Tourisme au Burkina : Siriki KY s’insurge contre ce qu’il appelle les « Intellectuels mal avisés »

Tourisme au Burkina : Siriki KY s’insurge contre ce qu’il appelle les « Intellectuels mal avisés »

Après les agences de voyages, nous continuions le débat sur le tourisme burkinabè. Notre objectif, c’est de crever l’abcès et comprendre avec les autorités en charge de la question comment relancer le secteur plombé depuis la double crise qui secoue le pays des Hommes Intègres. Nous remercions toutes les bonnes volontés qui se sont prêtées à cette question de relance touristique et nous gardons espoir que d’autres responsables nous rejoindrons pour apporter leurs contributions éclairées à la crise que connait le secteur du tourisme burkinabè. Nous l’espérons vivement dans un contexte comme celui du Burkina qui est aujourd’hui en quête de ses repères où le  tourisme même interne s’effondre.

Dans le cadre donc de la relance du tourisme burkinabè, nous recevons cette fois en studio Siriki KY, Sculpteur et Initiateur du site granitique de LAONGO.

Laongo, nous vous le rappelons est un village situé à quelques kilomètres de Ouagadougou où des sculpteurs du monde entier se donnent un rendez-vous annuel pour des rencontres et de partages sur les sculptures notamment, sur la taille de la pierre dure. Mais avant, nous revenons avec notre invité sur les bisbilles apparues à la seconde édition de la Biennale Internationale de la Sculpture de Ouagadougou (BISO).



ArtistesBF (ArtBF) : A propos de cette crise au sein de la BISO, était-ce une question de leadership ou d’un accaparement de la biennal par un groupuscule d’acteurs culturels ?

Siriki KY  (S.K) : Je n’ai jamais appris ni entendu qu’il y avait des divergences. L’idée de la BISO est venue de Paris. C’est Nyaba et Christophe qui sont les initiateurs. J’ai trouvé géniale l’idée et je me suis jeté dedans. Je sais qu’à Ouaga, les gens ont l’habitude de se jeter dans les organisations et de s’en accaparer. Mais pour la BISO, je n’ai pas entendu parler de divergence.

ArtBF : Et cette affaire qu’il convient d’appeler  désormais « Affaire François DEUNELIN » dont l’absence à la seconde édition n’est pas passée sans bruit ?

S.K : Il faut que les gens comprennent. François DEUNELIN  n’a jamais fait parti de la BISO. La BISO est organisée pour mettre en exergue le travail des sculpteurs. François DEUNELIN a voulu faire un « OFF » ; c’est-à-dire, faire exposer des plasticiens qui ne sont pas dans le « IN ». Mais cela n’a rien avoir avec la BISO. Cette année, il n’a pas voulu le faire.  Sinon, personne ne l’en a empêché. Peut-être que des gens l’ont driblé. Mais là, c’est entre lui et ces personnes !

C’est depuis 1989 que s’est tenu le premier symposieum de granite de Laongo. Aujourd’hui et avec un peu de recule, l’initiateur de la sculpture de LAONGO se voit comme freiné dans son élan. A la limite, Siriki KY s’insurge contre ce qu’il appelle les « Intellectuels mal avisés ». (vidéo ci-dessous)

S.K : Je n’aime pas parler d’autorités politiques. Il y a des techniciens à côté, des intellectuels mal avisés, qui ne savent pas de quoi ils parlent; mais qui voudraient qu’on les écoutent  et vont raconter des conneries.

Laongo est un lieu de sculpture où nous invitons des artistes à venir sculpter la pierre dure. Ces différentes rencontres permettent d’échanger sur le plan culturel et technique entre artistes plasticiens. Après les symposiums, les sculptures sont là et font de ce site granitique, une destination touristique gérée par le Ministère en charge de la culture à travers l’ONTB .

Mais ce qui important sur ce site, ce n’est pas le côté touristique seulement; mais c’est son côté surtout créatif. Et c’est aussi le fait pour les sculpteurs  de réaliser des œuvres sur ce site. Mais depuis quelques années, nous avons marqué un stop lié à la Covid-19 et à l’insécurité.



ArtBf : Le site granitique tel qu’il se présente aujourd’hui, correspond t-il à la vision que vous lui avez assigné à sa création ?

S.K : Mais avec tout ce qu’il y a comme immixtion des gens dans l’organisation, tout change. Je suis obligé de lever souvent le pied pour observer l’évolution des choses. Au-delà de l’aspect mercantile du site, le concept de Laongo était de faire un champ de sculptures, un endroit attractif où les plasticiens installent de belles sculptures qui font reposer les visiteurs. C’est dans ce cadre et dans cette optique que nous sommes allés au-delà de la limite de la clôture du site granitique  pour installer un deuxième à Tanghin YARGO précisément vers le village « OPERA ». Et à mon avis, ce deuxième site est encore plus beau que le premier.

ArtBf : En 33 ans d’existence, qu’a-t-il apporté au tourisme burkinabè ?

S.K : Ah non !  Le côté touristique ne m’intéresse pas ! Je sais que le site reçoit des visiteurs. Mais pour avoir des chiffres sur le sujet, je vous réfère à l’ONTB qui est encore mieux placé.

ArtBF : Dans le contexte sécuritaire actuel, comment pourrait-on relancer les visites sur ce site granitique ?

S.K : Puisqu’on dit aux expatriés d’éviter d’aller loin de Ouaga. Les gens ont donc peur d’aller au delà de cette consigne ; chacun pense « à son nez ». Le tourisme ne sera possible que lorsque la situation sécuritaire sera réglée. L’autre solution serait d’assurer une sécurité permanente tout au long du trajet Ouaga-Ziniaré.

ArtBF : A quand donc le prochain symposium ?

S.K : Je n’en sais rien ! Moi, je ne pense même pas à ça ! A quoi servirait d’initier un symposium si les autorités politiques nous disent que c’est compliqué à cause de la situation sécuritaire ou de la Covid-19 ? La question de sécurité est là et je n’irai pas au-delà à de leurs consignes.

Tout dépend donc des autorités.  Je salue toutefois au passage certaines d’entre elles qui sont quand même sincères. L’actuelle Ministre en charge de la culture me proposait à ce sujet d’organiser un atelier pour initier les jeunes burkinabè à la taille de la pierre. En effet, entre deux symposiums internationaux, des ateliers d’initiation à la taille de la pierre dure étaient institués au profit des jeunes artistes burkinabè. J’en ai même déjà organisé pour des jeunes de Côte d’Ivoire, du Mali et du Bénin.

Ce que j’ai envie de dire aux jeunes plasticiens burkinabè,  c’est de se cultiver et d’être à l’écoute de ce qui se fait ailleurs, d’éviter d’avoir la grosse tête parce que ça ne servira à rien. (vidéo-ci-dessus).

Patrick COULIDIATI

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