L’Institut Français de Ouagadougou a accueilli le 1er février 2015 la pièce “Ouagadougou pressé” interprétée par Roukiata OUEDRAOGO dans une mise en scène de Stéphane HELIAR. Roukiata OUEDRAOGO à travers son “One man show” dépeint les réalités de son pays à travers un humour très plaisant:
Après un séjour en France, “Petit modèle” décide de rentrer à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Dès cet instant, c’est tout un film et une succession de souvenirs qu’elle dévoile avec bonheur, joie et empressement. Et que dire encore de cette robe rouge qui pourrait traduire à elle seule le caractère urgent du voyage ? Nous voilà vraiment en présence d’un cas de voyageur pressé”. Ainsi donc commencent les préparatifs; tout est passé en revue pour ne rien oublier. Les valises sont apprêtées; les vêtements à emporter aussi. Si les uns sont triés avec la plus grande attention, certains par contre, les plus sexy surtout sont à garder pour soi. Ce qu’il faut également emporter, c’est le souvenir de “Château rouge” de Paris surnommé “le Grand Bazar de l’Afrique” ou encore la “Capitale africaine” de Paris, un lieu où on peut tout en trouver. A travers un humour très piquant, “Petit modèle” comme l’a surnommée son entourage, a transporté les spectateurs dans plusieurs endroits de son pays. Ainsi, dès l’aéroport le voyageur va devoir s’adapter au vent sec et chaud auquel s’ajoutent la poussière et les fumées des pots d’échappement, une situation qu’elle dit bien adorer en tant que femme qui se veut intègre ” quand je vais atterrir à Ouagadougou, je vais respirer un bon bol d’air chaud; je sentirai cette odeur particulière faite de mélange de sable et de pots d’échappement, j’adore”. Tenant toujours son public en haleine, elle l’introduit dans son intimité familiale en mettant à nu les fausses illusions et autres préjugés du cercle familial: sa mère qui croit qu’elle a changé ses habitudes alimentaires, les oncles et les tantes qui la prennent pour une blanche ou une super riche avec qui ils espèrent trouver une solution miracle à leur extrême pauvreté, les hypocrisies des coépouses et les sales tours qu’elles se jouent entre elles pour garder l’estime de leur époux. Bref… tout est dit, y compris le caractère dur de son père, un vieux père qui tient à ce que sa fille ait une éducation irréprochable et qui est obligé de faire la sentinelle chaque soir à la devanture de la cour.
Malgré tout et comme toutes les filles de son âge”, “Petit modèle ” reste quoi qu’on dise, une fille qui a frimé. Elle a joué au “chat noir” en escaladant souvent les murs pour les soirées dansantes. Aussi, l’introduction dans le spectacle des musiques congolaise et antillaises à succès et la belle démonstration de danse qui a arraché des tonnerres d’applaudissements du public laissent découvrir en Roukiata des talents d’une grande danseuse mais aussi, une fille aimant les grandes ambiances et qui a fait “son temps “
La pièce aborde enfin les réalités socio-économiques et le train-train quotidien au Burkina où les agents de l’administration publique sont souvent obligés de céder à la corruption pour joindre les fins de mois difficiles. Aussi, les conducteurs de taxis, pour faire face à la cherté de la vie et ce, malgré le mauvais état de leurs engins, les surchargent et les font rouler au gaz butane en lieu et place du combustible réglementaire.
Tous ces souvenirs sont égrainés le temps d’une préparation de valises pour un voyage au Burkina. Les souvenirs sont tellement fuguasses et très prenants que “Petit modèle” oublie le poids maximum de bagages autorisé pour un embarquement qui est de 20kg par personne. En bon africaine, elle espère les grâces du tout puissant pour échapper au contrôle “avec l’aide de Dieu, ça ira ! “; parce que là, c’est déjà trop tard pour revoir le poids des bagages à la baisse. D’ailleurs, il n’y a plus de temps à perdre, c’est “Ouagadougou pressé ! “, un très beau rendez-vous d’humour à voir !
P.K
Voir quelques extraits du spectacles
