Le “WED-BINDE”, un festival culturel à vocation sous régionale

Le “WED-BINDE”, un festival culturel à vocation sous régionale

Le “WED-BINDE” est un festival né de la volonté des fils et filles de la ville de Kaya, une localité située à une centaine de kilomètres de la capitale burkinabé. Son objectif est de revaloriser et développer la potentialité culturelle de cette région notamment ses techniques de production métallurgique traditionnelle en voie de disparition. Aidé par des imminents professeurs de l’Université d’Ouagadougou, l’Association “PASSATE” dirigée par Jacob BAMOGO travaille depuis 2002 à la restauration et à la sauvegarde de ce pan de patrimoine immatériel. Cette semaine, nous déroulons le Tapis rouge pour Jacob BAMOGO, ce promoteur dont les actions ont contribué à faire de cette partie du Burkina, une destination touristique à vocation sous régionale.


Jacob BAMOGO (J.B) : Je suis Jacob BAMOGO, Président de l’Association culturelle “PASSATE”. En langue mooré “Passaté” veut dire quelque chose qui ne finit pas. Il peut s’agir d’une amitié ou d’un bienfait qui est considéré comme quelque chose immuable, qui ne finira jamais. “WED-BINDE”, c’est le nom attribué à notre festival; Il est composé de :
“WEFO” qui veut dire vélo et “BINDE” qui est la marche d’un cheval bien nourri. Quand un cheval bien nourri marche, les mouvements se sentent surtout au niveau de son dos. Pour la danse, c’est pareil. Si vous observez un danseur traditionnel, c’est au niveau du tronc qu’il bouge. Le danseur peut même tenir en équilibre un canari sur la tête sans que celui-ci ne tombe. Voilà un peu l’histoire du nom de notre festival “WED-BINDE”
L’association “PASSATE” a pour objectif principal, d’accompagner et d’aider les personnes à s’autofinancer. Elle compte aujourd’hui près de 200 personnes dont une centaine de membres actifs.
Le festival “WED-BINDE” de Kaya est organisé depuis 2002 avec plusieurs activités inscrites à chaque édition (ateliers de formation, construction du musée des fourneaux africains). Ce projet de musée a démarré dans la ville de Dablo en 2005 en réplique aux propos du Président Français Nicolas Sarkozy qui disait que l’Afrique n’a ni de sciences, ni d’histoire. Ce qui n’est pas exact; en Afrique, la science et l’histoire sont là; peut-être qu’elles ne sont pas écrites. La preuve, nous avons travaillé avec des professeurs d’université pour découvrir les techniques de recherches et d’extraction des minerais qu’utilisaient nos grands-parents. C’est ce qui nous a permis aujourd’hui de créer le musée des fourneaux Africains dans lequel plus de cinq pays sont représentés. Parmi ces pays, figurent les Etats Unis avec les Amérindiens, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Burkina et le Mali. Notre souhait est qu’à long terme d’autres pays viennent partager avec nous leur savoir en matière d’extraction de minerais. Déjà, nous avons le Bénin qui s’annonce pour les prochaines éditions.
Nous avons également la formation des jeunes filles mères venant souvent du ministère de l’Action Sociale. Sur place, nous les initions à certaines activités génératrices de revenus telles que la poterie décorative pour leur permettre de pouvoir se prendre en charge.
Enfin pour les enfants, nous organisons des ateliers d’initiation dans plusieurs disciplines : violons, guitare traditionnelle, dessin et fabrication des masques…
Artiste BF (Art ) : Comment êtes-vous financé ?
J.B : Ce sont essentiellement nos partenaires Danois qui nous ont financés cette année. Antérieurement, nous avons bénéficié également d’un financement de Plan Burkina, de la LONAB, de KAIZER et quelques fois du ministère de la culture sous le ministre Baba HAMA. En dehors de ces soutiens, nous nous débrouillons avec la contribution d’autres bonnes volontés. C’est dommage que l’Etat n’ait pas une politique culturelle dans ce sens. Le financement du festival demeure en réalité la principale difficulté
Art : Selon vous, comment faire en sorte que les gens investissent dans la culture?
J.B: L’investissement culturel est un problème politique. Nos dirigeants doivent encourager les gens à financer la culture. On pourrait encourager par exemple le mécénat en les exemptant de certaines charges fiscales. La presse doit également fournir des efforts dans ce sens. Au lieu que la presse vienne aux informations, c’est nous au contraire qui allons vers la presse et c’est nous toujours qui payons leur service.
Art : Quel est votre mot de fin ?
J.B: Pendant que les gens quittent l’extérieur pour visiter notre site, nos concitoyens eux, ne prennent même pas la peine de venir voir notre travail. Le site est très vaste ; mais il n’est pas clôturé et il est laissé à la merci des animaux. Nous lançons donc un appel au gouvernement pour qu’il soutienne  la culture. Au Bénin par exemple, le budget culturel s’élève à trois milliards présentement. Nos dirigeants doivent donc à l’instar de ce pays, prendre conscience que la culture est la source du progrès et du développement d’un pays.
PatricK COULIDIATY

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