Dr. Justine KIELEM / COULIDIATY : « A compétence égale, la priorité aux femmes ..."

Dr. Justine KIELEM / COULIDIATY :  «  A compétence égale, la priorité aux femmes ..."

Docteur Justine KIELEM / COULIDIATY est  membre de plusieurs organisations internationales féminines  et Présidente du Groupe d’Action pour la Promotion de l’Education, la Formation de la Femme et de la Jeune Fille (GAPEFJF). Dans le cadre de la Journée Internationale des Droits de la Femme, elle nous partage  son point de vue sur la représentation féminine dans les instances décisionnelles.

 « Ma loi serait qu’à compétence égale, la priorité soit en faveur des la femme »

Dr. Justine KIELEM / COULIDIATY :  C’est le GAPEFJF qui représente les Organisations des femmes du Burkina Faso au sein du G5 Sahel, dans la plate forme des femmes du G5 Sahel que j’ai mise en place et que j’ai eue l’honneur de diriger en tant première Coordonnatrice régionale.

Qu’est-ce qui n’a pas marché ?  Mais autant dire qu’est-ce qui a marché aussi ! C’est vrai que la Journée Internationale de la femme dans sa forme me pose particulièrement problème. Mais d’une manière générale, les femmes se sont battues à travers leur organisation pour faire valoir leurs droits et leurs devoirs au même titre que tout être humain. Pour revenir à votre question, ce qui n’a pas marché pour faciliter la prise en compte des femmes dans les instances de décisions, je dirai qu’au plan politique, il y a une difficulté liée à la volonté politique de nos dirigeants. Ils acceptent de signer les conventions tant au plan régional qu’international pour impliquer les femmes, Cf « la 1325 », « la CDF »… etc. Malheureusement, lorsqu’ils signent c’est un passeport pour dire que nous adhérons aux instances internationales. Mais sur le terrain, rien n’est fait. Et quand vous prenez les budgets alloués au ministère de la femme pour leur permettre de travailler, pour mobiliser les femmes et  faciliter leur intégration dans les domaines politique, économique et social, vous constaterez que ces budgets ne valent même pas la ligne budgétaire en carburant  du Ministère de l’Economie et des Finances. Donc, sans ressources et sans activités, comment peut-on mobiliser les femmes et  comment les former ?  Comment dans ces conditions, les femmes peuvent-elles espérer se battre  et profiter des opportunités qui s’offrent à elles  pour s’imposer et d’oser être au même pied d’égalité que l’homme ?.



Mais le plus souvent, c’est entre femmes mêmes que les choses se bloquent. Nous nous piétinons, nous empêchons les unes de réussir. C’est pourquoi, il n’est pas rare d’entendre que « la femme est l’ennemie de la femme ». Il faut que nous comprenions que toutes les femmes ne peuvent pas monter en même temps. Il faut travailler à faire émerger des modèles de sortes que ces modèles puissent tirer les autres vers le haut.

Au plan individuel, même dans ce 21è siècle, les femmes ont peur de porter certaines responsabilités. Le plus souvent, elles déclinent les offres. Mais réellement, elles ont peur des critiques souvent infondées qui pourraient avoir des répercussions sur leur foyer. Et comme dans la culture africaine à laquelle je suis moi-même attachée, les femmes africaines ont honte et peur du divorce. C’est pourquoi, elles préfèrent le plus souvent sacrifier leur ascension au profit de leur foyer.

Si aujourd’hui  vous aviez le pouvoir législatif quelles lois prendrez-vous en faveur de la femme ?

Il faut que nous travaillions à mettre en place des dirigeants qui comprennent que ce n’est pas dans l’injustice et l’iniquité qu’on peut développer un pays. Il faut travailler à réduire les inégalités sociales entre ceux qui ont une « chose » et ceux qui ne l’ont pas. Sinon, il sera difficile d’assurer l’ascension de la femme.

Maintenant, au regard de la perte de vitesse enregistrée par les femmes en termes d’emplois, la loi que je souhaiterai est qu’à compétence égale entre homme et femme pour un poste précis, que ce soit la femme qui l’emporte. Je le dis parce que le taux du chômage des femmes est si élevé que si nous ne privilégions pas ce critère, la compétence des femmes sera noyée. Je ne dis pas de mettre la médiocrité aux postes de décision.  Mais à compétence égale, je pense que cela va changer qualitativement la représentativité des femmes. Cela a l’avantage de réduire énormément les injustices faites aux femmes notamment, les diplômées féminines qui sont au bord des rues et qui ne peuvent pas accéder à un emploi décent.

Quelle pourrait être l’apport de l’éducation dans l’ascension de la femme ?

Oui ! D’abord en tant qu’économiste de l’éducation, je suis attachée à tout ce qui lié au système éducatif. En effet, la santé et l’éducation constituent le capital humain indispensable pour développer un pays. L’éducation c’est l’arme puissante qui permet à tout un chacun de s’imposer, donc à la femme de s’affirmer. Malheureusement, en termes de taux de scolarisation des filles, ça pêche. Donc, mon souhait serait qu’on puisse aller vers une éducation de qualité pour tous. Quand vous regardez les pays développées, ce sont des pays qui ont mis l’accent sur l’éducation. L’Inde en est un exemple ! C’est par l’éducation qu’il faut apprendre à discipliner et préparer le peuple au changement.

A ce niveau, je prendrai une loi forte pour  une éducation de qualité pour tous comme le Japon l’a fait en organisant des suivis jusque dans les familles pour s’assurer qu’aucune fille n’est laissée pour compte.

Pensez-vous qu’on pourra donner en mariage la fille d’une richissime comme Mamounata Velegda sans lui demander son avis. C’est pour vous dire que l’autonomisation de la femme est le fer de lance de son ascension politique et sociale. Bien entendu, elle y arrivera le plus rapidement possible si son niveau de compétence est élevé.

Quand vous prenez les enquêtes nationales de l’INSD de 1994 à ce jour, il ressort que lorsque la femme à un niveau d’éducation secondaire bien accomplie, il y a 45% de chance qu’elle adopte les meilleurs comportements dans l’encadrement des enfants. 71% de chance d’avoir des femmes capables d’accompagner le pays dans le suivi des enfants lorsqu’elles atteignent le niveau terminal.

Je prendrai une loi pour qu’il n’y ait plus dans la population burkinabè, une femme sans baccalauréat. L’étude sur le rendement éducatif montre que le plus grand rendement repose sur les femmes ayant un niveau troisième et non au primaire comme la banque mondiale l’avait fait dans les années 90.

Que sera votre loi  contre les violences au foyer ?

Cependant, je note que la loi contre les violences conjugales est plus compliquée à prendre. Ce n’est pas tout qu’on peut régler par la loi. Je crois que c’est plutôt par la sensibilisation qu’on y arrivera. Ce qui veut dire que les lois que nous prendrons doivent tenir compte de notre contexte parce que nous avons des valeurs et des normes endogènes pour lesquels, certains hommes aussi instruits soient-ils n’accepteront jamais compromettre ces valeurs. Peut-être, c’est de voir comment les hommes aimeraient qu’on les accompagne, comment ils aimeraient conduire le foyer. En milieu Gourmantché par exemple, on apprend à la nouvelle mariée que c’est elle (la jeune mariée) qui constitue le COU et l’homme, la TETE. Son rôle, sera de supporter et de pivoter la tête selon la direction voulue par la tête.

Quel est votre message à l’occasion de ce 08 mars ?

Nous voulons dire à toutes ces femmes déplacées et qui souffrent des déplacements, que nous sommes à leurs côtés à travers des actes symboliques et financiers parce que nous savons qu’elles comptent beaucoup pour nous.

ArtistesBF

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