Baba HAMA : Entre passion et profession

Baba HAMA : Entre passion et profession

Une question toute élémentaire que nous avons posée à l’ex-ministre en charge de la culture Baba HAMA. Le journaliste écrivain  n’a pas tranché ni pour la littérature ni pour le journalisme. Et pourtant, entre ces deux disciplines, le choix ne devrait pas se poser puisque le premier élément est une passion et le second,  un moyen d’existence. Les deux éléments sont bien distincts quand bien même  notre invité cherche à les emboiter parfaitement. Avec cet invité, nous avons échangé sur sa passion pour le livre. L’entretien est réalisé par Ragnimwendé Eldaa KOAMA.

ArtBF : Monsieur le Ministre,  parlez nous d’abord de votre actualité littéraire

Baba HAMA : En tant qu’écrivain, je m’exprime comme tous les autres écrivains. J’aime même dire que le choix de l’écriture est peut-être comme un don inné. C’est un mode d’expression comme tout autre. Il y a des gens qui s’expriment par le théâtre, la sculpture, le sport ou par la musique. Et ceux qui s’essaient à l’écriture comme moi, s’expriment par le biais de la littérature. Cependant, nous ne sommes pas sur les feux de la rampe à l’image des artistes musiciens dont les albums sont écoutés à longueur de journée.

Mais je crois que c’est juste un phénomène social qui fait que la lecture n’est pas la chose la mieux partagée dans nos sociétés. Et là, nous le comprenons bien parce que nous sommes des sociétés qui prônent un peu plus l’oralité que l’écrit. D’ailleurs, très peu de nos sociétés possèdent en elles-mêmes leur propre écriture. C’est cela qui met un peu de l’ombre à l’ensemble de cette communauté d’écrivains burkinabè. Et je puis vous dire qu’ils sont nombreux qui, malheureusement, produisent des œuvres qui ne sont pas forcément lues et distribuées. Mais je me dis que dans 5 ans 10 ans avec une bonne politique de promotion de la littérature, on pourra faire en sorte que les écrivains africains et burkinabè en particulier soient mis beaucoup plus en lumière.



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ArtBF : Qu’est-ce qui fait votre actualité en termes d’écriture ces dernières années ?

 Lorsque je suis inspiré, c’est un livre par an. En fait, je ne force pas d’autant plus que ce n’est pas forcément ma raison de vivre ! Je n’en fais pas un moyen d’existence non plus. Je le fais donc quand je suis inspiré et quand surtout j’ai l’opportunité d’éditer.

Mon dernier livre s’intitule « Les chants du coq de Tori » qui est paru aux éditions l’Harmattan en juin 2022. J’ai également été sollicité pour une collaboration avec la RTB / Radio qui m’avait demandé d’écrire pour elle cinq (05) pièces de théâtre radiophoniques sur des thèmes comme l’excision, la lutte contre la salubrité, la promotion des soins infantiles.



ArtBF : Est-ce que Baba HAMA écrit sur ce qui le passionne ?

 C’est effectivement cela ! J’écris d’abord sur des sujets qui m’inspire.Même dans le cadre des concours, tous les prix que j’ai obtenus, que ce soit dans le cadre de la Semaine Nationale de la Culture (SNC) ou autres, je n’ai jamais écrit pour ces concours et je n’ai pas non plus toujours soumissionné de moi-même. Des amis l’ont souvent fait pour moi.

Mais dès que les circonstances de participation à un concours s’y prêtent, on le fait ; sinon on n’écrit pas spécialement pour les concours.

ArtBF : Autrefois journaliste et aujourd’hui écrivain.Qu’est ce que vous préférez entre ces deux métiers.

 J’ai adopté très tôt pour l’écriture parce que mes premières pièces de théâtre datent de l’époque où j’étais encore au secondaire.J’étais donc très loin d’embrasser le métier de journalisme.Je l’ai fait parce que les lettres m’intéressaient beaucoup ;sinon, j’ai un BAC série « D ».

Cependant,je ne fais pas de confusions entre journalisme et littérature même si quelque part, le journaliste comme l’écrivain sont des témoins de leur temps.Mais n’oubliez pas que la littérature en dehors du fait narratif,a une dimension artistique. C’est cela qui fait de la littérature,un art. Au niveau du journaliste par contre, nous n’avons pas pour vocation de procurer forcement le plaisir du texte comme le disait Roland Barthes. La fonction première, c’est de communiquer, d’avoir un message plus accessible même si de temps en temps, on vous demande d’avoir de la rigueur dans l’écriture pour faire en sorte qu’on ait quelques petits plaisirs à lire votre article.Toutefois, les articles de presse ne sont pas des œuvres littéraires.

ArtBF : Oui ! mais lequel des deux vous emballe le plus (la littérature ou le journalisme?

 Les deux m’intéressent !  Je n’ai pas de préférence. Même s’il est vrai que j’ai rangé ma plume de journaliste puisque je ne suis plus dans le domaine des médias. Et c’est cela aussi qui me donne encore plus de temps pour me consacrer à la littérature. C’est très difficile pour moi de faire le choix et ce n’est pas par hasard si j’ai fini par faire les deux.

Le journalisme m’a permis d’avoir beaucoup plus de contact avec les gens, de pouvoir mieux voir les choses, comment ma société évolue…ce qui, par moment a été des sources d’inspiration pour les œuvres littéraires. Donc, je peux dire que ces deux activités se complètent.



ArtBF : Vous avez eu une rencontre avec le ministre en charge de la communication et de la culture, Emmanuel OUEDRAOGO. Qu’est ce qui est ressorti de positif de cette rencontre ?

(Un peu embarrassé). Là, vous me posez un problème d’éthique parce que la rencontre était à huit clos.Donc, souffrez que je ne vous parle pas du contenu puisqu’il ne m’appartient pas de le faire. Du reste, je crois qu’à l’issue de la rencontre, le ministre OUEDRAOGO a accordé une interview à la presse pour dire un peu le contexte dans lequel la rencontre a eu lieu et l’objet de la rencontre aussi.

Je voudrais plutôt saluer l’initiative que le Ministre a eue de rencontrer ses prédécesseurs. Comme Me. Paceré l’a dit, « si la termitière vit,il faut qu’elle ajoute la terre à la terre ». En réalité, on a toujours besoin de l’expérience des autres, on n’est jamais omniscient et je pense que c’est dans ce sens que je salue la démarche du Ministre OUEDRAOGO de rencontrer ses prédécesseurs qui lui ont promis leur disponibilité à l’accompagner dans le domaine qui est le leur. Je pense que ce ministère est en quelque sorte notre maison mère à tous et c’est une fierté pour nous de pouvoir apporter notre contribution, tant que cela est possible pour que les choses aillent dans le meilleur des mondes.

Propos Recueillis par Elda KOAMA, Collaboratrice

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