Maïmouna N’Diaye à Cannes : “J’ai appris de grandes leçons d’humilité “

Maïmouna N’Diaye à Cannes : “J’ai appris de grandes leçons d’humilité “

Pour la circonstance, c’est le film documentaire de l’actrice “LE GÉNIE, LE FOU ET LE SAGE” qui a introduit la soirée d’hommage. D’une durée de 78 min, le film raconte la vie de ceux que l’on ne filme jamais en Afrique, ceux dont on a peur ou honte, ceux qu’on appelle les « fous ». Nous avons retrouvé la comédienne en fin de soirée qui a bien voulu se prêter à nos questions :

Vous êtes revenue de ce séjour à Cannes, que peut-on retenir de cette expérience ?
Maïmouna N’Diaye :  (M.N) : Ce que je retiens, c’est que j’ai eu la chance, l’honneur et le privilège de voir des films que personne en dehors du public du festival de Cannes n’a pu voir. Ce sont des films qui ne sont pas sortis en salle. C’est aussi l’honneur de devoir donner mon avis et mon point de vue sur des films de grands réalisateurs dont je connais le travail et que je rêvais de rencontrer ; mais vraiment dans un rêve très utopique. C’est quelque chose de formidable pour moi. J’en ai beaucoup appris, j’ai appris de grandes leçons d’humilité de la part des autres membres du jury et de tous les acteurs internationaux de grandes factures qui étaient présents à Cannes. Ce sont des gens simples, j’ai découvert finalement que nous vivons tous sur la même planète-terre.

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Avec cette expérience à Cannes en tant que membre du jury, pensez-vous que le Burkina a une chance de gravir les marches du Festival ?
Pas seulement le Burkina ! Toute l’Afrique a sa chance d’y participer. La preuve, il y avait un film d’une Franco-sénégalaise, d’une Franco-malienne et d’un tunisien. Pour dire que l’Afrique a toute sa chance. Maintenant, il suffit de travailler, d’y mettre les moyens et il n’y a aucune raison pour qu’on n’y soit pas. La preuve, j’y étais en tant que membre du jury grâce à mon parcours. Je pense que nos films ont toute leur chance d’y être, mais il ne faut pas être pressé et ne pas mettre la charrue avant les bœufs. (rires).

Alors à votre avis qu’est-ce qu’il faut pour y parvenir ?
Mais les réalisateurs le savent déjà ! C’est de travailler, d’aller voir les films des autres. Il faut aller voir comment les films sont faits et se former surtout en ce qui concerne les réalisateurs et les scénaristes. Cependant, la formation ne veut pas forcément dire école. C’est aussi laisser libre court à son imagination et il n’y a rien de tel. C’est ce que nous avons de mieux, bien travailler son scénario et bien préparer son environnement. Côté gouvernement, c’est souhaiter qu’il s’implique un peu plus, qu’il soutienne d’avantage la production et particulièrement les femmes qui font le cinéma.

Quel a été votre meilleur moment au festival de Cannes ?
Le meilleur moment ? C’est les moments où il fallait manger (rires). Mais bon écoutez ! Ce sont les moments où il fallait regarder les films, des films de 02h minimum. Il y avait ensuite des pauses où il fallait manger et là je vous assure qu’il y avait de la super bonne cuisine (rires.)

Dans les médias, c’était une “Mouna N’DIAYE” exclusivement habillée en “dan fani”, pourquoi ce choix ?
J’ai été exclusivement habillée par des stylistes burkinabés qui, dès qu’ils ont eu l’information ont tout de suite souhaité se faire une visibilité. Et moi de toute façon, à chaque fois que j’ai voyagé je me suis toujours habillé avec de tissus locaux même s’ils sont cousus de façon moderne où traditionnelle. Donc pour moi, c’était une belle opportunité. J’ai été habillée entre autres par Koro DK, Clara Lawson, Bazem’sé, Pathé’o, Mike Silla et je m’excuse si j’en oubliais certains. En moins de 10 jours, chacun m’a fait un minimum de deux tenues. J’ai profité des tapis rouges pour porter ces tenues et donner de la visibilité à ces stylistes. J’en profite de votre micro pour leur dire merci.
Ce que j’ai retenu, c’est que Cannes est une grosse machine qui tourne où tout le monde pourrait se faire une place. Même si Cannes comme le FESPACO a été monté par l’initiative de quelqu’un qui était passionné de cinéma, mais il reste aujourd’hui un festival ouvert à tous les privés qui ont besoin d’ une vitrine pour se faire connaître et je crois qu’il faut qu’on arrive à cela dans tous les festivals.

“Parasite” est le film qui a remporté la Palme d’or. Pour l’avoir suivi quel a été sa particularité ?
Je ne vais pas raconter le film parce que je veux que les gens aillent le voir. Nous étions 9, chacun avait une sensibilité différente ; donc je ne peux pas juste prendre ma sensibilité et la mettre en valeur mais c’est un film qui nous a tous touchés à plusieurs niveaux d’une certaine manière.

Qu’avez-vous à dire pour terminer cet entretien ?
Croyons en ce que nous faisons ! Croyons au cinéma, c’est un métier formidable ! J’encourage les jeunes femmes qui veulent se lancer dans ce métier, pas forcément pour être comédienne. Il n’y pas que le métier de comédienne parce qu’il y a d’autres métiers parallèles ou techniques qui gravitent autour du cinéma. Il y a des femmes ingénieurs du son, cadreurs, machinaux et bien d’autres métiers ouverts aujourd’hui aux femmes. Donc pour moi, c’est d’encourager les femmes à foncer dans le cinéma.
Propos recueillis par Fatim BARRO

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