A l’Institut français, des stylistes parlent de leur métier

A l’Institut français, des stylistes parlent de leur métier

A l’occasion de la réouverture officielle de ses activités, l’Institut Français a initié en partenariat avec le club RFI Burkina Faso la semaine de la création africaine. Débuté le 20 septembre dernier, c’est le début d’une d’une série de rencontres avec les professionnels du domaine. Le 26 septembre 2019, l’évolution de la mode africaine en particulier au Burkina Faso a été abordé à travers un panel animé par les stylistes Bazem’sé, Rahiza Kaboré et Alex Zabsonré promoteur de “Ouaga Fashion week”.

Les stylistes échangent sur la problématique de la mode au Burkina

Comment voyiez-vous l’évolution de la mode au Burkina Faso ? Une question parmi tant d’autres sur lesquelles ont échangé les différents panélistes. Tour à tour et avec des exemples précis et bien choisis, les quatre panélistes apprécient avec satisfaction l’évolution de la mode au Burkina. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. La montée fulgurante de jeunes stylistes talentueux, la diversité de leurs créations et  le nombre des évènements de mode qui  se créent et s’organisent chaque année sont autant d’indicateurs phares de la bonne santé de la mode au Burkina. A cela, il faut ajouter les agences de mannequinat (au nombre de 5), les associations de stylistes et de mannequinat qui n’existaient pas dans les années 2000. ” Cela prouve que les choses bougent et c’est ce qu’on recherche”, a déclaré Bazem’sé, l’un des doyens de la mode burkinabè styliste.  “Car si les défilés de mode ne s’enchainent pas, si les stylistes ne naissent pas de jour en jour,  je pense que notre mode sera à un stade encore plus bas. Mais aujourd’hui, on voit qu’il y a de la concurrence et cela amène chacun à se perfectionner d’avantage, à bien chercher sa clientèle”, a-t-il ajout

Le manque de professionnalisme des entreprises burkinabè de la mode

Cependant, quelques difficultés sont à déplorer. Au titre de celles-ci, le manque de professionnalisme des entreprises de mode. “Les stylistes surtout francophones doivent  prendre  ce  métier comme un business. Il ne s’agit plus de créer ou seulement organiser des spectacles, mais faire aussi des affaires lors des festivals auxquels nous, créateurs participons. C’est-à-dire, réussir à vendre pas 1 ou 2 tenues mais toute une collection à des acheteurs professionnels.  Nous devons aussi organiser des ventes privées comme les anglophones le font. Nous ne devons plus nous focaliser sur un seul évènement pour vendre nos créations. Nous avons tendance à penser plus au côté “SHOW” que “BUSINESS”, a Suggéré Bazem’sé.

Le financement fait barrière à la pénétration de la mode burkinabè sur le marché international

Le deuxième point est le manque de financement qui fait barrière à la pénétration de la mode burkinabè sur le marché international et à son évolution. Selon les panélistes, le financement des entreprises burkinabè de la mode, semble complexe pour l’Etat Burkinabé. En effet, pour Anne Cécile Bazemsé participante, “l’Etat burkinabé n’accorde aucun soutien à la mode burkinabè. Rares sont les organismes d’investissement qui existent pour les entreprises de mode, ne serait-ce pour accompagner leur projet dans ce domaine ; alors qu’une forte demande existe que cela soit ici ou à l’extérieur. Et cela empêche ainsi les créateurs de pouvoir pénétrer le marché international pour faute de moyens”.

Il faut changer les mentalités

Le mode, est considéré par certaines personnes comme un sous métier. Pour Rahiza Kaboré promotrice de la “MARQUE 226 KARA “, le styliste au Burkina n’est pas vu comme un artiste. Certaines personnes veulent acheter ta création mais ne sont pas prêts à débourser la somme qu’il faut car il trouve cela trop cher. Ils ont tendance à minimiser le travail fourni. Aussi, certains promoteurs d’évènement te demandent de participer à leur évènement. Mais lorsque tu donnes ton prix, ils se sentent vexer et pensent que c’est une faveur qu’ils te font de promouvoir ta marque. C’est pour dire combien, notre métier n’est pas pris au sérieux par certaines personnes.”  Quant à Bazem’sé, “le styliste est vu comme le “bouche trou” d’un évènement. Le défilé de mode est vu comme un spectacle, un divertissement où les mannequins sont vus comme des clowns alors que cela ne devrait pas être le cas. Certains mêmes me demandent parfois s’il y aura à manger à mon évènement”

C’est pour casser tous ces stéréotypes qu’Alex Zabsonré a décidé de créer en partenariat avec l’Institut Français et le club RFI Burkina Faso, cette semaine de la création afin de montrer la mode burkinabè sous une autre facette. “C’est dans ce cadre que nous avons créé la semaine de la création qui permet aux acteurs et amoureux de la mode,  au public burkinabè de  rentrer en contact avec les différents créateurs  burkinabé et d’être plus proche de leurs créations que vous pouvez retrouver au niveau de “la rotonde”. Nous avons cinq talentueux créateurs (Bazem’sé, Rahiza Kaboré, Koro DK, Black, Idé Mava) qui exposent 5 différents styles et 5 manières de voir la mode.  Il s’agit pour nous de rendre hommage aux acteurs de la mode burkinabè et de montrer le savoir-faire des créateurs burkinabè. Aujourd’hui, les gens qui pensent qu’on ne peut pas avoir de la haute couture ou de la qualité avec les créateurs burkinabè, ils se rendront compte que c’est faux”, foi de Alex Zabsonré promoteur de la Ouaga fashion week et de cette exposition.

Ensemble donc soutenons la mode en allant faire un tour à l’Institut Français, un signe fort de notre engament, de notre fidélité et de notre détermination à promouvoir la production nationale au côté de nos créateurs. L’exposition est libre d’accès et prend fin le 4 octobre 2019.

Fatim BARRO

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