkina Faso
Je suis Sékou TRAORE, réalisateur burkinabé. J’ai été directeur de production de plusieurs films africains. Cette année, je suis en compétition long métrage cinéma avec un film qui s’appelle” l’œil du Cyclone”.J’ai fait également quelques courts métrages et beaucoup de documentaires.
L’œil du cyclone est donc votre premier long métrage ?
Tout à fait!Sinon que j’ai fait un moyen métrage de 45 mn qui a été en compétition au FESPACO 2001. Mais puisque les moyens métrages sont classés comme des courts métrages; donc c’était un court métrage de 45 mn.
Cette année, on a aussi en Compétition le film “Timbuktu”. Est-ce que la 
présence de ce film au FESPACO vous stresse un peu ?
Pas du tout! Quand je décide d’être à une compétition, je ne tiens plus compte de ce qui est déjà passé mais de ce qui va venir après ce FESPACO. Je tiens compte d’un Jury qui est là, qui va juger tout le monde et qui a ses critères. Maintenant, si un Jury peut être influencé par un autre, il cesse d’être un Jury. Si le Jury de Cannes doit tenir compte des Jury des Etats Unis, il est foutu parce qu’il ne s’en sortira pas. La preuve, il y a eu le jury des “CESAR” en France et celui des “OSCAR” aux Etats Unis. Il y a eu un film qui n’avait rien obtenu aux “CESAR” en France et c’est finalement ce même film qui a obtenu l’OSCAR du film étranger aux Etats Unis; c’est ça un Jury. Sinon, ce serait facile de dire que tel film ayant obtenu les “OSCAR”, donnons- lui aussi tel prix…. Dans un tel cas de figure, un jury ne vaut plus la peine, ou à la limite, ce sera un jury mondial basé à quelque part dans le monde. Pour ma part, dès que nous sommes en compétition, tous les réalisateurs doivent se sentir sur le même pied d’égalité et oublier leurs problèmes de réalisation ou de production qu’ils ont rencontrés.
De quoi parle votre film “l’œil du cyclone ?”
C’est l’histoire d’un jeune enfant soldat qui devient rebel. Il est capturé par les militaires de son pays qui, au lieu de l’exécuter (comme ils avaient coutume de le faire) décident de le juger. Comme vous le savez, dans les pseudo-démocraties, il n’y a pas de vraie justice. La jeune avocate qui est commise d’office pour défendre ce Rebel se révèle être une tête brûlée. Cherchant coûte que coûte à faire triompher la justice, elle commence à faire tomber les institutions de l’Etat; ce qui va provoquer une sorte de révolution dans le pays.
Pour notre part, nous souhaitons bon vent à Sékou TRAORE et à son film parce qu’avec un tel optimisme, l’espoir est permis.
Izabella MAYA
