Jhade de BEAUMONT, artiste plasticien

Jhade de BEAUMONT, artiste plasticien

Jhade de BEAUMONT est un artiste plasticien résidant au Burkina. Plus d’une décennie au pays des hommes intègres, Jhade a fini par obtenir la nationalité burkinabé. Il SURF sur tout ce qui est art; il travaille sur le bronze, le bois, le cuivre etc. En plus de son talent en art plastique, notre invité est aussi un professionnel de l’écrit et de l’esthétique. Pour ce dernier domaine (l’esthétique), il redonne de belles peaux aux personnes qui le désirent et qui souffrent de certaines disparités physiques (boutons, végétations cutanées de la face). Sans plus tarder, voici donc pour vous le portrait d’un artiste très attaché à l’esthétique, amoureux de l’art plastique et du cuir.

Jhade DE BEAUMONT(J.B) :Je suis Jhade DE BEAUMONT, je suis au Burkina depuis 14 ans; de nationalité burkinabé, depuis 12 ans. Je travaille la peau morte et la peau vivante. La peau morte, c’est tout ce qui est cuir; sacs et tout ce qui est meubles recouverts de cuir. Pour ce qui est de la peau vivante, j’essaie de donner un autre aspect beaucoup plus intéressant à vous Mesdames si vous avez des boutons au visage ou d’autres disparités physiques. Si tel est le cas et à la demande de ceux qui sont dans le besoin, nous cherchons ensemble des solutions pour mettre ces personnes dans la meilleure image qu’elles souhaiteraient avoir. En tant qu’artiste, je SURF sur tout ce qui est art à travers le bronze, le bois, le cuivre et le tissu. Je fais des vêtements, la peinture et des dessins. Je ne suis pas concentré sur une chose. C’est pourquoi quand ça me prend, j’écris. Je ne sais pas si c’est une faculté mais j’ai cette chance de pouvoir jongler sur différentes notes.

Art.: Jhade de Beaumont travaille avec plusieurs matières de base dont le Bronze, le bois et le cuir. Vous semblez au regard de vos créations, vous intéresser beaucoup plus au cuir qu’aux autres matières; pourquoi ?
JB : Dans le milieu art plastique, quand on parle de tableau, tout le monde voit déjà la peinture. En effet, les gens ont l’habitude de faire un tableau avec de l’aquarelle ou de la peinture. Moi j’ai plutôt pensé à faire des tableaux avec du cuir, de différentes couleurs pour représenter certaines choses. J’ai fait des essais qui ont été petit à petit concluants pour arriver aux œuvres que vous contemplez aujourd’hui. Maintenant, comment ça me vient ? Je ne peux pas vous l’expliquer; c’est dans le cœur.
Le cuir est une matière noble et le Burkina a tout ce qu’il faut. Malheureusement, il manque toujours de la finition aux produits artistiques burkinabé; ils ne sont pas bien finis comme il le faut. Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte que nous sommes dans une mondialisation. Même au fin fond de la brousse, nous sommes toujours dans une mondialisation. Sur la chaîne de production, il a fallu se battre pour avoir un cuir de meilleure qualité et de la teinture de meilleure qualité. Avec les maroquiniers que je forme depuis 7 ans, je leur apprends la rigueur, c’est-à-dire, à aller jusqu’au bout de la finition, la plus ultime possible. Avec les sacs à main par exemple, si les coutures ne sont pas bien faites, je leur fais recommencer le travail. Ce qui est sûr, n’arrivera pas sur le marché, un produit qui ne soit pas au ” TOP”.
J’aime un univers qui soit beau autour de nous. Si l’univers est agréable à vivre, on peut essayer de cultiver un minimalisme, c’est-à-dire, avoir juste dans sa maison ce qu’il faut à la place qu’il faut, avec les couleurs qu’il faut. Pour avoir vécu 10 ans en Chine et au Japon, j’ai beaucoup appris et beaucoup fait. C’est ainsi que l’on cultive à partir des couleurs, l’harmonie d’une maison, d’un couple, de l’intérieur et de l’environnement d’une maison. Le plus important, c’est l’harmonie intérieure et celle dans laquelle nous vivons.

” il manque quelque chose de prioritaire et d’extrêmement important à ces artistes burkinabé”
Il existe au Burkina Faso , beaucoup d’artistes. Mais il manque quelque chose de prioritaire et d’extrêmement important à ces artistes. Qu’est-ce que c’est ? Connaître l’identité des auteurs des œuvres, savoir qui est auteur de tel ou tel objet. A ce niveau, on est comme perdu parce que nous évoluons dans un anonymat total. Quand vous prenez un objet, il vous sera difficile de trouver le vrai auteur ou tout au plus, vous vous retrouverez avec une multitude de personnes qui se disputeront la paternité de l’objet. Ceci, parce qu’aucune inscription n’est faite sur l’œuvre réalisée. Or, un artiste a besoin qu’on le retrouve. Voilà pourquoi toutes mes œuvres portent le logo “JB” c’est-à-dire, Jhade DEBEAUMONT. Mes tableaux sont aussi immédiatement photographiés et le client reçoit un certificat de labellisation où figure la photo de l’œuvre qu’il va emporter ainsi que le nom du destinataire. En fait, j’essaie d’apprendre aux gens la notion de valeur ajoutée sur des œuvres.

Art. : Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos tableaux?
JB : Je n’ai pas de thème précis. Je surf sur tout ce qui est art et en fonction de mon inspiration; je suis par moment imprévisible !

Art.: En plus des meubles, il semble que vous pratiquez également la chirurgie esthétique sur les personnes ?
JB : L’esthétique est une passion autant pour les femmes qui veulent être belles; c’est bien pour les autres mais c’est aussi merveilleux pour soi-même. Aimer par exemple se regarder dans une glass, c’est quelque chose d’extraordinaire. Je ne cultive pas pour ces dames un certain narcissisme, non ! Mais pour le mari, il est bien de paraître la plus belle, de paraître dans la meilleure image que l’on puisse présenter pour son mari.
Je ne ferai pas trop de détails. Une personne qui a un problème de disparité ou de non harmonie au niveau du visage comme par exemple un sourcil qui est plus haut que l’autre, on l’harmonise de nouveau et on le redessine; c’est la derme-pigmentation. Nous lui faisons des sourcils qui sont au top pour un visage en concordance avec son aspect visuel.

Art.: Vous avez en main un livre que vous n’avez pas encore publié, de quoi parle-t-il ?
JB : Lorsque je suis arrivé au Burkina, j’ai toujours été attiré “ENCORE” par l’art très prisé par les femmes de Tiébélé (ville située au sud-ouest du Burkina). J’ai essayé de retracer une histoire et les recherches m’ont fait remonter jusqu’en 1740. L’histoire raconte qu’un prince de Loumbila du nom de “Patiringomi” a été écarté de la chefferie vers 1740 . Il a quitté LOUMBILA avec ses plus proches fidèles pour s’installer à Tiébélé où il a créé sa chefferie avec tout ce qui est beauté au niveau ornements muraux, extérieur et intérieur. C’est cette histoire que j’ai voulu faire revivre et donner à travers cette histoire, la réalité aujourd’hui des femmes de Tiébélé, de la femme gourounsi, ce qu’elle est capable de faire ou de créer. Tous ces talents lui sortent du fond de ses tripes parce qu’elle n’a pas fait d’études, elle n’a pas une culture spéciale. C’est un art qui se transmet de grand-mère, en fille, de fille en petite-fille. C’est ce que j’ai voulu faire ressortir au travers de mon livre.

Art. ; Est-ce une reconstitution de faits une pure fiction?
JB :C’est une réalité, je n’ai rien inventé.

Art. : Quel est votre regard critique sur l’art plastique?
JB : (Rires)Le Burkina a énormément de potentialités, il a tout pour être au top. Tout ce qui est art burkinabé fait 30% du PIB; ce qui veut dire que l’art occupe une place très importante au Burkina. Maintenant, pour arriver au niveau international, il faut s’attaquer à la finition. Il faut apprendre aux gens à bien finir et à aimer leurs produits. Les artistes burkinabés ont la possibilité de tout faire puisqu’il y a des matières premières à des prix non exorbitants. Malheureusement, nous tombons dans un cercle vicieux. Les artistes travaillent au jour le jour et ils vivent aussi au jour le jour. Alors, si les ventes ne sont payées ou encaissées à temps, ils sont obligés de créer autre chose parce qu’il n’ y a pas eu de retour sur investissement à même de leur permettre de continuer les créations. C’est une situation très lamentable parce que les artistes dans ces conditions, ne peuvent pas avancer correctement. Il faudrait que toute cette sphère artistique soit mise en valeur afin que les artistes puissent montrer leurs talents à l’intérieur comme à l’extérieur. Enfin, la difficulté est liée au fait que les artistes ne bénéficient pas de subventions; ils ne savent pas souvent à quelle porte frapper pour avoir du soutien. C’est cela le problème et dans un tel contexte, il est très difficile pour eux, de se faire connaître à l’international.

Art.; Vous semblez soucieux pour la jeunesse, Quel message à son endroit ?
JB : La jeunesse a tout entre ses mains, mais il ne faut pas qu’elle tombe dans la facilité. D’abord, il leur faut du travail et la volonté. On dit que vouloir, c’est pouvoir. Pour y arriver, ce sont des heures de sommeil en moins, être constant dans l’effort et accepter apprendre. Les jeunes doivent savoir que rien ne leur tombera du ciel; il leur faut retrousser les manches et foncer. Je sais qu’ils ont aussi besoin de formation et c’est ce que je vais essayer de réaliser pour qu’ils ne tombent pas dans ce que j’ai vécu et là où je suis tombé.

Art. ; Allez-vous créer une école de formation?
JB : Oui, prochainement mais je ne sais pas quand.

Comment vous contacter ?
Il suffit d’aller s’arrêter au niveau de l’agence ONATEL de la ZONE DU BOIS de Ouagadougou puis composer le 76 62 46 33 ou le 25 36 00 03 et nous allons venir chercher l’intéressé.
P.K

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