Missa HEBIE, cinéaste du Burkina Faso; souffrant, mais stressé aussi …

Missa HEBIE, cinéaste du Burkina Faso; souffrant, mais stressé aussi …

Après l’œil du cyclone de Sékou TRAORE, voici la seconde œuvre cinématographique burkinabé en compétition. Il s’agit du film ” Cellule 512″ du réalisateur Hébié MISSA. Ce film est le 3è long métrage dans le palmarès officiel de ce réalisateur. Hébié Missa est auteur également de plusieurs séries télé à succès dont “Commissariat de TAMPY, ” SITA” et “L’As du Lycée”. Malgré son état grippal, il a accepté nous recevoir dans le cadre de la 24è édition du FESPACO. L’admission du film “TIMBUKTU” dans la compétition n’est pas sans stress au regard du succès international de ce film. Mais qu’à cela ne tienne, il reste confiant !


Missa HEBIE, (H.M.) :
Je suis Missa HEBIE, cinéaste burkinabé. Dès mon jeune âge, j’aimais aller au cinéma.C’était au temps des westerns et j’aimais regarder ces films. Quand j’étais au collège, on faisait le mur pour aller voir les films. On était puni, mais ça ne nous empêchait pas de recommencer. Et c’est comme ça, que petit à petit le gout m’est resté. J’étais d’abord instituteur puis je me suis inscris aux cours du soir, seconde, première et terminale. Après le bac, j’ai décidé de faire du cinéma; c’est un très beau métier !

Votre film n’a pas été sélectionné pour l’ouverture du festival, quel est votre ressenti?
H.M. : Oh non ! Ça ne me fait rien du tout ! Je n’ai jamais imaginé que mon film soit sélectionné pour l’ouverture du festival. Ma première victoire, c’est le fait que mon film ait été sélectionné pour la compétition officielle; cela me suffit. Qu’il soit projeté en ouverture ou qu’il soit programmé le dernier jour du festival, ça ne me dérange pas du tout. L’essentiel est qu’il soit projeté à une bonne heure, dans de bonnes salles et que le public puisse le voir.

De quoi parle votre film?
H.M. : Mon film ” Cellule 512″ est sélectionné au FESPACO en compétition long métrage. c’est parti d’une histoire banal, une dame qui est au volant de sa voiture en circulation et qui fait un accident et ça vie bascule, elle se retrouve en prison. Comme elle est assez belle, elle est victime de harcèlement sexuel, de violence sexuelle, de tous les petits maux qu’on peut trouver en prison. Ça nous permet donc de renter dans les coulisses des prisons africaines, ça nous permet de voir les rapports entre les gardes pénitenciers et les prisonniers ou les prisonnières, le rapport entre les prisonniers entre eux, les prisonnières entre elles.

Est-ce que vous êtes stressé du fait du retour du film “Timbuktu” dans la compétition ?
H.M. : C’est vrai qu’on est stressé parce qu’avec tous le succès que ce film a eu, on ne sait pas ce que ça va donner. Mais ce qui est sûr, on est là ! Mais si le comité de sélection a retenu notre film, c’est qu’il est compétitif et qu’il peut prétendre à l’Etalon. Même si on n’a pas l’étalon, ce n’est pas grave, ce serait pour une prochaine fois. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’on va le rater. Mon grand espoir, mon grand souhait est que le public puisse aimer mon film. Si le public voit et aime mon film, c’est le premier Etalon qu’on puisse espérer. Il y a des films que le public boude en sortant des salles. Si en plus, on obtient des prix spéciaux ou un des étalons (parce qu’il y en a 3).

Pourquoi ce stress quand on a surtout confiance à son produit ?
H.M. : Oui ! on a toujours confiance à son film sinon, on ne le ferait pas. Quand on fait un film, c’est qu’on a confiance; sinon pourquoi le tourner ? J’ai confiance en mon film et je me dis qu’il est valable et il est compétitif pour l’étalon.

Tous les acteurs que vous avez casté pour ce film sont-ils tous Burkinabé ou avez-vous fait un casting international?
H.M. : Cette fois, presque tous les comédiens sont burkinabé. C’est différent du film précédent où j’avais plus de moyens. J’avais fait venir un comédien de côte d’ivoire, un du Sénégal, deux du mali, ce n’est pas le cas pour ce film. Le casting s’est déroulé au Burkina, il est très bien fait et je suis très satisfait du jeu des comédiens.

Vous avez mis combien de temps pour réaliser ce film?
H.M. : L’écriture nous a pris beaucoup de temps parce que nous avons fait presque deux ans pour écrire. On avait l’idée en tête, on a d’abord fait un premier court métrage et tout est parti de là. Le temps de réunir le financement nous à pris également deux ans. Pour tourner, nous avons mis trois mois pour la préparation et le tournage. Enfin, il fallu 4 à 5 mois pour faire le montage.

Combien avez-vous investi dans ce film?
H.M. : Ah ! Mon producteur m’interdit de continuer de parler de budget (rires). Donc, je ne vous en dirai pas.

Parlons des cachets des comédiens; avez-vous fait du miracle à ce niveau ?
H.M. : Non ! Nulle part je ne parlerai de cachet ni de mes techniciens, ni de mes comédiens. C’est secret, j’allais même dire confidentiel entre le producteur, le comédien et le technicien.

Dans quel pays avez-vous tourné ce film ?
H.M. : Au Burkina et particulièrement à Ouaga notamment à SOMGANDE où nous avons construit nos cellules parce qu’on n’a pas eu la permission de le faire à la MACO. Le Ministre était d’accord mais le directeur de la prison civile a trouvé que le sujet était un peu compromettant pour eux. Donc, il a refusé et on a trouvé notre décor ailleurs.Mais c’était une belle expérience parce que nous avons eu de très belles cellules, de très beaux couloirs et personne ne peut imaginer que ce n’est pas une prison.

Et nous imaginons les difficultés que vous avez eues pour reconstituer le décor ?
H.M. : Bien sûr ! Nous avons fait de grands bureaux avec des longs couloirs et cela nous a beaucoup couté. Après le tournage, il fallait remettre tout en place. Ça n’a pas été facile.

Dans votre palmarès, vous êtes aujourd’hui à combien de longs métrages?
H.M. : C’est mon troisième long métrage. Il faut dire qu’au-delà des longs métrages, j’ai fait des séries télé qui ont beaucoup marché telles “Commissariat de TAMPY” que tous les cinéphiles connaissent bien, ” SITA” que j’ai réalisée en 2010, “l’As du Lycée”, une série pour enfants.

Combien de films en compétions avez-vous vus jusque-là ?
H.M. : Pour l’instant, je n’ai vu qu’un seul film. Comme vous le voyez, Je suis un peu souffrant, je ne sors pas fréquemment. Mais je m’organise pour voir au moins un film par jour.

Quels conseils pouvez-vous donner à la nouvelle génération qui aimerait embrasser ce métier?
H.M. : C’est d’abord bien se former parce qu’aujourd’hui, avec l’avènement du numérique tout le monde prend une petite caméra, il fait un film et il se dit cinéaste.Malheureusement, ce n’est pas des choses qui aboutissent parce qu’ils n’ont pas la formation.On ne doit pas se presser dans la vie parce qu’un adage dit que :” quand vous êtes pressé, vous risquez de marier une femme en grossesse”.
Bonne chance à vous et à bientôt !
Réalisé par Izabella MAYA pour ArtistesBF

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