Ama Lingani : Maquilleuse de cinéma

Ama Lingani : Maquilleuse de cinéma

Longtemps considéré comme un accessoire de cinéma, le métier de maquilleur est pourtant un maillon important de la chaine de cinéma. Il est  important au même titre que les métiers de caméraman, de technicien d’éclairage, de cadreur ou de perchman… etc. Le maquilleur ou la maquilleuse dans son métier est amené(e) à créer ou à accentuer parfois des traits, effacer des imperfections, simuler un vieillissement, créer des cicatrices ou des blessures. C’est véritablement un métier complexe qui donne au film toute son âme et toute son expression.  Malheureusement, on en parle peu; sinon presque pas …  !

Ama Lingani qui exerce ce métier depuis  2001 nous parle de ses débuts et des difficultés dans ce métier qui, bien que très connu du milieu peine à décoller et à être valorisé au Burkina.

Ama Lingani  (A.L): Je me nomme Lingani Adama, connue sous le nom de Ama Lingani. Je suis costumière et maquilleuse de cinéma. Je n’ai pas fait d’école de formation. Seulement,  j’ai eu la chance de travailler sur des super-productions au côté de grandes maquilleuses de cinéma burkinabè et d’ailleurs. C’est dire que  je ne suis pas une parvenue de l’art. J’ai commencé par la danse en 1988 avec Maman Kouyaté et grâce à nos multiples tournées étrangères, le déclic est venu. Pour  tout vous dire, je crois que l’art est en moi.

J’ai commencé le cinéma avec Abdoulaye Dao en 2001 sur  l’équipe de “Vis-à-vis” et jusque-là, je continue d’exercer le métier de maquilleuse et de costumière sur plusieurs plateaux.

Ama LINGANI , Costumière et Maquilleuse de cinéma

Art BF : Quelle est pour vous la nécessité de maquiller les comédiens ?

A.L : Ce n’est pas forcément nécessaire; tout  dépend du scénario et de ce qu’on veut montrer dans le film. Le maquillage n’est pas fait au hasard; il est appliqué en fonction d’un besoin. Avec le maquillage,  on peut faire ressortir des traits ethniques.  On recourt également au maquillage pour éliminer certaines brillances et obtenir des meilleures prises de vues. Enfin, j’allais dire que le maquillage est tout un langage à part entière dans le domaine cinématographique.

Art BF : Quelle est la différence entre une maquilleuse de cinéma et une maquilleuse de Salon de beauté?

A.L : La maquilleuse ou le maquilleur de cinéma consiste comme je l’ai dit à faire en sorte à incarner un personnage; c’est faire ressortir ce que l’on veut montrer  ou sentir dans un film. C’est maquiller un comédien de sorte qu’il ressemble de près à ce que le réalisateur veut montrer au public. On peut par exemple te maquiller laid, avec des blessures, visage ridé qui sont des effets spéciaux; or, ce n’est pas souvent  le cas des maquillages dans les salons de beauté.  Le maquillage de cinéma est donc différent de celui d’un maquillage de salon qui est lui, beaucoup plus beauté et esthétique. On croit parfois que les maquilleuses de salon peuvent faire le poids au cinéma; mais ça été toujours de mauvaises expériences et beaucoup en ont appris à leur dépend.

Art BF : Pouvez nous citer quelques  films pour lesquels vous avez participé en tant qu’assistante maquilleuse?

A.L :  Je pourrai citer les films comme:

– le film ” Bakhita” en 2007 avec Giacomo Campiotti et SEKOU TRAORE  avec lesquels j’ai travaillé sur plusieurs types de maquillage.

– le film ”Qui s’aime ” de FRED GASTON  (réalisateur Français)

– le film “Une femme pas comme les autres”,

–  la série “Vis à vis” et encore beaucoup d’autres productions burkinabè.

Art BF : Quel est ton meilleur souvenir de maquillage à succès ?

A.L : Mon meilleur maquillage à succès c’était sur “Bakita” où on a fait du maquillage halloween sur des enfants et les maquillages d’effets spéciaux; c’est cela qui m’a beaucoup inspirée et qui m’a  vraiment poussée à me mettre à fond dans le maquillage.

Art BF : Comment arrivez-vous à créer des blessures imaginaires comme les coulées de sang, les égratignures et autres ?

A.L : D’abord, quand tu lis le scénario, tu fais ton dépouillement maquillage. Maintenant, si ça nécessite des effets spéciaux, tu le fais aussi. Mais  je vous dis que les produits de maquillage coutent chers en Europe.  S’il faut commander une petite boîte de sang fluide non coagulé,  cela coûte très cher. A cela, il  faut ajouter l’entretien du produit.

Art BF : Et pourtant, votre métier  est peu connu du public; pensez-vous qu’il soit mal considéré?

A.L : Mal considéré ? Non !  Je ne crois pas; parce que de plus en plus, les gens se rendent compte de son importance. Le caméraman par exemple a besoin de maquilleuse pour l’épauler  pour faire parler ses images. D’ailleurs, quel métier est considéré au Burkina ? Les gens négligent tout ici. Peut-être qu’il faille qu’on travaille davantage pour valoriser ce métier.

Art BF : Ce qui veut dire en clair que vous ne vivez pas de cet art ?

A.L : Absolument pas ! Parce que je suis obligée en tant que maquilleuse  et costumière de faire d’autres choses pour  vivre.  Je peux faire un ou deux mois sans tournage et pendant ce temps mort, il faut bien que je vive. Et même quand il y a tournage, c’est à quel cachet ? Donc c’est compliqué !

Art BF : Quels sont vos projets ?

A.L : C’est de créer un super carnaval de maquillage

Art BF : Quel sera le contenu de ce festival ?

A.L : ça reste  un secret pour  le moment !

Art BF : Que souhaiteriez-vous de meilleur pour ce métier ?

Je souhaite que nos producteurs  nous considèrent davantage, qu’il y ait suffisamment de formations afin que nous puissions mieux nous professionnaliser et assez de productions pour qu’on puisse travailler à plein temps pour vivre pleinement de notre métier.

Merci déjà  aux amis, aux internautes et aux acteurs du monde de la culture qui n’hésiteront pas àliker” et même à partager cette publication afin de contribuer à la promotion de notre métier.

Propos recueillis par Fatim.BARRO

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