Lucien HUMBERT, Propriétaire de la Villa “YIRI SUMA”

Lucien HUMBERT, Propriétaire de la Villa “YIRI SUMA”

Nous avons rendez- vous cette semaine avec un Agronome de formation, un ancien Directeur sous régional de projet d’appui à la micro finances pour l’Afrique francophone. Il s’agit de Lucien HUMBERT, un expatrié installé au Burkina Faso depuis 1993. Très accroc des arts plastiques traditionnels, il crée la Villa “YIRI SUMA” qui, depuis 2008 accueille des artistes plasticiens avec environ huit expositions par an. Mais attention ! A la Villa “YIRI SUMA”, n’expose pas qui veut e ou qui peut ! Le Proprio de “Yiri Suma” nous a dit pourquoi.


Lucien HUMBERT (L.H.) : Je suis Lucien HUMBERT, propriétaire de la Villa “YIRI SUMA”. Depuis 2008, il existe dans ce lieu une galerie destinée principalement aux arts plastiques. J’ai vendu mon appartement à Paris pour m’installer à Ouagadougou.
Art. : Depuis combien de temps êtes-vous au Burkina Faso ?
L.H. :J’ai acheté cette maison en 1993 précisément à la veille de la dévaluation du franc CFA pendant que j’étais en fin de séjour au Burkina en tant que Directeur d’un projet sous régional d’appui à la micro finances pour l’Afrique francophone. Ce lieu appartenait à Denis YAMEOGO, le frère du défunt Président Maurice YAMEOGO. (…) A la Villa “Yiri Suma”, nous avons parfois des vernissages, des lectures de poèmes, des textes, des joueurs de musique en solo et aussi la création de danse contemporaine. (…)
Art. : Comment faire pour exposer chez vous ?
L.H. : Nombreux sont les gens qui se disent que je choisis une petite élite, un petit club pour exposer à la Villa “Yiri Suma”. C’est vrai que c’est décourageant pour les artistes qui veulent exposer dans ce lieu et qui n’ont pas mon “OUI IMMEDIAT”. En fait, je voudrais que ce lieu soit une plateforme dédiée à tous ceux qui viennent à Ouaga pour qu’ils découvrent qu’au Burkina, il y a une créativité extraordinaire. Pour ce faire, il faut que tout ce que je présente, tout ce qui s’expose à la villa Yiri Suma soit en résonance avec ce lieu. (…) Je pense être un amateur des arts plastiques mais un amateur engagé. C’est pourquoi je tiens à mettre en valeur tout ce qui se déroule dans mon lieu. Donc, je ne peux pas dire que les artistes qui n’exposent pas à la maison Yiri Suma ne sont pas des artistes. Je ne voudrai pas affirmer que ceux qui exposent dans ces lieux sont les plus grands artistes du Burkina; non ! Mais selon la sensibilité de mon lieu, je trouve facilement une priorité sur le choix des expositions. Si l’artiste a vraiment un travail qui puisse mettre en valeur mon lieu, cet artiste sera le bienvenu.
Art. : En plus des arts plastiques, serez-vous prêt à ouvrir vos portes aux artistes musiciens ?
L.H. : Pour ce qui est de la musique, je peux vous dire que je suis très disposé à accueillir des artistes musiciens. Mai voyez-vous, je suis près d’une clinique. Je trouve que la musique et le théâtre sont deux secteurs qui ont explosé depuis pratiquement les années 2000. Seulement, la sono ou les décibels sont parfois mal exploités par les artistes musiciens. On a l’impression que certains artistes pour se faire entendre, doivent forcément assourdir leurs spectateurs. Ils mettent donc la SONO à fond, ils claquent tout, cassent les tympans et hurlent … au point qu’on ne sent plus de nuances entre les instruments de musique, (violons traditionnels et djembé).
Art . : Quelle appréciation faites-vous des arts plastiques au Burkina ?
L.H. : Je crois qu’il y a des malentendus autour de l’art burkinabé tant au niveau du public que des expatriés. On s’est toujours posé la question, à quoi sert l’art plastique ? Et quel est même le regard de l’autorité administrative sur ce secteur ? Ce qui est dommage, c’est que malgré cette formidable créativité et la multiplicité d’initiatives créatrices au Burkina, le marché reste très étroit et rares sont les artistes qui vivent finalement de cet art. (…) C’est pourtant un secteur qui mérite d’être accompagné et d’être professionnalisé afin qu’il devienne quelque chose de plus construit artistiquement en termes de capacité technique, de langage et de finition.
Art. : Quels sont les projets de la villa YIRI SUMA?
L.H. : On réaménage la cour, pour créer une galerie avec un endroit de restauration qui peut servir également de salle de réunion. Mais nous avons un projet plus grand dans les années à venir qui est de créer un lieu d’accueil mais un lieu culturel plus fonctionnel. Pour cela, j’ai déjà acquis un espace à KOULOUBA.
Art . : Quel est votre mot de fin?
L.H. : Je trouve que les artistes des arts plastiques sont très mal servis par les médias et par les critiques d’arts en général. Je ne sais trop pourquoi ! Je sais que ce n’est pas facile; mais il y a un défi à relever. Il n’y a pas assez de journalistes dynamiques; beaucoup se cantonnent trop souvent dans les faits divers qu’on retrouve d’ailleurs dans les colonnes d’autres journaux. Pour moi, les arts plastiques ont une voix très confidentielle, ils sont au cœur de la culture burkinabé et à ce titre, ils méritent qu’une attention leur soit accordée.
Mariama LOMPO

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