Tourisme au Burkina : Le malaise

Tourisme au Burkina : Le malaise

Dans nos récentes publications, nous disions que le tourisme burkinabè bat sérieusement de l’aile depuis les remous de 2011. La situation bien entendu s’est dégradée ces dernières années avec les attaques terroristes et la Covid-19. Aussi, le secteur touristique au-delà de cette crise, connait en son sein des égos qui entretiennent un malaise défavorable à  la relance des affaires.

La crise COVID-19 et l’insécurité sont là, c’est vrai. Mais que fait le ministère de tutelle pour amoindrir les charges des hôteliers et les agences de voyages pour  leur permettre de subsister ? Existent-ils des cadres de concertations avec ces acteurs privés en vue d’atténuer les effets collatéraux de la crise  dont ils sont victimes depuis bientôt 07 ans. Et que faire enfin pour rallumer la flamme du Salon International du Tourisme de Ouagadougou (SITHO) qui ne tient plus depuis quelques années, un salon touristique qui est en berne à cause des divergences entre acteurs publics et privés ?

Voilà ce dont il sera question dans cette dernière partie de notre entretien avec Abdoulaye DIONI,  DG du tourisme.

Abdoulaye DIONI (A.D) : Depuis l’installation de la crise, nous n’avons cessé de nous concerter, de réfléchir ensemble pour voir comment on peut quand même amortir le choc ressenti par le secteur. C’est ainsi que dès 2016 après les premières attaques, une formation a été initiée au profit des acteurs privés, des communicateurs pour faire face à la crise.

Le projet est né en 2016 et finalement c’est en 2018 qu’on l’a concrétisé. Nous avons initié cette formation en communication pour apprendre à tous les acteurs intervenants à communiquer en temps de crise. Lorsqu’il y a une crise et que vous ne parlez pas ; vous laissez la latitude aux autres de dépeindre votre destination en rouge comme ils le veulent. Et c’est vraiment très impactant pour le tourisme.



– Des ateliers de formation en matière de renforcement de la sécurité

Nous avons organisé des sessions de travail,  des ateliers de formation en matière de renforcement de la sécurité au niveau des établissements d’hébergements.

Donc, quand vous regardez au niveau des établissements d’hébergements, des dispositifs de sécurité qui n’existaient pas sont maintenant placés. Toutes ces mesures sécuritaires étaient dans le but de favoriser le tourisme et  pour rassurer les touristes.

  • Une exonération sur les produits de protection
Abdoulaye DIONI, DG du tourisme  » A propos de la crise du tourisme »

En allant encore plus loin dans la collaboration de la concertation, dans la recherche de solutions, je pense qu’on a pu obtenir du ministère en charge des finances une exonération sur les produits de protection. Ainsi, les scanners, tous les équipements qui servent à sécuriser les établissements d’hébergements avaient été exemptés des droits de douane pendant un certain temps.

  • Des réductions sur la prise en charge de la sécurité au niveau des hôtels.

Par rapport à la sécurisation, l’une des difficultés auxquelles faisaient face les acteurs hôteliers était la cherté des coûts de sécurisation. Dans certains établissements, vous constatez la présence des forces de l’ordre. Alors, la prise en charge de ces spécialistes de la sécurité, avait un coût. Aujourd’hui, grâce aux négociations, nous avons pu obtenir des réductions sur la prise en charge de la sécurité au niveau des hôtels. Nous sommes convaincus qu’en temps de crise, la promotion et la communication tant à l’intérieur qu’à l’extérieur sont nécessaires. C’est vous dire que toutes les actions de promotion envisagées au sein du ministère ont été faites en concertation permanente avec les acteurs   privés.

  • La « VITHRO » bénéficie de notre accompagnement technique et financier

Vous savez aussi qu’on organisait le Salon International du Tourisme et de l’Hôtellerie (SITHO) conjointement avec les acteurs privés. Cela permettait de faire venir les spécialistes du tourisme et de communiquer autour de notre destination. Au niveau des acteurs privés, ils ont initier ce qu’on appelle la « VITHRO », (Vitrine Internationale du Tourisme, de l’Hôtellerie et de la Restauration  de Ouagadougou ), un activité qui bénéficie de notre accompagnement technique et financier.

Donc, nous travaillons toujours et permanemment  en concertation avec les acteurs privés.

  • Le MCAT et des acteurs privés étaient  au Salon du tourisme à Conakry

Tout dernièrement, il y a eu le Salon International du Tourisme, de la Culture et de l’Artisanat(SITCA) à Conakry où le Burkina Faso était le pays invité d’honneur. Notre pays y était représenté par une délégation composée des acteurs privés et des acteurs publics et conduite par le Ministre du commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat. Encore une fois, vous voyez que nous travaillons en collaboration avec les acteurs privés.



ArtBF : Quelles sont les mesures  palliatives actuelles pour soulager le secteur du tourisme?

Effectivement, on ne peut pas nier qu’il y a la crise. Mais le tourisme comme on le sait est un secteur qui est résilient. Le voyage est presqu’aussi vital que le manger.

On ne peut plus vivre cloîtrer. Le confinement a des impacts désagréables  sur le plan mental et sanitaire. On ne peut plus s’enfermer quel que qu’en soit la situation qui se présente. Le secteur donc du tourisme au risque de me répéter est un secteur par nature résilient. Même si de moins en moins notre tourisme connait des visiteurs internationaux,  on ne peut pas s’empêcher au niveau national, de sillonner nos régions.

  • Il faut revisiter nos offres touristiques

Ce qu’il y a à faire pour les acteurs privés, c’est de revisiter nos offres touristiques. Avant la crise, les produits touristiques étaient conçus presque essentiellement pour une clientèle extérieure. Ce n’était pas des offres  étudiées et adaptées à la demande nationale. Donc, c’est de travailler avec les acteurs privés à proposer des produits touristiques qui répondent  aux attentes des nationaux. Il s’agit de proposer par exemple des offres en termes de flexibilité et de coût à même d’être accessibles aux nationaux.

Ce dont nous sommes convaincus, c’est que la situation actuelle ne sera pas éternelle ; elle va finir par s’arrêter et lorsqu’elle va finir, il faudrait qu’on ait des acteurs préparés, des entreprises prêtes à répondre aussi bien aux attentes des nationaux que des internationaux.

Aviez-vous quelque chose d’autres à ajouter ?  

Il y a eu bien sûr des incompréhensions entre les acteurs   privés et les acteurs publics à un certain moment. Mais je pense que l’heure n’est plus à ces divergences.   Il faut se donner la main pour avancer ensemble. Parlant d’incompréhension, je pense essentiellement au SITHO (Salon International du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou)  qui a été suspendu depuis un certain temps.

En rappel, cette suspension tire ces origines dans la mésentente entre les  acteurs   privés et les acteurs publics dans la façon d’organiser le SITHO.

Donc c’est vraiment se donner la main pour une meilleure concertation, pour une meilleure synergie d’action pour relever les défis qui nous font face.

Vivement donc qu’un consensus soit  trouvé entre les différents acteurs du secteur du tourisme afin de permettre au SITHO, cette belle vitrine du tourisme de  retrouver  toutes ses lettres de noblesse.

Patrick COULIDIATY

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