SNC 2024 : La grande question !

SNC 2024 : La grande question !

La 21ème édition de la Semaine Nationale de la Culture (SNC) est  annoncée pour se tenir  du 27 avril au 04 mai 2024 à Bobo Dioulasso. Elle se tiendra  sous le thème : « Culture, mémoire historique et sursaut patriotique pour un Burkina nouveau ». Dans le cadre de cette 21è édition, nous vous proposons de lire Sanou Salaka, Professeur de littératures africaines à la retraite.

Cette synthèse tirée d’un entretien réalisé en 2023 porte sur la première difficulté qui a failli ébranler les fondements de la SNC, une situation qui a conduit les autorités de l’époque à élaborer ce qu’il est convenu d’appeler la « Nouvelle philosophie » de la SNC. 

« L’Artiste du Peuple »  

Après la 1ère édition de la SNC tenue à Ouagadougou du 20 au 30 décembre 1983, c’était au tour de la ville de Gaoua dans le Sud-Ouest du Burkina d’abriter la seconde édition.

C’est lors de cette 2ème édition de la SNC (Gaoua 84) que les organisateurs se sont heurtés à une difficulté qui a failli plombé les fondements de l’édition. Il s’agissait de la compétition au niveau des expressions artistiques traditionnelles.



 Classer les troupes artistiques traditionnelles de danse ou de musique reviendrait à classer les cultures quelle qu’en soit l’expression ; c’était ça le problème de base.  Et cela a créé un tollé puisque les textes de la SNC notamment du Grand Prix National des Arts stipulaient que quand on est premier 03 fois de suite à 03 fois dans une compétition, on devient artiste du peuple”, explique Sanou SALAKA.

Pour l’ancien secrétaire permanent de la SNC, tout le monde ne peut pas être premier dans une compétition. “Et c‘est normal qu’il y ait des frustrations lorsqu’on dit après une compétition, que tout le monde est « 1er » ; ça fruste ! ”, nous dit-il avec mécontentement.

La décision a réellement suscité de nombreuses frustrations car les textes régissant le Grand Prix National des Arts stipulaient que le titre “Artiste du Peuple » devrait être attribué à celui qui remportait la première place, trois fois de suite.

Or, être reconnu comme « Artiste du Peuple » par une instance comme la SNC, a de quoi attirer des jalousies et créer de  véritables tollés.

Pr. Salaka SANOU : Professeur de littératures africaines

La subdivision des danses traditionnelles en trois disciplines

Afin de trouver un terrain d’entente sur cette question épineuse qui divise les acteurs, un premier séminaire sur la SNC s’est tenu en avril 1985. Cette rencontre a permis selon Sanou SALAKA de subdiviser les danses traditionnelles en trois disciplines distinctes : la danse de grâce et de rythmes, la danse de force et d’acrobatie, et la danse de synthèse.

Sur le plan musical, la distinction a été faite entre la musique traditionnelle vocale et la musique traditionnelle instrumentale.

Malgré tout, l’ancien locataire de la SNC et spécialiste de la culture est loin de refermer  le débat. Pour lui, il est fondamentalement erroné de mettre en compétition des expressions artistiques traditionnelles car dit-il, « cela revient à hiérarchiser les cultures elles-mêmes, ce qui n’est pas souhaitable » .



La nouvelle philosophie de la SNC de 1997

Convaincu de la pertinence de ses idées,  le professeur SALAKA SANOU réunit avec l’accord du Ministre Mahamoudou OUEDRAOGO des experts pour relire les textes régissant cet événement. Cette relecture, effectuée à Bobo en 1997 donna naissance à une nouvelle philosophie de la SNC, axée sur une plus grande responsabilisation et implication des collectivités territoriales, ainsi que sur la possibilité pour les différentes régions de se confronter entre elles.

Toutefois,  le professeur SALAKA SANOU plaide pour la suppression de toutes formes de compétition concernant les expressions artistiques traditionnelles au niveau national.

Ma position serait de supprimer tout ce qui est compétition en ce qui concerne les expressions artistiques traditionnelles (danses et musiques traditionnelles comprises). Quand je parle de supprimer la compétition, c’est  supprimer la compétition au niveau national”, précise -t-il.



Et Sanou SALALA conclut en souhaitant que les organisateurs et les membres des jurys tiennent désormais compte du contexte dans lequel se déroulent les expressions artistiques pou leur donner toute la considération nécessaire.

A quelques heures de l’ouverture de la 21ème édition, on pourrait néanmoins s’interroger sur la force de frappe de cette nouvelle philosophie de la SNC à la « Salaka SANOU » vieille déjà de 27 ans. Est-elle encore d’actualité ? Voici la grande question !

ArtistesBF

Leave a comment

Send a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *