Burkina 2023 : L'engagement des hommes de média dans la crise sécuritaire

Burkina 2023 : L'engagement des hommes de média dans la crise sécuritaire

Dans le contexte de crise sécuritaire que traverse le Burkina Faso, comment réorienter l’action du journaliste burkinabè afin qu’en 2023, il puisse allier professionnalisme et élan patriotique en cours ? C’est la question que nous avons posée à Baba HAMA, homme de culture et écrivain-journaliste.

Baba HAMA  : A ce niveau, il faut faire attention !  Je dirai que le journalisme est une technique.Il y a bien sûr un contenu à mettre et c’est en fonction de l’évolution des sujets. Mais ce qui est important dans ce contexte d’insécurité, c’est comment faire son travail en respectant l’éthique et la déontologie, en évitant les écueils : c’est-à-dire, éviter d’être victime de propagande d’une partie par rapport à une autre. Mais en même temps,il faut donner de l’information qui puisse sécuriser la population parce qu’en période de crise, le public a soif d’une information, a envie de savoir ce qui se passe pour se prémunir soi-même. Donc, c’est le devoir du journaliste de lui apporter ces informations. C’est vraiment de pouvoir jouer dans le juste milieu. C’est ce qu’on appelle la responsabilité sociale du journaliste.

Personnellement, je ne me fais pas du souci parce que la presse nationale dans son ensemble est animée par des professionnels qui ont une haute perception de leur rôle de journaliste dans un contexte de crise pareille.

ArtBF: Pensez-vous que cette situation de crise peut motiver ou nécessiter de réorienter l’action du journaliste pour qu’il allie à la fois professionnalisme et contexte de guerre ?

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Je n’aime pas qu’on parle de réorienter ! Quand vous allez voir un médecin parce que vous êtes malade, ce n’est pas à vous de lui dire que vous avez besoin d’une perfusion, d’un suppositoire ou de sirop. Non ! Je suis contre ce discours là !  Il faut faire confiance aux professionnels ; car ce sont des patriotes et ils ne vont pas quand même diffuser une information qui peut porter préjudice au pays. Ils réfléchissent avant d’écrire ! Donc de ce point de vue, lorsque vous avez affaire à un journaliste professionnel, il n’y a pas de crainte.

ArtBF: Est ce que le professionnalisme implique le fait de diffuser certains messages, des menaces ou des vidéos venant des Jihadistes ?

Baba HAMA : Dans ce professionnalisme,il faut savoir raison gardée et ne pas être le relais des propagandes. Un journaliste professionnel sait apprécier le message et ne va jamais se prêter à ce jeu-là.



Baba HAMA en entretien avec Elda KOAMA

Si vous avez un audio ou une vidéo qui n’est pas utile à votre société, ces éléments ne seront pas diffusés. En réalité,on crie haro sur les journalistes ; mais on se trompe de combat. Les véritables personnes qui créent ce problème sont dans les réseaux sociaux.Je ne pense pas que le problème se pose au niveau des journalistes professionnels ;ils savent ce qu’ils doivent faire. Aujourd’hui, il y a amalgame parce qu’on parle de plus en plus de journalisme citoyen. J’accepterai ce terme le jour où il y aura un médecin ou un vétérinaire citoyen. Le journalisme est un métier et ça s’apprend. Je ne fais pas d’ailleurs du fétichisme sur l’école de journalisme puisque la vie en elle-même est une école. On peut bien apprendre sur le tas et devenir un professionnel du métier.



 

Je vais vous donner un exemple. Imaginez que vous ayez une vidéo ou un audio venant de la partie ennemie.  La première des choses est de savoir « qui parle ? », il représente qui ? Est-ce que la personne qui parle dans l’audio a autorité à parler ?  » . Il faut se poser ces questions parce qu’avec les réseaux sociaux, n’importe qui peut rester dans sa chambre et balancer une vidéo ou un audio.Les réseaux sociaux pour un journaliste professionnel ne sont pas dans l’absolu des sources d’information.Mais ils peuvent être une sorte d’aiguillon ;c’est-à-dire, qu’ils peuvent mettre la puce à l’oreille. Le travail du journaliste est d’aller vérifier les faits avant de les diffuser. Je crois qu’un journaliste professionnel ne va pas balancer une vidéo ou un audio qui vient des réseaux sociaux sans chercher à comprendre.

ArtBF : Alors, nous sommes à quelques jours de 2023, quels sont vos vœux pour l’année 2023 ?

Baba HAMA : Vous savez, les vœux sont inutiles. Chaque fin d’année, on se fait des vœux et ça ne marche pas ; pourquoi ? Ce ne sont pas les vœux qui induisent un changement.Mais c’est votre propre changement qui va faire un changement global. Donc, pour moi il ne faut pas tomber dans les vœux pieux qu’on a l’habitude de faire. Mon vœu est que chacun d’entre nous prenne plutôt des résolutions.

Si vous voulez que 2023 soit une année de paix, posons-nous individuellement la question de savoir ce que nous pouvons faire pour qu’elle soit une année de paix.

Mon vœu est que chacun d’entre nous prenne une résolution pour faire de 2023 une année de paix. Lorsque le mur se fend les cancrelats s’y mettent. C’est à nous donc de faire en sorte de cimenter notre vivre ensemble, de raffermir notre solidarité, de penser à l’unité de notre pays.

Je vous invite à relire notre devise. Elle dit :  Unité, Progrès, Justice.

Travaillons d’abord à réussir cette unité, travaillons aussi à acquérir de la sagesse. Je suis croyant. Et je pense qu’il faut implorer le Seigneur pour qu’il puisse inspirer à chacun de nous la sagesse qui nous permettra de semer de l’amour entre nous parce que je pense qu’un peuple uni, un peuple fort, vient forcement à bout de toutes les adversités.

Pour me résumer, on a dit que ce sont des hommes de paix qui font la paix. Que 2023 fasse de nous, des hommes de paix pour que nous puissions réaliser la paix au Burkina Faso.

Propos recueillis par Elda KAOMA, Collaboratrice

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