Sana BOB à propos de la culture burkinabé

Sana BOB à propos de la culture burkinabé

Sana BOB est un artiste musicien burkinabè très engagé dont les textes dénoncent le plus souvent l’incivisme grandissant dans nos sociétés. Dans les lignes qui suivent, il livre une analyse poignante sur la culture burkinabè entre histoire coloniale, changement de régimes politiques et bien sûr, entre incivisme comme source de l’ignorance de la culture.

Nous sommes dans un pays où les traditions pèsent fortement encore sur nos mentalités. Seulement, il nous a manqué la bonne manière pour valoriser cette richesse culturelle. Nous sommes une ancienne colonie française et les colons n’étaient pas arrivés pour nous servir. Bien au contraire, ils nous ont déracinés culturellement et dépouillé de ce qu’on avait de bien, ils nous ont imposé leur vision, leur religion ; en mot, leur culture… et nous les avons suivis religieusement.
Réellement, nous avons tous les ingrédients réunis pour réussir culturellement ! Comparaison n’est pas raison dit-on ! Prenons le cas de Maurise YAMEOGO et de la Guinée de Sékou TOURE. Et Maurice YAMEOGO, après les indépendances, dans quelle langue s’exprimait-il à son peuple? C’était en langue française ! Le sport et les tenues occidentales étaient ses préférences. Mais en Guinée, en plus du français, le Président Séjou TOURE s’exprimait en deux langues : le SOUSOU et le MALINKE.
Tout ce que Sékou Touré disait, les guinéens le comprenait en comparaison à Maurice Yaméogo, qui ne parlait que la langue française à son peuple. Après Maurice Yaméogo, il eut le Général Sangoulé Lamizana, le Colonel Saye ZERBO, le Commandant Jean Baptiste OUEDRAOGO, le Capitaine Thomas SANKARA et Blaise COMPAORE.
Si le 4ème Président (Jean Baptiste OUEDRAOGO) n’a pas eu le temps d’asseoir une politique culturelle en raison de son bref séjour au pouvoir, force est de reconnaître que les autres (à l’exception de thomas SANKARA) n’ont pas véritablement travaillé dans ce sens.

bob3.jpgThomas SANKARA a été le seul Président qui a véritablement boosté la culture burkinabé
Il (Thomas SANKARA) est le seul Président avec qui, on senti les choses bouger. C’était pendant la période révolutionnaire. En quatre ans, il a fait briller notre culture à l’extérieur. Il a valorisé le Faso Dan fani, le sport et la musique. Il a créé des salles de cinéma dans presque toutes les provinces du Burkina. Pour marquer sa volonté de valoriser la culture burkinabé, il a changé le nom du pays qui tient compte de nos réalités culturelles. Il a institué la Semaine Nationale de la Culture (SNC). Malheureusement, depuis sa disparition, nous continuons certes de célébrer cette semaine Nationale de la culture mas sans savoir exactement où nous allons.
A chaque édition, il y a des lauréats dans toutes les catégories en compétition; mais que deviennent-ils au fil du temps?. Nous sommes à la 18è édition de cette grande biennale de la culture et aujourd’hui, personne ne peut mesurer son impact sur notre économie ni sur la culture en terme de visibilité. A mon avis, on devrait pouvoir s’asseoir et faire un point sur les différentes éditions de la SNC et au besoin, donner de nouvelles orientations à l’évènement.
Mais du reste, si jusque-là nous patinons, c’est parce que d’une part nous récoltons ce que nous avons semé. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que la culture n’est pas d’une grande contribution dans l’éducation des enfants. Il en est de même pour les chefs coutumiers qui sont aujourd’hui des références dans le règlement de certains conflits communautaires. Il n’y a pas cette ethnie au Burkina-Faso qui autorise son enfant à voler. Le vol est pourtant interdit au Burkina Faso mais pourquoi, il est récurent en ce moment ? C’est parce qu’on a laissé une autre culture nous dominer.

L’Incivisme au Burkina, le gouvernement doit être ferme
Il faut qu’on soit fier de ce nous sommes comme le disait Thomas Sankara. Il faut que nous cessions de vouloir ressembler à quelqu’un d’autre, le burkinabé veut paraître ce qu’il n’est pas et c’est ce qui conduit à l’incivisme ou au vol. Le peuple burkinabè a tellement été coincé pendant des années que lorsqu’il a droit à une petite liberté, il en abuse. Il veut revendiquer et exprimer tout ce qu’il a sur le cœur. Sinon, je ne peux pas expliquer qu’aujourd’hui, un enfant puisse manquer du respect à son professeur, un mot d’ailleurs que beaucoup ne connaissent pas exactement la définition, excepté les alphabétisés. Par contre, quand on dit “KARAMSAMBA’ ( Enseignant en langue Mooré), tout le monde connaît le sens et ce qu’il renferme en termes de respect et de notoriété.
On nous a amené dans un moulin qu’on ne maitrise pas. Le gouvernement doit être ferme, on ne doit pas s’amuser avec l’éducation. Maintenant, si on veut ressembler aux occidentaux en laissant notre culture, il y a un prix à payer.
On ne peut pas manger des omelettes sans caser les œufs. On a chassé ceux qui étaient là, parce qu’ils n’ont pas bien fait. Le gouvernement actuel doit faire un bilan et prendre ses responsabilités. Nous sommes le seul pays au monde où nous avons à un feu tricolore et 3 garde-fous. Il y a le feu tricolore lui-même, la police municipale et des volontaires. Malgré ce dispositif qui devrait permettre une circulation fluide, on enregistre toujours des accidents. J’étais par exemple à Lomé. J’ai vu les togolais rouler en moto comme nous le faisons au Burkina; mais tous portent des casques. Aujourd’hui le peuple burkinabè s’amuse avec ses lois, si on a une loi qui peut amener au bien-être de la société, il ne faut pas hésiter à s’en servir.
Un pays développé, c’est d’abord un pays qui respect ses lois, donc un peuple bien éduqué !
Artistesbf

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