L’évolution numérique constitue-t-elle une menace pour certains métiers du cinéma ?

L’évolution numérique constitue-t-elle une menace pour certains métiers du cinéma ?

A maintes fois, cette question  s’est  retrouvée sur les lèvres . L’évolution numérique constitue -t-elle une menace pour certains métiers du cinéma ? Il y a cinquante (50) ans, personne ne croit à cette éventualité y compris les professionnels du  7ème art. Tout comme les éditeurs, les professionnels du  cinéma  n’ont jamais été  inquiétés par l’évolution numérique et technologique   qui  pourraient menacer  leur existence ou du moins pour certains métiers du cinéma. La réponse a  toujours été «  NON ! » car disent-ils, le numérique, l’édition et le cinéma sont complémentaires. Et pourtant … A l’allure où vont les choses, rien ne restera en l’état ; tout évolue…

Les faits :

En 1994, il n’y avait que deux pays qui possédaient un réseau internet. Et là, nous parlons de l’Afrique.  Il s’agit de l’Afrique du Sud et l’Égypte2 puis suivront d’autres pays autour des années 2000 ou 2021. En  regardant  notre parcours dans le rétroviseur, on  se rend compte que l’humanité a fait de belles avancées. Aujourd’hui , nous parcourons l’espace, nous communiquons par téléphones fixes puis mobiles au lieu du tam-tam, nos déplacements physiques  sont aussi réduits grâce aux lettres postales, les emails, les skypes et  les whatsapp…  S’il n’y avait seulement que çà ! La télévision, le téléphone portable, l’ordinateur, les jeux vidéos sont autant d’outils qui nous éloignent les uns des autres, qui touchent aux  libertés individuelles et appauvrissent  les conversations. Enfin, la technologie et le numérique ont considérablement réduit les emplois dans plusieurs domaines. Et  les cinémas en font partie.


Il fallait peut-être entre 8 à 10 personnes pour tourner un film dans les années 60 ou 70. Aujourd’hui le numérique et la technologie aidant, cet effectif s’est vu peut-être réduit à moitié. Il y a des dizaines d’années il était impensable de réaliser un film en moins de deux ans. Mais aujourd’hui, les Ciné NERWAYA et BURKINA sont inondés d’affiches de nouveaux films produits à des intervalles de moins d’une année. C’est vrai que la qualité laisse à désirer ; mais le numérique et la technologie y sont pour quelque chose dans cette rapidité avec laquelle sont produits  ces films. Et que dire des nouvelles applications numériques dont la dernière serait les tick-tock, qui permettent de tourner en quelques minutes des séquences vidéos avec une qualité d’images et de sons incroyables ?  Quotidiennement naissent de nouvelles applications étonnantes et qui  concurrencent  avec  l’équipe classique de tournage cinématographique. De là, peut-elle (la révolution numérique) constituer  une réelle menace pour certains métiers du cinéma ?

Toussaint ZONGO : Réalisateur

Pour le réalisateur Toussaint ZONGO ces nouveaux médias que sont les Whatsapp, FACEBOOK et les Tick-tOCK représentent des opportunités d’expression, pour passer des messages, des opportunités économiques, d’emplois et de gagne pain pour les jeunes. Mais en aucun cas, ils ne pourront remplacer le cinéma car dit-il « Le cinéma est un médium avec des règles, des conventions bien connues qui se distinguent des formes d’expressions que véhiculent les réseaux sociaux tels whatsapp, facebook, Tick-tock qui eux, se basent sur des histoires très courtes et qui n’obéissent pas aux marges conventionnelles du cinéma.

De plus poursuit  Toussaint ZONGO, leur contenu qui est considéré comme non sérieux est plutôt destiné à amuser. Les formes d’expression divergent, les contenus sont différents et on ne les consomme pas de la même manière parce que les cinéastes ont reçu des formations pour communiquer de façon complexe, philosophique, artistique et littéraire. Pour moi, rien ne pourra remplacer le médium cinéma ».

Pour Abraham BAYIILI, journaliste et critique de cinéma, ce sont environ une dizaine de métiers qui peuvent être affectés par ces nouvelles applications numériques. Il s’agit selon Abraham BAYILLI, les métiers de scénariste, de réalisateur, les acteurs, les cadreurs, la direction photo, le maquillage, le costume, la musique, le montage et la diffusion. Tout en reconnaissant la menace qui plane sur le cinéma, ce journaliste critique de cinéma reste convaincu que les applications tick-tock et autres ne pourront nullement inquiéter le cinéma.

Abraham BAYIILI : Journaliste critique de cinéma

« En réalité, on ne regarde pas un film de long métrage sur whatsapp ou facebook. Ce sont en général des extraits de films de 30 secondes  à 01 minute qui sont montrés. Des films 1h 20 à 2h ne peuvent être visionnés par ces applications. Pour moi, il n’y a pas de soucis. Bien au contraire, ces applications viennent compléter ces métiers de cinéma. Mais encore une fois, je dis que ces applications ne constituent pas une menace pour le cinéma », soutient Abraham BAYILI.



Docteur Cyriaque PARE, Chercheur en sciences de l’Information et de la Communication

Enfin, Le Docteur Cyriaque PARE, Chercheur en sciences de l’Information et de la Communication ne croit pas non plus à la menace des nouvelles applications numériques qui pourraient supprimer les métiers du cinéma.  Pour  le Fondateur de l’ISCOM, ces médias sociaux sont des illustrations de la transformation digitale et de nouvelles opportunités à saisir.

 » Je pense que ces médias sociaux sont des illustrations de la transformation digitale qui impactent tous les secteurs de la vie. Il faut les voir comme de nouvelles opportunités qu’il faut savoir saisir. Pour les métiers du cinéma, je pense qu’ils représentent de nouveaux canaux de diffusion des productions audiovisuelles et c’est par là qu’il faudra passer pour rejoindre les publics. Les acteurs du monde du cinéma ont donc intérêt à les prendre tels et à les exploiter », a conseillé Docteur Cyriaque  PARE.

Si ces nouveaux médias ne sont donc  pas une menace pour les métiers du cinéma, il y a lieu que nos professionnels produisent des films de qualité avec de belles histoires originales qui accrochent et qui n’ont rien à ressembler à des histoires drôles  ou de faits divers avec des mises en scènes dignes des professionnelles de grandes écoles de cinéma. Il y va aussi de l’avenir du cinéma

Patrick COULIDIATI

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