Pourquoi les Gurunsi et les Bissa s’insultent “agréablement”?

Pourquoi les Gurunsi et les Bissa s’insultent “agréablement”?

La culture africaine est un des socles fondamental garante de la paix et de la cohésion sociale. En temps de paix comme en tant que de guerre, certains pans culturels permettent de réguler ou de pérenniser la paix. Au nombre de ces pans, figure en bonne place l’alliance de la parenté à plaisanterie, un sujet qui passionne tant le Professeur Alain Joseph SISSAO, chercheur- enseignant, Directeur de Recherches en littérature africaine à l’Institut des Sciences des Sociétés du CNRST.

Après avoir décrypté l’importance et la fonction sociale de la parenté à plaisanterie dans nos publications précédentes, il nous revient cette semaine pour nous conter l’origine de la parenté à plaisanterie entre  les ethnies Gurunsi et Bissa. Pourquoi  les Gurunsi et les Bissa se taquinent ou s’insultent sans limite ? Voilà l’histoire avec le Pr. Alain SiSSAO, un texte extrait de ses recherches sur son ouvrage Alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso, mécanismes de fonctionnement et avenir.[1]

Ces deux acteurs culturels sont liés par le principe de l’alliance de la patentée à plaisanterie. A gauche, c’est un gurunga et le deuxième (avec des dread), est un Bissa.

Le plaisir gustatif comme facteur de création des formes de culture est aussi en vigueur chez les Bisa et les Gurunsi.

L’origine de l’alliance à plaisanterie entre Bisa et Gurunsi provient d’une histoire de chien. Le San et le Bisa seraient des frères. Ils se seraient séparés à cause d’une tête de chien. Le petit frère Bisa a fui avec la tête de chien et il est poursuivi par le grand frère (San) Samo. Et le Bisa a caché la tête de chien auprès d’un vieux Gurunsi. Le calme revenu, il vient retrouver le Gurunsi pour le partage de la fameuse tête de chien. Malheureusement, il apprend que le Gurunsi et sa femme ont mangé cette tête. Et c’est là qu’a commencé l’al- liance à plaisanterie entre Gurunsi et Bisa. Quand un vieux Gurunsi meurt, les Bisa réclament toujours la tête de chien.
Cette évocation de la tête de chien est le symbole alimentaire qui soude l’alliance à plaisanterie entre les Bisa et les Gurunsi que l’on retrouve en toutes circonstances dans le jeu verbal qui unit les deux ethnies.

Voilà pourquoi les Gurunsi et les bissa, ont toujours recours à la l’alliance à plaisanterie pour trouver des solutions à l’amiable à un différend qui opposerait deux membres issus des deux ethnies.

Ce qui nous permet de dire qu’en toutes circonstances de conflits, l’alliance à plaisanterie devient un des mécanismes d’alerte pour juguler les crises des groupes sociaux au Burkina Faso.

Notes de la rédaction : Quand il s’agit du pluriel, on dit les Gurunsi. Au singulier, on dit Gurunga

[1] Sources SISSAO Alain Joseph, Alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso, mécanismes de fonctionnement et avenir, Sankofa & Gurli, 2002, 186p.

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