Sophie Deschamps : “Le cinéma Africain manque de programme culturel”

Sophie Deschamps : “Le cinéma Africain manque de programme culturel”

Notre invitée est une auteure de théâtre. Ancienne locataire de la société des auteurs de France, Sophie DESCHAMPS puisque c’est d’elle qu’il s’agit a également occupé plusieurs fois le poste de présidence du conseil d’administration de la Société des Auteurs et  Compositeurs Dramatiques (SACD).  Scénariste bien trempée et pétrie d’expériences, Sophie DESCHAMPS est une avertie des difficultés du cinéma africain. A travers cet entretien, elle trace quelques sillons pour le cinéma africain.

Sophie DESCHAMPS (S.D):  Je suis scénariste, auteur de théâtre. J’ai beaucoup milité pour les auteurs en France et j’ai été élue par la société des auteurs et j’ai été plusieurs  fois présidente du conseil d’administration.

ArtBF : Quelle est votre appréciation sur le cinéma burkinabé  et africain en général?

S.D Je pense que le problème du financement a tout envahi. Je pense qu’il faut développer absolument la professionnalisation  particulièrement de l’écrit. C’est tellement difficile d’obtenir des financements et de tourner. Il faut que les scénarios deviennent formidables. Il y a tout ce qu’il faut ici mais simplement, il faut une méthodologie pour que les scénarios soient parfaits  avant d’être tournés. Et comme  vous avez un réalisateur qui est presque obligé d’écrire lui-même et de monter lui-même parce qu’il n’y a pas d’argent, c’est dommage parce que c’est la collaboration des auteurs qui fait que tout va monter  en qualité particulièrement pour la télévision  et les séries parce que le cinéma burkinabé existe et  existera toujours et on voit que les séries commencent et il y a un marché ici en Afrique qui est extraordinaire et il faut le développer avec les accords et les Etats  pour qu’ils prennent conscience que les télévisions doivent absolument co-produire et investir,  que c’est un marché extraordinaire. C’est une  industrie ici  qui peut se développer d’une manière magnifique  si cela se professionnalise.

ArtBF : Cela fait un moment que le Burkina ne gagne  plus d’étalon encore moins, aller à cannes. A votre avis à quoi  cela est-il  lié ?

S.D C’est lié à un manque de programme culturel. C’est-à-dire qu’en France, il y a énormément d’argent investi dans la formation  et dans  les écoles. Mais il y a après des obligations de productions. Une chaine a le droit d’émettre; c’est l’Etat qui construit le réseau. En échange d’un canal de diffusion, il y a des obligations de productions. S’il n’y avait pas ces obligations de production, il n’y aurait pas de cinéma où de télévision française. C’est parce que les chaines ont eu un moyen de diffusion qui leur a été  offert par les Etats qu’ils sont obligés de participer à la production  et  cela a créé un système qui marche . Sinon un petit  pays comme la France ne se produirait pas, c’est parce qu’il y a tout un système de financement où tout le monde s’y retrouve. Tout est gagnant-gagnant en réalité.

ArtBF : Quelles sont les chances de réussite de ce premier festival ?

S.D C’est trop tôt pour le dire!  Je pense qu’il faut plus de gens qui viennent, plus de communication sur ce festival. De bien comprendre que ce sont dans des grands débats où viennent aussi les politiques qu’on fera avancer les choses. Il faut que les politiques prennent confiance et viennent participer aux débats pour comprendre les besoins et cela peut se faire parce qu’il y a une chance extraordinaire que cela marche. Donc je pense qu’il faut que ce festival se développe mais il faut de la communication.

Propos recueillis par Patrick COULIDIATY

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