Festival “Rendez-vous chez nous”

Festival “Rendez-vous chez nous”

C’est parti pour la 6e édition du Festival Rendez – vous Chez Nous”. Après le thème portant sur le rôle de l’artiste dans la prévention des conflits, la citoyenneté et la démocratie, le Festival 2015 a choisi cette année de réfléchir sur le thème :” Intégrité et transmission “. Cependant, le top départ de cette 6e édition initialement prévu ce matin devant l’Institut Français par une grande parade n’a pas eu lieu en raison de la marche organisée par les mouvements de la Société civile. Un nouveau rendez-vous est donc pris pour le 11 au 15 février 2015 à Ouagadougou, dans les quartier Gounghin, dans le centre-ville, dans six villages de la commune rurale de Komsilga et à l’orphelinat de Loumbila.
Le Directeur artistique du festival Boniface KAGAMBEGA nous entretien sur ce festival :

Boniface KAGAMBEGA (B.K.) :Je suis le Directeur artistique du festival Rendez-vous Chez Nous du collectif ARCMU qui veut dire Art, Clowns, Marionnettes et Musique dans nos Rues. En résumé, c’est tous les artistes et techniciens qui travaillent dans l’espace public; c’est-à-dire dehors et sur des spectacles gratuits.

En quelques mots pouvez-vous nous présenter le FESTIVAL ?
B.K. : Nous avons lancé la première édition en 2009. Nous préparons maintenant la 6ème édition. C’est un festival hors des murs qui a pour objectif, la démocratisation et la décentralisation de l’art et la culture. Il s’agit de pouvoir présenter des spectacles gratuits et de qualité parce que selon nous, tout le monde a droit à l’éducation, à la santé et à la culture. C’est aussi de soutenir des projets décentralisés puisque la majorité des festivals se retrouvent au niveau de Ouagadougou. Nous faisons donc rapprochés ce festival des zones rurales comme la commune de KOMSILGA, LOUMBILA, BOROMO, ET BOBO DIOULASSO.

Artistebf (Art.) : Ce festival est assez particulier, comment fonctionne il ?
B.K. : Pendant longtemps, on a toujours pensé que les arts de la rue étaient des disciplines de salles qui se font dehors mais ce n’est pas cela. C’est un travail et une réflexion artistique dans l’espace public. Les artistes réfléchissent sur comment ils vont présenter leurs œuvres dans l’espace public avec tout ce qui les entoure parce que les conditions ne sont pas les mêmes qu’un spectacle qui se déroule dans une salle. Pendant leurs prestations, ils savent qu’il y aura des scènes imprévues comme des motos, des voitures qui peuvent à tout moment surgir. Il y a des spectacles qui ne peuvent pas se tenir dans une salle comme par exemple un spectacle de marionnettes de 4 mètres de haut et de 12 mètres manipulées par quarante(40) personnes; on comprend directement que c’est l’art de la rue. C’est une réflexion artistique dans l’espace public avec les contraintes qui s’y trouvent. En 2003, lorsque nous avons décidé de monter le collectif, nous travaillions tous dans des salles, mais nous avons voulu aussi aller vers nos populations, chez des gens qui n’ont pas les moyens d’aller payer 2000 f à l’Institut Français. J’ai fait 17 pays en tant que marionnettiste, mais quand je jouais au Burkina Faso, c’était toujours devant les mêmes personnes, c’est-à-dire ceux qui ont la chance d’être en ville et de pouvoir se payer le spectacle. Pour donc permettre au plus grand nombre de burkinabé de voir des spectacles, nous nous sommes dit (mes amis et moi) qu’il serait bien aussi que nous jouions pour nos familles, dans les villages, dans les lieux public où il n’y a pas de salles. Cela respecte mieux les moyens et le cadre même du Burkina Faso.

Art. : Que gagnez-vous finalement avec ce festival de la rue et qui se veut gratuit ?
B.K. : L’année dernière, nous avons eu huit(08) projets de “Artistiques” créés par le festival et qui a permis des artistes d’avoir des tournées en France. Quand ces artistes vont en France, ils sont payés; n’est-ce pas déjà quelque chose ?. Pour l’instant, je ne connais pas beaucoup de festivals au Burkina Faso qui arrivent à faire voyager des artistes à l’extérieur comme ce que nous le faisons. Beaucoup de festivals parlent de programmateurs; mais quand le projet est ficelé et prêt, ce sont les directeurs eux-mêmes qui prennent les billets d’avion et qui y vont. Au niveau de notre collectif (Festival des Arts de la Rue), nous avons permis à des artistes d’aller en Corée, en Côte d’Ivoire et en France.

A votre avis comment positionner nos artistes à l’extérieur ?
B.K. : En matière de danse, de théâtre, d’art de rue, le Burkina est très bien représenté. Malheureusement, au niveau de la musique, pendant longtemps, il y a eu trop de “PLAY-BACK” sur des grands événements et le play-back a tué la musique burkinabé. Au niveau du festival, c’est notre combat; nous ne faisons pas de PLAY-BACK.C’est dommage que les gens ne disent pas la vérité. Nous sommes déçus de savoir que des artistes de renom mentent ! Ils font croire qu’ils vont sur de gros festivals à l’extérieur alors que ce sont des “PLAY-BACK ” qu’ils offrent aux communautés burkinabé à l’extérieur. Je ne citerai pas de nom, mais on se connait. La presse parle tellement d’eux ” oui, il est allé à New YORK, en France “… Oui c’est ceci cela …Mais ils préfèrent jouer du “PLAY-BACK” pour la communauté burkinabé plutôt que d’aller sur de vraies scènes où il peut être repéré.
Ensuite j’accuse l’Etat qui ne met pas suffisamment les moyens ou qui n’a pas réfléchir véritablement pour accompagner la musique burkinabé. A la Semaine Nationale de la Culture(SNC) passée, nous avons appris qu’il y aurait le marché de la culture. Malheureusement, les personnes qu’ils ont présentées à la télé comme étant des tourneurs ne connaissent aucun festival important à l’extérieur. Ces gens ne connaissent rein en matière de bon festival et ce sont eux qui sont présentés à la presse comme des professionnels. Je parle en connaissance de cause ! Ils font des programmations par affinité sinon, tout est faux! Tant qu’on ne pourra pas se dire la vérité, la musique burkinabé n’ira pas de l’avant.

Art. : Que faut –il faire ?
B.K. : Je pense que nous devons respecter les artistes qui nous représentent et de permettre à certaines personnes d’aller en formation. Les managers burkinabé ont besoin d’apprendre et donc d’être formé. Il faut accompagner certains artistes tels Victor Démé, Alif NAABA qui nous représentent valablement à l’extérieur. Nous avons des artistes qui ont des managers et des administrateurs mais nous n’avons jamais pris le temps de faire venir des vrais programmateurs au Burkina Faso. C’est le cas de Koudbi KOALA par exemple qui a bien travaillé sur les nuits atypiques de Koudougou mais peut-être par manque d’accompagnement, il s’est découragé.
Quelles sont les précautions que vous mettez en place pour éviter la maladie?
Nous avons déjà la chance qu’il n’y a pas de cas dans les pays limitrophes du Burkina Faso mais nous avons adressé une correspondance au ministère de la santé pour demander des gels et des agents pour voir ensemble, comment tenir le festival. Cependant, je note avec regret que l’une des grandes compagnies de cirque en Afrique de l’Ouest ne puisse pas être parmi nous à ce festival parce que son pays ( la Guinée Conakry ) a beaucoup été touché par Ebola.  !

Art. : Avez-vous un appel au public ?
B.K. : Nous invitons les populations à venir faire une grande parade qui partira de l’Institut Français jusqu’au quartier Gounguin. Le 07 février à 09h, près de 300 artistes qui clament la démocratisation de la culture. Nous invitons aussi le public à venir du 11 au 15 février dans les villages et du 19 au 22 février à Bobo Dioulasso. Tout le monde a droit à la culture. C’est vrai qu’il faut soigner, éduquer; mais au niveau de la culture aussi, on peut éduquer, lutter contre la pauvreté parce qu’il y a du travail et il y a beaucoup de gens qui peuvent vivre en travaillant au niveau de la culture.
Patrick COULIDIATY

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