Mannequinat : Rihanata ZONGO " Nous sommes souvent frustrées !"

Mannequinat : Rihanata ZONGO " Nous sommes souvent frustrées !"

Le Mannequinat est un métier qui fascine aujourd’hui de nombreux jeunes en particulier la gente féminine. Loin d’être un gagne-pain, le mannequinat est une passion pour certaines comme le confirme d’ailleurs Rihanata ZONGO dans cet entretien. Miss Université en 2011, elle excelle tant bien dans ce métier que dans celui du cinéma. Aujourd’hui, elle est une référence dans le mannequinat pour avoir participer à plusieurs films et à de nombreux défilés de mode. Très courtisée par les stylistes et les réalisateurs, notre invitée nous dévoile son secret à travers ces lignes.

ArtBF : Quel est ton parcours scolaire et professionnel ?

Rihannata Zongo (R. Z) : Je me suis arrêtée en licence marketing et je suis en train de rédiger mon rapport de stage pour pouvoir soutenir le diplôme. En ce qui concerne mon parcours professionnel, j’ai fait des stages comme commerciale mais c’est vrai que pour l’instant j’aime tellement ma passion qui est le cinéma et les défilés de mode que je ne me met pas très au sérieux pour m’établir dans une société.

ArtBF : Comment t’est venue l’envie d’être actrice puis mannequine?

R . Z : Être actrice ou mannequin ce sont des rêves d’enfant et je me dis qu’on a qu’une vie, au maximum il faut essayer de vivre ses rêves, il ne faut pas que travailler, se marier et faire des enfants et puis basta. Non ! il faut aussi vivre ses rêves et faire ce qu’on aime aussi. La vie ce n’est pas que le sérieux, il faut souvent savoir s’amuser.

Lire aussi : Rihanata ZONGO, Commédienne de Cinéma

ArtBF : Un des promoteurs disaient un jour qu’il faut des belles rondeurs pour être mannequin? Faut-il nécessairement cela pour être mannequin?

R . Z : (Rires) Je ne suis pas le mannequin typique avec qui tout le monde pourrait travailler. C’est une nouvelle génération de mannequin qui est née et on les en remercie. Merci pour ces  grandes marques. Effectivement, on a remarqué que les filles qui ont les tailles 36 et 32  sont les mannequins phares. Mais le problème, c’est qu’après elles tombent en dépression, elles sont malades, elles sont victimes de problèmes et parfois qui peuvent même conduire à la mort. Donc on a exigé à ce que le mannequin ait des mensurations 38, c’est la base. Si tu ne réponds pas à cette condition, tu ne peux pas défiler. Bien entendu, le souhait des promoteurs est que les mannequins restent très minces mais surtout naturelles, une silhouette qui ne nécessite pas des misères pour pouvoir garder cette forme. Effectivement, ils ont bien fait de s’ouvrir aux femmes avec des rondeurs et de grandes tailles parce qu’il n’y pas seulement que des filles de tailles fines qui aspirent aux belles tenues. Il existe aussi des femmes fortes qui souhaitent voir des modèles qui les conviennent. Donc autant permettre désormais les filles de grandes tailles de défiler afin que chacun trouve son compte.

ArtBF : Le mannequinat, une passion ou un gagne-pain?

R . Z : C’est une passion ! On ne peut pas gagner le pain quotidien avec seulement le mannequinat. C’est ce que je disais, il faut vraiment aimer le métier pour le faire parce que ce n’est pas évident de vivre rien que du Mannequinat au Burkina. Parallèlement au métier, tu fais toujours un petit job à côté. Heureusement que les stylistes et les mannequins sont devenues comme le fruit d’un même arbre et quand on  a surtout des ainées et des grandes sœurs stylistes comme Bazem’sé, Koro DK, Idé MAVA et bien d’autres, nous ne pouvons qu’être réconfortés. Donc c’est avec eux nous collaborons; c’est un milieu très intéressant et formateur. Ça nous permet de savoir se tenir en société, de nous épanouir et de découvrir notre beauté intérieure.

ArtBF : Pendant que vous parlez de passion au Burkina, ailleurs les autres parlent  de métier !

R . Z : Oui ailleurs c’est un métier. Georgette BADIEL par exemple a beaucoup travaillé dans les grands podiums aux USA et a fait du mannequinat un métier. Aujourd’hui, elle est la fondatrice d’une ONG qui vient en aide aux populations rurales  avec des forages; c’est vraiment un effort à louer et  vivement que cet exemple soit suivi au Burkina et permettre ainsi à la génération de jeunes mannequins de pouvoir vivre de leur métier.

ArtBF : A combien peut-on estimer vos cachets pour une soirée de passage ?

R . Z : Normalement si c’est 3 nuits de défilé, chaque passage devrait être payé. Mais vu que les sponsors ne répondent toujours pas favorablement à tous les coups, donc on te fait souvent travailler 2 jours et tu es payée pour les 2 nuits. Le montant des cachets est fonction des  stylistes et du type de défilé aussi. Ils varient entre 50, 60 souvent 100 à 150 mille francs CFA quand c’est à l’extérieur. Au Burkina, comme je vous le disais tantôt, les sponsors ne répondent souvent pas favorablement aux requêtes des stylistes; c’est pour cela que le cachet est un peu bas au Burkina. Mais je ne vous communiquerais pas les montant (rires); Secret professionnel !!!

ArtBF : Quels sont les principes pour être un bon mannequin?

R . Z : En venant dans le métier, il faut d’abord vouloir et aimer ce métier. Au mannequinat, on vient pour travailler et non pour se faire des amis. L’idée, c’est que tu as un talent et qu’à travers ce talent, le styliste peut vendre ses produits.  Pour cela, tu dois être nickel partout (sourire, cheveux, ongles, peau, regard, démarche… etc) parce qu’aucun styliste ne va pas prendre une tenue qui les a tant coutés en temps et en investissement pour habiller une “momie”; c’est-à-dire, une personne qui ne pourra pas mettre en valeur sa création.

ArtBF : On vous voit sur presque tous les podiums des grands stylistes de Ouagadougou, quel est votre secret ?

R . Z : Il n’y a rien de secret; et s’il y en avait un, c’est l’humilité. C’est vrai que les gens à tort ou à raison disent que les mannequins se prennent trop la tête, qu’elles jouent aux grandes stars. C’est vrai que les mannequins ont besoin de ça aussi pour se faire bien vendre. C’est vrai, à quelque part, on peut le dire ainsi; mais ça reste dans le milieu de la mode. Après le défilé  tu es toi-même ! En tout cas, moi je ne me vois prendre la tête hors des podiums. Ma vie est plus simple comme ça et c’est peut-être ça qui fait mon succès.

ArtBF : Comment appréciez-vous ce métier au Burkina?

R . Z : Depuis quelques années, le milieu de la mode est en train de prendre de se bonifier. Les gens créent, inventent, innovent et proposent de nouveaux concepts d’évènementiels. Il reste maintenant que les promoteurs ne limitent pas seulement aux grandes des sous régions mais qu’ils puissent amener la mode dans les confins et hameaux de villages. Ceci permettra aux populations de savoir ce qu’est c’est que la mode.

ArtBF : Qu’est-ce qu’on peut retenir en termes de difficultés en tant que femmes?

R . Z : C’est le fait qu’on ne nous prenne pas souvent au sérieux. Même pour trouver des stages, c’est compliqué. Lorsqu’on voit sur ton CV mentionné mannequin, ça donne une fausse image de toi, d’une fille un peu la tête dans les airs, un employé qui ne pourra pas se concentrer pour traiter un dossier. Côté harcèlement, comme je le dis, il faut savoir ce qu’on veut. Lorsque tu viens avec de bonnes intentions, c’est toujours bien. Mais quand tu viens en trainant des casseroles derrière, il n’y aura que ces casseroles là que tu traîneras dans le milieu.

ArtBF : Quelle suggestion peut – on faire aux promoteurs pour que les mannequins puissent vivre de ce métier milieu ?

R . Z : J’aimerais suggérer que les promoteurs burkinabè qui organisent les défilés internationaux fassent aussi appel aux mannequins burkinabè. En France, il y a la nuit du Faso Dan’Fani qui se prépare mais jusque-là, il y a aucun mannequin qui a été contacté. Je me dis que de telles nuits sont des belles opportunités pour nous  faire connaître sur la scène internationale.

Je demande également aux stylistes de pouvoir aussi tenir tête aux promoteurs des défilés internationaux et exiger que leurs mannequins burkinabè aient un cachet consistant.

Nous sommes souvent frustrés en tant qu’artistes (parce qu’on est des artistes quoiqu’on dise) de savoir que les promoteurs de spectacles octroient des sommes faramineuses aux  artistes chanteurs pendant qu’ils refusent de trouver même de l’argent d’essence pour le mannequin. Franchement, c’est blessant…

Et mon cri de cœur vis-à-vis de ces promoteurs est de leur dire qu’un mannequin, ça se respecte ! C’est vrai qu’on vient pour travailler, mais avant tout, on n’a une vie. Autre aspect frustrant, c’est le fait d’arriver avant le début du défilé et ne trouver pas de places réservées aux mannequins. On est débout attendant les passages.

Propos recueillis par Fatim.BARRO

Leave a comment

Send a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *