Alif NAABA : Artiste musicien

Alif NAABA : Artiste musicien

C’est un artiste musicien très connu des mélomanes  des années 2000.  On l’appelle affectueusement « Bark BIIGA », l’homme de Konkistenga ou encore, l’homme aux pieds nus. Alif Naaba puisque c’est lui qu’il s’agit a été révélé au public avec « Regards Métissé » un premier opus réalisé en 1999. Contrairement à certains artistes de son époque qui ont connu des moments bas de leur carrière, Alif lui, connait pendant ce temps des remontées fulgurantes. Ainsi, il enregistre  sans répit  » Foo », « Wakat » et « Yiki « (Lève-toi). Très mordu et pressé de faire de son pays, un havre de résidence artistique, il crée en 2018, les  Rencontres Musicales Africaines (REMA) qui sera bientôt à sa  5ème édition. Enfin, pour montrer qu’il est une source intarissable d’idées et d’inspirations, il enregistre en 2021,  « SO WOK ».

Nous l’avons rencontré quand il n’avait que trois albums  depuis sa carrière débutée en 2003. Pour vous permettre de mesurer l »évolution de la carrière de cet artiste devenu international, nous vous proposons de lire l’entretien qu’il nous avait accordé des années plutôt :

Voici son portrait :

Présentation
Je suis Alif Naaba, artiste burkinabé. A l’état civil, je suis Mohamed KABORE natif de Konkistenga dans le Bulkiemdé. J’ai 03 albums. Je suis sur la scène musicale burkinabé depuis 2003.

Artistebf (Artbf. 🙂 Vous êtes un peu comme effacé de la scène musicale, les spectacles semblent rares, pourquoi ce silence ?
Alif NAABA (A.N. : ) Pas du tout ! Je ne suis pas effacé. C’est vrai que dans notre milieu, quand on ne te voit pas régulièrement à la télé ou dans les journaux, on dit qu’il est en panne d’inspiration ou qu’il est «tombé » (rires). Je crois qu’il y a beaucoup de paramètres qui peuvent expliquer l’absence d’un artiste dans les médias ou sur la scène musicale. Cela pourrait s’expliquer par le fait que l’artiste est, soit en train d’écrire, soit qu’il s’est retiré pour mieux s’inspirer ou qu’il est en tournée. Dans mon cas par exemple, je travaille beaucoup à l’extérieur depuis un certain temps de sorte que je n’arrive pas à régler mon programme de manière à avoir des concerts régulièrement. Mais je ne suis pas effacé ; la preuve, c’est que je suis là ce soir avec vous. Quand je vais à l’extérieur, c’est pour faire la promotion de mes œuvres et de la musique burkinabé en général. Mais je comprends votre question dans la mesure où en tant qu’artiste, on ne s’appartient plus. Il faut souvent rendre compte à nos fans. Ce que nous faisons à l’extérieur, c’est dans la continuité du rêve de nos fans ; c’est-à-dire, aller loin avec notre musique. Déjà comme bonne nouvelle, j’ai déjà un nouveau clip « DARE » qui vient de sortir, il y a de cela une semaine. En plus, il y a YASSINDI qui est actuellement en plein montage. Aussi, le 17 décembre, je serai en concert au centre Culturel français de Ouagadougou ; le 2 octobre, je serai aussi en concert à l’orphelinat de Loumbila. Ce sera un grand évènement pour récolter des dons pour équiper le dispensaire de l’orphelinat de Loumbila en matériel médical qui, j’en suis persuader, va soulager les pensionnaires de l’orphelinat et les villages voisins.. Comme vous le constatez, il y a des moments où il faut trouver du temps pour l’autre.



Artbf. : Sur scène, Alif Naaba joue souvent pieds nus pourquoi ?
A.N. : Ça traduit les réalités de mon pays. Moi j’ai grandi avec mon grand père et j’ai encore envie de revivre toutes ses images de l’enfance. C’est aussi une marque que je veux imprimer dans l’esprit des jeunes. Nous devons être fiers de notre pays et de ce que nous avons. A NEW YORK, il y a des buildings et au Burkina, nous avons autre chose que nous devons présenter avec fierté au reste du Monde. Chanter « Les pieds nus » est un concept. Pour moi, le public est roi. Donc, lorsque je viens vers lui pour prester une scène, pour tout le respect que je lui dois, je me mets pieds nus. Mais derrière aussi cela, c’est une autre philosophie; celle qui symbolise la simplicité parce que j’aime la sobriété, j’adore être simple. Je me sens à l’aise quand je suis pieds nus. A quelque part, je crois que c’est mon look aussi ; et c’est cela qui fait de moi, l’artiste que je suis aujourd’hui. Voilà, il n’y a pas de mystère autour de ça. Je suis fier de pouvoir véhiculer cette image qui correspond à ma personnalité, à la simplicité que je recherche, à la fierté d’être burkinabé et africain tout court.

ArtBF. : De quoi parle DARE ?
A.N. : DARE, parle de nos espoirs, de tous ces rêves cachés que nous n’osons pas dire devant un certain public, de nos aspirations mais de nos découragements aussi. Quand bien même on est satisfait, il y a toujours cette question qui là et qu’on ne se lasse pas de se poser : « est-ce qu’on pourra y arriver , au regard de tous ces obstacles à franchir !.. » Eh bien ! cette chanson vient dire « oui » on peut y arriver ! » Comme on le dit, « Dieu fait chaque chose belle à son temps » ; et tout ce que Dieu fait, est bon !. « DARE » est un message d’espoir et nous avons besoin de cela pour construire un Burkina fort et aller très loin avec notre musique.

ArtBF. : Au Burkina, nombreux sont les artistes qui n’ont pas la chance d’avoir un seul spectacle dans l’année pendant que certains sont à leur 3èm voir leur 4ème spectacle. A votre avis, comment expliquez-vous cet état de fait ?



A.N. : A ce niveau, il n’y a peut –être que les promoteurs qui pourront vous répondre parce qu’en tant qu’artiste, je suis mal placé pour le dire. Mais je crois que ceux qui commandent les spectacles prennent généralement les artistes qui sont en vogue ou qui font un travail sérieux. Prenons par exemple, une maison de communication mobile de la place qui organise une cérémonie d’affaire. Cette société souhaiterait présenter des artistes qui peuvent offrir quelque chose d’atypique au pays et en même temps, quelque chose de bien fait. Pour cela, elle va chercher sur la table, dans le paysage musical, les artistes qui peuvent répondre au besoin de la soirée. Je crois que la demande part déjà de là. Il y a peut-être aussi le goût du public . C’est l’occasion d’ailleurs, de lancer un message aux artistes afin qu’ils se mettent au sérieux parce que le secret de cette réussite réside dans le travail bien fait.

ArtBF. : Vous êtes sur la scène musicale depuis 2003, quels obstacles voyez-vous à la musique burkinabé ?

A.N. : Comme vous le savez, notre industrie musicale est encore à l’étape de l’amateurisme aussi bien au niveau de l’artiste, de son staff et jusqu’au niveau même de la production. Mais il y a quand même quelques artistes musiciens et certains managers qui émergent. Je crois que c’est un peu un problème de timing. Les artistes burkinabé ont véritablement des problèmes pour diffuser leurs œuvres. Aujourd’hui, on n’a plus de maisons aussi efficaces comme SEYDONI l’était dans le temps Donc, il y a véritablement un manque de maison de diffusion de nos œuvres.
Ensuite, les artistes ne pratiquent pas assez la scène . Pour de raisons économiques, beaucoup d’artistes préfèrent jouer en « Play back ». Or, le « play back », est une solution de facilité qui va tuer notre musique . A trop vouloir le facile, nous risquons sérieusement de compromettre notre carrière. Il faut que les promoteurs de spectacles comprennent cela .
Je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous les partenaires et à toutes les maisons de communication, afin qu’ils laissent les artistes jouer en temps réel pour montrer leur talent devant leur public. Ce n’est vraiment pas cher comme on le pense. Quand l’artiste joue en live, il y a comme une communion, une chaleur qui se dégage entre l’artiste et son public et qui fait même que ce public participe . Après tout, l’artiste aura prouvé son professionnalisme.
Enfin, il faut que les artistes s’organisent. Il n’est pas concevable qu’un artiste marche seul. Il faut qu’il soit encadré, qu’il ait un manager qui puisse le conseiller et le guider. L’artiste ne peut pas être à la fois au four et au moulin. Pour cela, il y a des managers aujourd’hui qui, grâce au Reem-doogo, sont bien formés et bien outillés et par conséquent, peuvent faire un travail de qualité.
Je termine en remerciant Artistebf qui fait un travail incommensurable, de visibilité et de diffusion pour les artistes burkinabé . C’est une initiative qui est à saluer. Chapeau à vous et bon courage !  »

ArtistesBF

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